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WHITE, ALBERT SCOTT, avocat, homme politique et juge, né le 12 avril 1855 à Sussex, Nouveau-Brunswick, fils de James Edward White et de Margaret Scott ; le 8 juin 1892, il épousa à St Martins, Nouveau-Brunswick, Ida May Vaughan, et ils eurent un fils ; décédé le 17 mars 1931 à Saint-Jean.
Albert Scott White était l’un des arrière-petits-fils du loyaliste combattant américain qui donna son nom à Whites Cove. Son père le destinait à une carrière commerciale, mais Albert Scott était déterminé à devenir avocat. Après avoir obtenu, en 1873, son diplôme de licence du Mount Allison Wesleyan College (où il œuvrerait au sein du corps administratif), il poursuivit ses études à l’école de droit de Harvard. Il obtint sa licence en droit en 1877 et fut admis au barreau du Nouveau-Brunswick la même année. En parlant de ses débuts à la cour, il dit un jour que cela lui semblait presque ridicule d’être rémunéré pour faire ce qu’il aimait le plus. Tout au long de sa carrière, qui durerait 30 ans, il pratiqua le droit à Sussex, qui était déjà à l’époque le centre de l’industrie laitière de la province ; il fut nommé conseiller de la reine en 1894.
White fut par la suite nommé juge. Comme d’autres juges nommés au Nouveau-Brunswick après la Confédération, il devait son avancement au « jeu de la politique partisane », selon les mots de l’historien David Graham Bell [V. sir John Campbell Allen*]. Il se distinguerait pourtant des autres par son renom en tant qu’avocat et juge, rappelant la méritocratie édénique d’avant la Confédération. La carrière politique de White avait débuté en même temps que la naissance officielle du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, au printemps de 1886, quand, quelques jours après son trente et unième anniversaire, il fut élu sous la bannière du Parti libéral dans la circonscription de Kings. Véritable enfant prodige de la scène politique provinciale, il serait membre de la Chambre d’assemblée pendant 14 ans, président de la Chambre dès l’âge de 35 ans et ministre à 38 ans. White, protégé du premier ministre Andrew George Blair*, vit sa carrière prendre son envol en 1892 : lorsque le solliciteur général récemment nommé, Ambroise-D. Richard, perdit les élections, White le remplaça. Il conserva son poste sous l’administration de James Mitchell*, puis devint procureur général et commissaire des Travaux publics au sein du gouvernement de Henry Robert Emmerson*.
Toutefois, les deux tentatives de White pour devenir député fédéral échouèrent. La première eut lieu aux élections fédérales de 1900, quand Blair, ministre des Chemins de fer et Canaux dans le cabinet du premier ministre sir Wilfrid Laurier*, passa de la circonscription de Sunbury and Queens à celle de la cité de Saint-Jean. White démissionna de son poste et renonça à la sécurité de la législature provinciale pour briguer le poste de Blair ; il fut défait. Il ne retourna pas sur la scène politique provinciale, mais resta occupé, présidant la commission qui révisait les statuts du Nouveau-Brunswick ; il prépara également pour Blair l’Acte des chemins de fer de 1903. Il essuya son second échec quand il tenta de se faire élire à la Chambre des communes en 1904 en se présentant comme candidat libéral de la circonscription de King’s et Albert.
