WALKER, WILLIAM, avocat, officier de milice, rédacteur en chef et homme politique, né le 8 août 1797, probablement à Trois-Rivières, Bas-Canada, fils de William Walker, marchand ; décédé le 8 avril 1844 à Montréal.

William Walker entreprit l’étude du droit en 1812. Il fit un premier stage chez Michael O’Sullivan, de Montréal, puis un deuxième chez Charles Richard Ogden*, de Trois-Rivières. Inscrit au barreau du Bas-Canada le 6 avril 1819, il en devint, selon l’avocat et auteur montréalais Arthur William Patrick Buchanan, « l’un des membres les plus distingués », en plus de s’illustrer à titre de linguiste, de lettré et de grand orateur. De petite taille, il marchait en boitant par suite d’une bataille en duel avec l’un de ses confrères avocats, Campbell Sweeney, dans « une affaire d’honneur » ; il avait eu la jambe brisée entre la cheville et le genou. Walker fut l’un des premiers membres du club The Brothers In Law, organisation sociale qui regroupait des avocats montréalais. Il fut également enseigne dans le 6e bataillon de milice du comté de Montréal et membre de la congrégation presbytérienne St Paul.

Décrit par John Macaulay* comme « un avocat intelligent qui, au dire de certains, lorgn[ait] des postes gouvernementaux », Walker se fit un nom en 1822–1823 pendant les débats sur le projet d’union du Haut et du Bas-Canada : il préconisait alors cette union comme moyen d’améliorer le commerce dans les colonies. Afin d’accroître les installations commerciales de Montréal, lui et certains des hommes d’affaires les plus en vue de la ville prêtèrent de l’argent en 1831 pour aménager une nouvelle place de marché. Aux élections tenues trois ans plus tard, il fit la lutte avec John Donellan, pour le parti des marchands, à l’équipe formée de Louis-Joseph Papineau* et de Robert Nelson*, dans la circonscription de Montréal-Ouest. L’élection fut tumultueuse et ses adversaires l’emportèrent par seulement 40 voix. Walker, Donellan et leurs partisans, piqués au vif pour avoir subi la défaite par cette faible marge, se réunirent peu de temps après en vue de protester contre certaines prétendues irrégularités électorales et ils formèrent un groupe de pression permanent appelé la Loyal and Constitutional Association. En avril 1835, la section de Montréal de l’association choisit Walker pour accompagner à Londres John Neilson, représentant de la section de Québec, afin d’y réclamer des réformes politiques. Dans leurs entretiens avec le secrétaire d’État aux Colonies lord Glenelg et le premier ministre lord Melbourne, les délégués manifestèrent leur opposition à la création d’un Conseil législatif élu et ils réclamèrent l’adoption de lois destinées à faciliter le commerce. Même si les instructions qu’avait reçues Walker favorisaient l’union des deux colonies ou l’annexion de Montréal au Haut-Canada, le comité de Montréal lui avait conseillé de n’insister sur aucun de ces points, par déférence pour les vues de la section de Québec. En fait, il ne proposa ni l’une ni l’autre de ces mesures, mais il soumit un troisième plan qui visait à remettre le Saint-Laurent entre les mains du gouvernement impérial dans le but de faciliter le commerce. À son retour au Bas-Canada, Walker se rendit à Québec en janvier 1836, avec James Holmes et Turton Penn, pour organiser une petite réunion des deux sections de l’Association constitutionnelle. Une fois sur place, il soumit une idée plus ambitieuse : tenir une assemblée des représentants de toutes les colonies de l’Amérique du Nord britannique. Sans que sa loyauté fut jamais mise en doute pendant les rébellions qui suivirent, Walker fut l’avocat de plusieurs patriotes, dont son vieux rival politique Robert Nelson qui, en août 1838, tentait de négocier un retour au Bas-Canada pour ne pas perdre son cautionnement.

Un des premiers partisans du gouvernement responsable, Walker devint rédacteur en chef du Canada Times, journal réformiste fondé à Montréal en 1840 par John James Williams. On avait créé ce journal, semble-t-il, pour combattre l’union du Bas et du Haut-Canada à laquelle s’opposait alors Walker. Ce dernier devint aussi l’adversaire acharné de lord Sydenham [Thomson] et, d’après Macaulay, ses critiques à l’endroit du gouverneur, dans ses éditoriaux, n’étaient « pas moins fondées que sévères, surtout en ce qui concern[ait] la nomination de simples aventuriers à des postes élevés ». Walker, qui menait de front ses fonctions d’éditorialiste et d’avocat fort recherché, surtout dans le domaine du droit commercial, avait « pour habitude de dicter, souvent simultanément, un éditorial à l’un de ses étudiants en droit et un avis juridique à un autre, tout en occupant ses moments disponibles à conseiller un client ou à lire ».

En juillet 1842, William Walker fut élu député de la circonscription de Rouville. Il prit son siège à l’Assemblée législative le 9 septembre mais, dans les dix jours qui suivirent, il obtint un congé pour le reste de la session, probablement pour cause de maladie. Il démissionna le 26 août 1843 et mourut moins de huit mois plus tard. Réformiste, disciple de Francis Hincks*, Walker était un avocat talentueux qui s’exprimait avec facilité, avait de bons rapports avec les gens d’affaires de Montréal et semblait destiné à un brillant avenir dans le monde politique du Canada-Uni. Son décès à l’âge de 46 ans vint mettre fin à ce qui s’annonçait comme une carrière publique remarquable.

Carmen Miller

Le sujet de cette biographie ne devrait pas être confondu avec William Walker, agent à Québec pour la Forsyth, Richardson and Company, membre du Conseil spécial en 1838 et du Conseil législatif de 1842 jusqu’à son décès en 1863. [c. m.]

William Walker est l’auteur de : Mr. Walker’s report of his proceedings in England, to the executive committee of the Montreal Constitutional Association (Montréal, 1836).

ANQ-M, CE1-130, 11 avril 1844.— APC, RG 4, B8 : 7061–7071.— Musée McCord, M21413.— Arthur papers (Sanderson), 3 : 1945.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1842.— La Gazette de Québec, 14 avril 1831.— Montreal Gazette, 5 juill. 1842, 9 avril 1844.— Montreal Transcript, 11 avril 1844.— Pilot (Montréal), 9 avril 1844.— Beaulieu et Hamelin, la Presse québécoise, 1.— Desjardins, Guide parl.Political appointments and elections in the Province of Canada from 1841 to 1865, J.-O. Coté, compil. (2e éd., Ottawa, 1866).— Buchanan, Bench and bar of L.C.— Creighton, Empire of St. Lawrence.— Ægidius Fauteux, le Duel au Canada (Montréal, 1934).— Elinor Kyte Senior, Redcoats and Patriotes : the rebellions in Lower Canada, 1837–38 (Stittsville, Ontario, 1985).— Ouellet, Lower Canada.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Carmen Miller, « WALKER, WILLIAM (1797-1844) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/walker_william_1797_1844_7F.html.

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Auteur de l'article:    Carmen Miller
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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