WARBURTON, ALEXANDER BANNERMAN, avocat, homme politique, juge et auteur, né le 5 avril 1852 à Charlottetown, fils de James Warburton et de Martha C. Green ; le 23 août 1883, il épousa dans cette ville Helen M. Davies (décédée en 1884), puis le 26 octobre 1889, toujours à Charlottetown, Isabel Cogswell Longworth, fille de John Longworth*, et de ce second mariage naquirent trois filles ; décédé le 14 janvier 1929 au même endroit.

Au moment de la naissance d’Alexander Bannerman Warburton, son père, James, faisait partie du premier gouvernement responsable, et réformiste, de l’Île-du-Prince-Édouard. James Warburton avait vu le jour dans Garryhinch, dans la localité de Portarlington (république d’Irlande) ; il était arrivé dans l’île en 1834 et s’était établi dans le comté de Prince. Nommé en l’honneur de sir Alexander Bannerman*, lieutenant-gouverneur de l’île, Alexander Bannerman Warburton grandit à la ferme familiale à St Eleanors. Il fréquenta la Summerside Grammar School avant d’étudier au St Dunstan’s College de Charlottetown durant deux ans vers la fin des années 1860. Élève brillant, il passa en 1869 au King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse, où il remporta au cours de sa première année le prix Almon-Welsford pour la meilleure moyenne générale ; c’était aussi la plus haute moyenne générale jamais atteinte dans ce collège. Il gagna également le prix du général Williams en génie.

Après deux ans au King’s College, Warburton entra à la University of Edinburgh, où il étudia les arts et les classiques. Il fréquenta ensuite l’école de Walter Wren à Londres, puis passa sa licence ès arts à Windsor en 1874. À son retour à l’Île-du-Prince-Édouard, il fut nommé secrétaire de la Queens County Liberal Association et entreprit un stage de droit chez Louis Henry Davies. En 1876, il obtint une licence en droit au King’s College, ainsi que le prix Bishop, puis poursuivit ses études de droit auprès de George Baugh Allen à l’Inner Temple de Londres. Admis au barreau de l’île en 1879, il exercerait d’abord avec Francis Joseph Conroy, puis tour à tour avec Charles Robert Smallwood, Donald Alexander MacKinnon et D. Edgar Shaw. En 1897, il reçut le titre de conseiller de la reine. Sa première grande contribution au droit fut un recueil en deux volumes, compilé avec Francis Longworth Haszard* et rassemblant des jugements rendus par la Cour suprême de l’île, principalement ceux du juge James Horsfield Peters*.

Actif sur la scène locale, Warburton fut secrétaire-trésorier de la Charlottetown Driving Park and Exhibition Association of Prince Edward Island. Son amour de la nature l’amena à diriger en 1884, toujours à Charlottetown, un projet d’embellissement des squares Queen et Rochford par des plantations d’arbres. Warburton devint en 1903 l’un des trois membres de la Forestry Commission de l’île et appartint dès 1905 à la Canadian Forestry Association, dont il fut vice-président provincial pendant deux mandats, de 1910 à 1912. Fidèle de l’église anglicane St Paul, il fut délégué au synode durant de nombreuses années. En outre, il fut membre du conseil d’administration de la Patriot Publishing Company (qui éditait le principal journal libéral de l’île), de l’Eastern Assurance Company of Canada et du King’s College de Windsor ; il occupa aussi la présidence de la Liberal Association of West Queens.

En 1890, Warburton avait brigué les suffrages à la Chambre d’assemblée en se présentant dans Charlottetown comme candidat libéral favorable au libre-échange, mais il avait subi la défaite. Élu en 1891 et en 1893 dans le 1er district du comté de Queens, il remporta de nouveau la victoire en 1897. C’est alors que le chef du parti et premier ministre de la province Frederick Peters démissionna et que Warburton lui succéda à ce double titre pour une courte période. Ses efforts en vue de résoudre les problèmes qui affligeaient toujours l’île – finances et relations avec le gouvernement fédéral – furent peu fructueux. Malgré la présence de son ancien mentor, sir Louis Henry Davies, au sein du gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier* à Ottawa, il n’obtint guère d’aide pour l’île. Son séjour à la tête de la province fut terne ; même dans la biographie qu’il rédigea pour l’édition de 1912 de l’ouvrage de Henry James Morgan*, Canadian men and women of the time, il ne signale aucune réalisation qui aurait marqué cette période. Il démissionna dès 1898 ; Donald Farquharson* lui succéda. Il obtint ensuite un siège à la cour du comté de Kings, mais n’abandonna pas pour autant ses activités politiques, contrairement à la plupart des juges de l’île. Maire de Charlottetown de 1901 à 1904, il appartint au Conseil des commissaires d’écoles de cette ville en 1904. La même année, il quitta son poste de juge, se porta candidat sous la bannière libérale dans la circonscription fédérale de Queens avec Lemuel Ezra Prowse et fut battu.

