Titre original :  George A. Walkem [left], Dr. Walter Cheadle [seated], Viscount Milton [right, with hat in left hand], photographed in San Francisco. - RBCM Archives

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WENTWORTH-FITZWILLIAM, WILLIAM, vicomte Milton (titre de courtoisie héréditaire), voyageur, auteur et homme politique, né le 27 juillet 1839 à Londres, fils et héritier présomptif de William Thomas Spencer, sixième comte Fitzwilliam, et de Frances Harriet Sholto ; il épousa le 10 août 1867 Laura Maria Theresa Beauclerk, dont il eut un fils et trois filles ; décédé le 20 janvier 1877 à Rouen, en France.

William Wentworth-Fitzwilliam fit ses études à Eton et à Trinity College, à Cambridge. C’était, semble-t-il, un homme intelligent, sensible, romantique et sociable, un peu irritable et de santé précaire. En 1860, il visita la colonie de la Rivière-Rouge et ce voyage ne fit qu’augmenter son désir de voyager davantage en Amérique du Nord britannique. Si l’on s’en rapporte à une conférence qu’il donna en 1864 à de nombreuses sociétés britanniques, tant scientifiques que littéraires, c’est lui qui eut l’idée d’un second voyage, beaucoup plus important cette fois : « Au printemps de 1862, je décidai de me rendre compte moi-même de la nature de la région s’étendant entre la colonie de la Rivière-Rouge et les montagnes Rocheuses et de pénétrer, si possible, par la route la plus courte dans les régions aurifères du Cariboo. » Il se considérait, à juste titre, « assez heureux de s’être attaché » pour le voyage, un ami, le médecin Walter Butler Cheadle, qui se révéla le véritable chef de l’expédition.

Lord Milton et Cheadle arrivèrent à Québec le 2 juillet 1862, d’où ils partirent pour Upper Fort Garry, en passant par Toronto, Chicago, puis St Paul (Minn.). Ils passèrent l’hiver à environ 80 milles au nord-ouest du fort Carlton, occupant leur temps à chasser et trapper. Ils reprirent leur voyage au printemps, et, au fort Pitt, ils s’attachèrent les services d’un nouveau guide, un Métis, Louis Battenotte, qu’ils appelaient « l’Assiniboine ». Ils traversèrent alors les montagnes Rocheuses via Edmonton, Jasper et le col de la Tête-Jaune. Du fait que leur groupe était trop petit et mal assorti, et qu’ils n’avaient pas de nourriture convenable et de guide connaissant la région, ils se détournèrent de l’un des buts de leur expédition – trouver une route directe pour atteindre Cariboo – et, au lieu de cela, suivirent la rivière North Thompson jusqu’à Kamloops. Ils voyageaient généralement à cheval et connurent de grandes difficultés et de grandes privations, ne parvenant probablement à survivre que grâce à l’esprit inventif et à l’endurance de Cheadle et de Battenotte. Au cours de l’expédition, Cheadle soigna Milton à plusieurs reprises pour ce qui semblait être des crises d’épilepsie et donna aussi des soins médicaux dans plusieurs postes qu’ils visitèrent.

Après avoir atteint Kamloops le 29 août 1863, Milton et Cheadle se rendirent à Victoria, puis visitèrent la région du Cariboo, pénétrant dans les terres par la route du lac Harrison-Lillooet, et revinrent par le cañon du Fraser. Ils s’embarquèrent finalement à Victoria, le 20 décembre 1863, pour retourner en Angleterre, où ils arrivèrent le 5 mars 1864, après avoir fait escale à San Francisco, Panama et New York.

