FAIRFIELD, WILLIAM, homme d’affaires, fonctionnaire et homme politique, né en 1769 ou 1770 dans le canton de Pawlet (Vermont), troisième enfant et deuxième fils de William Fairfield et d’Abigail Baker ; il épousa Elizabeth Billings, et ils eurent quatre enfants, puis Clarissa Fulton, et de ce mariage naquirent trois enfants ; décédé le 6 février 1816 à Ernestown (Bath), Haut-Canada.

En 1777, le père de William Fairfield, fermier du sud-ouest du Vermont qui n’avait réussi à défricher qu’une parcelle des 300 acres de sa terre, perdit une grande partie de ses biens lors du passage de l’armée américaine qui avançait pour affronter l’armée britannique sous les ordres de John Burgoyne*. L’année suivante, après la défaite de Burgoyne durant la campagne de Saratoga, Fairfield père joignit les troupes loyalistes commandées par Edward Jessup et servit dans cette unité jusqu’à la fin de la guerre. En 1779, sa femme et ses enfants, y compris le jeune William, allèrent s’installer à Yamachiche, dans la province de Québec, et, à la fin du conflit, en 1783, toute la famille fit route vers les terres situées à l’ouest de la rivière des Outaouais, mises à la disposition des unités loyalistes. Les hommes des Jessup’s Rangers se virent attribuer les cantons no 6 (canton d’Edwardsburg), no 7 (canton d’Augusta) et une partie du canton no 8 (canton d’Elizabethtown), tous situés le long du Saint-Laurent, de même que le canton no 2 (canton d’Ernestown) situé à l’ouest de Cataraqui (Kingston). Au mois de juillet 1784, Fairfield père s’était établi avec sa famille dans le canton no 2, où il reçut 550 acres de terrain. Il devint rapidement un marchand prospère et, en 1793, il terminait la construction d’une grande maison à deux étages, près de ce qui est maintenant Amherstview, pour y installer sa famille de 12 enfants.

Fairfield fils, qui, au début des années 1790, exploitait selon toute évidence un moulin, se construisit une maison dans le village d’Ernestown en 1796. Durant les années qui précédèrent la guerre de 1812, Ernestown connut une expansion rapide, d’une part, à cause de son emplacement à l’entrée de la baie de Quinte et, d’autre part, parce que ce village ravitaillait la ville de Kingston. L’historien William Canniff* alla jusqu’à dire, quelques décennies plus tard, que durant la période d’avant-guerre, Ernestown « rivalisa même avec Kingston pour la rapidité de la croissance démographique, pour le développement commercial, la construction navale, et pour la présence de gentilshommes raffinés et de bonne éducation ». Fairfield jouait un rôle marquant au sein de cette communauté florissante. Associé à ses frères Benjamin et Stephen dans la Benjamin Fairfield and Company, il s’occupait de minoterie, de construction navale et de commerce de marchandises. Après la mort de leur père survenue en décembre 1812, les trois frères continuèrent à s’occuper de son commerce, passant des contrats avec le commissariat de l’armée britannique pour approvisionner la garnison à Kingston. Bien que la résidence de William se trouvât toujours à Ernestown, il gérait les activités de l’entreprise à Kingston ; Stephen avait la responsabilité des affaires à Cornwall et Benjamin dirigeait le commerce à Ernestown. Ils faisaient le commerce du foin, du porc, de la farine, du thé, des chaussures, de l’huile, du tabac à fumer et à priser, mais surtout du bœuf. Ainsi, en 1814, ils s’engagèrent à fournir de 7 000 à 15 000 livres de bœuf par semaine et ils eurent quelque difficulté à exécuter leur contrat jusqu’à ce que le commissariat leur obtînt un permis pour importer du bétail de l’état de New York.