Warburton avait toujours eu des ambitions d’érudit et, au début des années 1900, il publia plusieurs études historiques et historico-littéraires dans le Prince Edward Island Magazine et dans Acadiensis. Dans la période qui suivit sa malheureuse tentative de se faire élire aux Communes, il collabora, notamment avec Donald Alexander MacKinnon, alors lieutenant-gouverneur, à une histoire de l’Île-du-Prince-Édouard à laquelle s’ajoutaient en annexe les biographies de plus de 500 éminents insulaires vivants ou défunts. Dans les premières années du xxe siècle, la plupart des provinces canadiennes produisirent ce genre d’ouvrage. Warburton rédigea le texte d’introduction, une esquisse historique qui s’achevait en 1830. Ses recherches, il le reconnaissait, avaient été difficiles. « On ne peut obtenir dans l’île aucune copie complète des archives anciennes, notait-il. Les dossiers des journaux anciens sont très incomplets et l’on trouve très peu de journaux de la Chambre d’assemblée qui datent de la période en question. » Warburton recourut abondamment aux recherches publiées par des érudits tels William Francis Ganong* et John Caven. Il eut accès à quelques transcriptions d’archives de l’extérieur de l’île, mais ne se rendit pas à Londres pour étudier les dossiers du ministère des Colonies au Public Record Office. Il ne tenta pas non plus d’améliorer les collections de documents historiques dans l’île.

En 1908, à nouveau candidat dans Queens, Warburton fut élu à la Chambre des communes, où il devint président du comité des comptes publics. Il ne se distingua pas. Ses discours rapportés dans le hansard sont rares et pédants. Il dirigea la délégation parlementaire au couronnement de George V et de la reine Mary en 1911 et fut reçu au palais de Buckingham. Ce fut le plus grand honneur qui lui échut. Il ne fut réélu ni en 1911 ni en 1917. Nommé en 1920 surrogate et juge de la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments de l’Île-du-Prince-Édouard, il exerça cette fonction jusqu’à son décès.

En 1923, Alexander Bannerman Warburton publia A history of Prince Edward Island from its discovery in 1534 until the departure of Lieutenant-Governor Ready in A.D. 1831. Cet ouvrage, dans lequel il brodait autour de sa précédente esquisse historique, souffre des mêmes faiblesses documentaires que celle-ci. Warburton utilisa quelques transcriptions conservées aux Archives publiques du Canada mais, comme le livre s’appuyait en grande partie sur des sources contemporaines et indirectes, il perpétuait bon nombre des vieilles erreurs de l’historiographie de l’île. Warburton semblait éprouver le besoin de s’excuser, car il écrivait dans sa préface : « Je me rends bien compte que beaucoup d’éléments pourraient être ajoutés à ce volume si l’on pouvait trouver la matière éparpillée. » Néanmoins, son ouvrage demeura jusque dans les années 1970 l’exposé le plus complet sur l’histoire ancienne de l’Île-du-Prince-Édouard. Si Warburton mérite que son nom soit retenu, c’est surtout en tant qu’auteur de ce livre et de compilateur d’un recueil de jurisprudence.

J. M. Bumsted

Alexander Bannerman Warburton a notamment écrit History of Prince Edward Island, publié à Saint-Jean en 1923, et plusieurs articles : « Our educational system », Prince Edward Island Magazine (Charlottetown), 2 (1900–1901) : 279s. ; « The sea-cow fishery », Acadiensis (Saint-Jean), 3 (1903) : 116–119 ; Prince Edward Island Magazine, 5 (1903–1904) : 141–145 ; et « Great epochs in English literature and their causes : a sketch », Prince Edward Island Magazine and Educational Outlook (Charlottetown), 6 (1904–1905) : 212–217. Il a aussi collaboré à deux publications : Reports of cases determined in the Supreme Court, Court of Chancery, and Vice Admiralty Court of Prince Edward Island [...], compil. avec F. L. Haszard (2 vol., Charlottetown, 1885–1886) et Past and present of Prince Edward Island [...], édit. avec D. A. MacKinnon (Charlottetown, [1906]).

Charlottetown Guardian, 15 janv. 1929.— Examiner (Charlottetown), 23 août 1883, 26 oct. 1889.— Islander (Charlottetown), 5 août 1870.— Patriot (Charlottetown), 15 janv. 1929.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Who’s who and why, 1915/1916.

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J. M. Bumsted, « WARBURTON, ALEXANDER BANNERMAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/warburton_alexander_bannerman_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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