À Londres, en 1865, les deux voyageurs firent paraître en collaboration un récit de leur voyage intitulé The north-west passage by land. L’ouvrage connut un succès bien mérité et, en 1875, il avait déjà été édité huit fois, puis il le fut une autre fois en 1901. Bien que, sur la page de titre, le nom de Milton précède celui de Cheadle, si l’on compare ce texte avec celui du Journal de Cheadle (publié à Ottawa en 1931), il ne fait aucun doute que ce dernier était l’auteur principal du premier ouvrage. Le Journal contient également de nombreux détails qui ne figurent pas dans The north-west passage by land. Ce dernier ouvrage est un récit vivant de leurs aventures, parfois amusant, dans un style plein de circonlocutions, qui apporte quantité de renseignements sur l’Ouest canadien. L’un des incidents les plus connus et des plus macabres est leur découverte d’un cadavre indien décapité et assis. Au contraire, M. O’B [Eugene Francis O’Beirne*], qui s’accrocha à l’expédition, apporte dans l’histoire la note comique qui détend. Par son analyse des possibilités qu’offraient les Prairies et la Colombie-Britannique, cet ouvrage contribua à préparer l’opinion, tant en Grande-Bretagne qu’au Canada, en vue de mettre un terme à la domination de la Hudson’s Bay Company, de former la Confédération et d’y inclure l’Ouest. L’évaluation intelligente qu’on y fait de l’intérêt que présentait le col de la Tête-Jaune se trouva justifiée lorsque, plus tard, le Grand Tronc choisit cette route pour sa voie ferrée.

Lord Milton fut élu député du Yorkshire en 1865. Libéral, il fut partisan de l’abolition de la dîme prélevée par l’Église et se montra en faveur de l’élargissement du droit de vote, de l’instruction pour chaque enfant du royaume et de l’admission dans les universités des étudiants non anglicans. Il fut également favorable au développement de la Colombie-Britannique et de l’Ouest canadien et recommanda avec insistance l’amélioration du service postal entre le Royaume-Uni et Victoria, en Colombie-Britannique. En 1869, encore député, il fit paraître à Londres un ouvrage intitulé A history of the San Juan water boundary dispute question [...], qui constitue encore de nos jours une source précieuse de renseignements.

En 1872, Milton abandonna son siège aux Communes et, en compagnie de sa femme, se rendit à New York puis au Canada. Pendant une brève période, ils habitèrent un chalet sur la rive nord du lac Supérieur, à un endroit qu’on a appelé la pointe de Meuron. C’est là que leur fils unique naquit en juillet 1872. Une histoire, dont l’authenticité est des plus douteuse, assure que Milton vécut un certain temps sous un nom d’emprunt en Virginie, où il aurait été propriétaire foncier. À cause de sa santé, il ne vécut pas en Angleterre les dernières années de sa vie.

V. G. Hopwood

William Wentworth-Fitzwilliam, vicomte Milton, et Walter Butler Cheadle ont écrit, en collaboration, plusieurs récits de leurs voyages à travers l’Amérique du Nord. Parmi ceux-ci, citons : An expedition across the Rocky Mountains into British Columbia, by the Yellow Head or Leather Pass, Proceedings of the Royal Geographical Society (Londres), IX (18641865) : 17–21 ; An expedition across the Rocky Mountains into British Columbia, by the Yellow Head or Leather Pass (Londres, 1865) ; How we crossed the Rocky Mountains into British Columbia (s.l., 1864) ; The north-west passage by land : being the narrative of an expedition from the Atlantic to the Pacific [...] to British Columbia [...] by one of the northern passes in the Rocky Mountains (1re éd., Londres, 1865 ; 9e éd., Londres, 1901). Wentworth-Fitzwilliam a écrit en outre A history of the San Juan water boundary dispute question as affecting the division of territory between Great Britain and the United States (Londres, New York, 1869).

PABC, Milton, William Fitzwilliam, Correspondence outward, 1863, 1864.— W. B. Cheadle, Cheadle’s journal of trip across Canada, 1862–1863, A. G. Doughty et Gustave Lanctot, édit. (« The Canada séries », F. P. Grove, édit., I, Ottawa, 1931 ; Edmonton, 1970).— British Columbia, Daily British Colonist (Victoria), 21 sept. 1863.— From British Columbia, Daily British Colonist (Victoria), 23 nov. 1863.— G. E. Cokayne, The complete peerage [...] of England Scotland Ireland Great Britain and the United Kingdom extant extinct or dormant, Vicary Gibbs et al., édit. (13 vol., Londres, 1910–1940), V : 525s.— Debrett’s illustrated peerage and titles of courtesy, of the United Kingdom of Great Britain and Ireland (Londres, 1883), 276.— Dod’s parliamentary companion (Londres), 1865–1873.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

V. G. Hopwood, « WENTWORTH-FITZWILLIAM, WILLIAM, vicomte Milton », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wentworth_fitzwilliam_william_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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