White joua le dernier rôle de sa carrière politique quand, au printemps de 1907, il agit en tant qu’avocat-conseil avec William Pugsley*, procureur général et premier ministre provincial, dans les poursuites contre James Harvie Crocket*, propriétaire d’un journal de Frédéricton, arrêté pour libelle diffamatoire contre Emmerson. Pendant plusieurs mois, on reporta l’affaire qui fut finalement suspendue en janvier 1908 ; plus tard le même mois, White fut nommé juge puîné à la Cour suprême du Nouveau-Brunswick. On lui avait proposé de succéder à William Henry Tuck* au poste de juge en chef, mais il refusa ; ce fut le doyen des juges, Frederick Eustache Barker, alors âgé de 70 ans et qui n’avait pas du tout l’excellente réputation de White, qui prit le poste. En 1906, en vertu du Judicature Act, des changements devaient être apportés au système judiciaire de la province ; la réforme serait cependant repoussée jusqu’en 1913. Cette année-là, les conservateurs de James Kidd Flemming* sanctionnèrent une loi modifiée qui permit la création de la Cour suprême de justice, avec divisions d’appel, de première instance et de chancellerie ; White fut nommé juge à la Cour d’appel. Son allégeance au libéralisme de Blair lui coûterait cependant le poste de juge en chef en 1914 et en 1917, quand le poste alla respectivement à Ezekiel McLeod et à John Douglas Hazen. La politique partisane empêcha peut-être aussi White de présider les deux commissions d’enquête sur les scandales qui forcèrent Flemming à démissionner en 1914. Décrivant les candidats dans une lettre adressée à Hazen, John Babington Macaulay Baxter*, qui deviendrait bientôt procureur général, élimina White de la liste, le qualifiant d’« impossible ». La présidence des commissions fut plutôt attribuée à Harrison Andrew McKeown.
De 1918 à 1922, White présida le tribunal de contrôle du papier d’Ottawa (les autres membres étaient William Edward Middleton* et Charles Archer), établi en vertu de la Loi sur les mesures de guerre [V. sir Robert Laird Borden] pour réglementer le prix du papier journal. La Cour suprême du Canada cassa le jugement de White dans le dossier Hetherington c. Security Export Company Limited ; White connut son plus grand triomphe juridique peu après, en 1924, lorsque le comité judiciaire du Conseil privé statua que les poursuites administratives ne pouvaient faire l’objet d’une révision judiciaire et rétablit son jugement.
White était un avocat trop instinctif pour atteindre les premiers rangs du monde politique provincial. Le tribunal était son élément et, au cours de ses 17 années comme juge d’appel, il contribua grandement à restaurer la réputation du système judiciaire du Nouveau-Brunswick. Ses réalisations enviables ainsi que son héritage expliquent en partie pourquoi, au xxe siècle, la plupart des juges de la Cour suprême du Canada qui provenaient du Canada atlantique étaient originaires du Nouveau-Brunswick. Il fut en son temps le juriste le plus respecté dans l’est du Canada. Si ce n’avait pas été au tour de la Nouvelle-Écosse de nommer un juge puîné à la Cour suprême du Canada en 1924, White aurait succédé au Néo-Brunswickois Francis Alexander Anglin (le poste fut offert à Edmund Leslie Newcombe).
Albert Scott White mourut subitement en 1931 et fut remplacé à la cour par Baxter, qui, pour ce faire, démissionna de son poste de premier ministre. Le fils de White, Donald Vaughan (1895–1962), fut un brillant avocat spécialisé en droit criminel. Il exerça à Halifax avant de retourner au Nouveau-Brunswick, où il devint juge de cour de comté en 1945.
Kings County Record (Sussex, N.-B.), 1887–1931.— D. G. Bell, « Judicial crisis in post-confederation New Brunswick », dans Glimpses of Canadian legal history, Dale Gibson et W. W. Pue, édit. ([Winnipeg], 1991), 189–203.— D. M. G., « Review by Certiorari », Canadian Bar Rev. (Toronto), 3 (1925) : 47–50.— B. J. Hibbitts, « A change of mind : the Supreme Court of Canada and the Board of Railway Commissioners, 1903–1939 » (mémoire de ll.m., Univ. of Toronto, 1986).— Vital statistics from N.B. newspapers (Johnson ; 1873–1892).
Barry Cahill, « WHITE, ALBERT SCOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/white_albert_scott_16F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Cahill |
Titre de l'article: | WHITE, ALBERT SCOTT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2015 |
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Date de consultation: | 28 novembre 2024 |