Fairfield s’intéressa à d’autres domaines. En plus d’être juge de paix et commissaire de la voirie, il fut élu député de la circonscription d’Ontario and Addington à la chambre d’Assemblée en 1799, en remplacement de Christopher Robinson* qui était décédé l’année précédente. L’administrateur de la province, Peter Russell, affirma qu’en préférant Fairfield au procureur général John White*, les électeurs d’Ontario and Addington avaient montré leur « ignorance crasse » et leur préférence pour « un jeune homme illettré de leur calibre et de leur voisinage ». Fairfield fit partie, avec ses frères Benjamin et Stephen, ainsi qu’avec Robert McDowall*, d’un comité local responsable de la fondation de l’Ernestown Academy en mars 1811. Fondé dans le but d’enseigner « aux jeunes la lecture, l’élocution, la grammaire et la composition anglaises, les langues savantes, la calligraphie, l’arithmétique, la géographie et d’autres branches de l’éducation libérale », cet établissement symbolisait l’opposition populaire à la grammar school de Kingston qui était loin d’être appréciée dans le district de Midland, à cause de son programme d’études classiques, et aussi parce qu’elle monopolisait l’aide gouvernementale. Cette école était aussi le symbole de tout ce qui séparait les radicaux d’Ernestown – groupe dont les Fairfield étaient, semble-t-il, parmi les chefs de file – d’avec les conservateurs de Kingston ; en effet, le premier directeur de cette école ne fut-il pas le démocrate américain Barnabas Bidwell*. Bien que la nomination de Bidwell provoquât un débat virulent dans la Kingston Gazette, l’école continua de dispenser l’enseignement jusqu’à ce qu’elle fût convertie en caserne lors de la guerre de 1812. Après la guerre, l’édifice servit d’église pendant une courte période avant de redevenir école en 1818.

William Fairfield mourut le 6 février 1816 dans sa demeure d’Ernestown « après avoir été alité pendant neuf jours, à cause d’une fièvre bilieuse accompagnée d’une inflammation du foie ». En l’absence d’un pasteur, Bidwell présida les funérailles. On pouvait lire dans une notice nécrologique publiée dans la Kingston Gazette : “ c’est le premier maillon de la chaîne d’une famille de 12 frères et sœurs, tous parvenus à la maturité, qui s’est brisé. Sa mort enlève non seulement à sa famille, mais aussi au canton et au district un homme de valeur [...] Sa carrière dans la magistrature et sa vie privée ont été marquées par l’intelligence, l’impartialité, l’indépendance d’esprit et le libéralisme de ses sentiments. »

Margaret Sharp Angus

APC, RG 1, L1, 22 : 516, 584 ; 25 : 161 ; 27 : 19 ; L3, 186 : F3/77 ; 188 : F10/7 ; 195A : F misc./35 ; RG 68, General index, 1651–1841 : ff.424, 428.— BL, Add. mss 21786 ; 21822 ; 21828–21829.— Église épiscopale du Canada, Diocese of Ontario Arch. (Kingston), St John’s Church, Ernestown, Reg. of baptisms, marriages, and burials.— QUA, Fairfield family papers.— [E. P. Gwillim (Simcoe)], Mrs. Simcoe’s diary, M. Q. Innis, édit. (Toronto et New York, 1965).— Kingston before War of 1812 (Preston).— The loyalist trail, R. M. Bruce, compil. ([Kingston, 1965]).— Parish reg. of Kingston (Young).— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 224–227, 283–285, 350, 654, 799, 867, 877s., 909s., 1019, 1021.— « U. C. land book C », AO Report, 1931 : 88.— Kingston Gazette, 26 mars 1811, 10 févr., 6 avril 1816. Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology. C. C. J. Bond, City on the Ottawa : a detailed historical guide to Ottawa, the capital of Canada (Ottawa, 1967). William Canniff, History of the settlement of Upper Canada (Ontario) with special reference to the Bay Quinte (Toronto, 1869 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1971). W. S. Herrington, History of the county of Lennox and Addington (Toronto, 1913 ; réimpr., Belleville, 1972). G. H. Patterson, « Studies in elections and public opinion in Upper Canada » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1969). Reid, Loyalists in Ont. E. R. Stuart, « Jessup’s Rangers as a factor in loyalist settlement », Three hist. theses.

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Margaret Sharp Angus, « FAIRFIELD, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fairfield_william_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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