VIDAL, BEAUFORT HENRY (Henri), officier dans l’armée et la milice, né le 16 mai 1843 à Chatham, Angleterre, fils du capitaine Alexander Thomas Emeric Vidal et de Sarah Antoinette Veitch ; en janvier 1869, il épousa Kate Allen (décédée en 1884), et ils eurent deux enfants, puis le 2 février 1892, Béatrice-Hermine Taschereau, fille d’Henri-Thomas Taschereau, et le couple n’eut pas d’enfants ; décédé le 2 mars 1908 à Ottawa.

Beaufort Henry Vidal et son frère arrivèrent dans le Haut-Canada en 1850 avec leur père, qui allait s’établir sur les terres qu’il avait achetées au bord de la rivière Saint-Clair. Vidal fit ses études auprès d’un précepteur et dans une école de Weston (Toronto), puis en 1860, il entreprit l’étude du droit et obtint une commission d’officier dans le 3rd Battalion of Lambton Militia. Trois ans plus tard, il entra dans l’armée britannique en qualité d’enseigne dans le 2nd West India Regiment, et le 16 août 1864, il fut promu lieutenant dans le 4th Foot. Son régiment servit en Méditerranée et en Inde, après quoi, dans les derniers mois de 1867, il fut dépêché en Abyssinie (Éthiopie) pour prendre part à l’expédition punitive organisée contre l’empereur Théodoros II, qui avait pris en otages des sujets britanniques. Vidal fit toute cette campagne ardue mais pas très dangereuse qui se termina en avril 1868 par le suicide de Théodoros.

De retour au Canada en 1870, Vidal reprit ses études de droit, et en 1872, il fut admis au barreau de l’Ontario. Même s’il avait rejoint la milice en 1870, il n’y fit pas de service actif avant 1877. Comme il vivait alors à Toronto, il passa au 12th Battalion of Infantry (York Rangers), dans lequel il fut promu major le 12 mars 1882.

Depuis des années, les autorités britanniques pressaient le gouvernement du Canada de se doter d’une petite armée de métier. Finalement, en 1883, le gouvernement de sir John Alexander Macdonald* sanctionna la formation de compagnies permanentes d’infanterie et de cavalerie. Toutefois, comme l’opinion publique s’opposait à l’idée d’une armée permanente, il prit soin d’annoncer que ces unités serviraient principalement à l’entraînement de la milice volontaire. En outre, au lieu d’accepter la liste d’officiers proposée par le major-général Richard George Amherst Luard*, officier britannique commandant la milice, Adolphe-Philippe Caron, le ministre de la Milice et de la Défense, choisit de récompenser des alliés politiques et des amis. Sur les 21 officiers nommés, 9 n’avaient jamais fait de service militaire et 3 montraient de piètres antécédents dans la milice.

Plusieurs de ces nominations suscitèrent des critiques, mais en raison de ses états de service dans l’armée britannique, on ne trouva pas à redire contre la nomination de Vidal, conservateur loyal, à un grade de capitaine dans l’Infantry School Corps. Cependant, ni son expérience ni ses relations politiques ne lui valurent une belle carrière dans la nouvelle armée canadienne. Les compagnies-écoles étaient si petites et l’âge de la retraite des officiers (65 ans) si avancé que peu de places se libéraient dans le haut de la hiérarchie et que les chances de gravir rapidement les échelons étaient minces. C’est son ancienneté qui valut à Vidal une promotion au grade de major en 1893 et à celui de lieutenant-colonel en 1895, et le commandement de la compagnie d’infanterie de Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec) en 1897.

Le destin empêcha Vidal de refaire du service actif. Sa compagnie ne fut pas de celles qui allèrent réprimer la rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel*], et, comme il dut se rendre à Fredericton en 1898 pour commander le district militaire n° 8, il ne put se joindre à la Yukon Field Force ni accompagner sa propre unité (qui était devenue le Royal Canadian Regiment of Infantry) en Afrique du Sud l’année suivante. Toutefois, il commanda pendant un temps le 3rd battalion (Spécial Service) du Royal Canadian Regiment of Infantry, qui fut levé en 1900 pour prendre la relève du bataillon britannique en garnison à Halifax qui était dépêché en Afrique du Sud.

En 1901, Vidal passa au quartier général de la milice à Ottawa en qualité d’adjudant-général adjoint, et le 1er novembre 1904, il accéda au plus haut poste du service administratif, celui d’adjudant-général. Le fait que ces promotions survinrent sous le régime libéral de sir Wilfrid Laurier* montre que le ministre de la Milice et de la Défense, sir Frederick William Borden*, entendait réduire l’influence de la politique et du favoritisme dans l’administration de l’armée permanente.

Le 1er avril 1907, Beaufort Henry Vidal fut nommé inspecteur général. En Grande-Bretagne, on réservait ce poste à des officiers supérieurs chevronnés qui, se trouvant ainsi en dehors de la filière officielle du commandement, étaient libres, en principe, de donner des avis et des renseignements indépendants et objectifs sur l’efficacité de l’armée et son degré de préparation au combat. Cependant, dans le cas de Vidal comme de son prédécesseur, lord Aylmer, cette nomination et la promotion au grade de général de brigade qui l’accompagnait venaient simplement récompenser de longs et loyaux services. Le conseiller de Borden, le major-général Percy Henry Noel Lake*, chef d’état-major général et officier britannique très respecté, trouvait Vidal trop bon et trop optimiste quand il s’agissait de se prononcer sur le degré de préparation de la milice au combat. Vidal mourut d’une crise cardiaque à Ottawa moins d’un an après sa promotion.

Stephen John Harris

AN, MG 27, I, D3 ; MG 30, E242 ; RG 9, II.— Canada, Dép. de la Milice et de la Défense, Annual report (Ottawa), 1883–1886, 1897–1899, 1901–1902 ; Militia list (Ottawa), 1870, 1873, 1876–1877, 1880–1907.— Canadian album (Cochrane et Hopkins)- Cyclopœdia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2.— R. C. Fetherstonhaugh et G. R. Stevens, The Royal Canadian Regiment [...] (2 vol., Montréal et London, Ontario, 1936–1967 ; vol. 1 réimpr., Fredericton, 1981), 1.— S. J. Harris, Canadian brass : the making of a professional army, 1860–1939 (Toronto, 1988).—Desmond Morton, The Canadian general : Sir William Otter (Toronto, 1974) ; Ministers and generals : politics and the Canadian militia, 1868–1904 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1970).

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Stephen John Harris, « VIDAL, BEAUFORT HENRY (Henri) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vidal_beaufort_henry_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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