TURGEON, LOUIS, notaire, juge de paix, homme politique, officier de milice et seigneur, né le 10 avril 1762 à Beaumont (Québec), fils de Louis Turgeon, marchand, et de Marie-Françoise Couillard ; le 23 novembre 1796, il épousa au même endroit sa cousine Geneviève Turgeon, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 26 septembre 1827 à Saint-Charles, Bas-Canada.

Louis Turgeon appartenait à la quatrième génération d’une famille établie à Beaumont depuis la fin du xviie siècle. Peu après sa naissance, son père vint habiter à Québec. Tout comme le fera plus tard son demi-frère Pierre-Flavien*, Louis fréquenta le petit séminaire de Québec. Il y fit ses études de 1772 à 1782, puis il entreprit un stage de clerc en notariat. Admis à l’exercice de la profession le 25 septembre 1792, il installa son étude près de Québec, à Saint-Charles, où il allait recruter le gros de sa clientèle constituée essentiellement de fermiers.

Déjà pendant ses années de formation en notariat, Turgeon s’était intéressé à la vie politique de la province. En 1790, il avait signé la pétition en faveur de l’établissement d’une université mixte, c’est-à-dire ouverte tant aux catholiques qu’aux protestants [V. Jean-François Hubert* ; William Smith*], et, en 1791, il s’était prononcé contre le projet visant à changer la tenure seigneuriale en franc et commun socage [V. Thomas-Laurent Bédard* ; William Smith]. En 1804, il fut élu, avec Étienne-Féréol Roy, député de la circonscription de Hertford à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Parlementaire assidu, Turgeon participa à la plupart des débats cruciaux de la quatrième législature, de 1804 à 1808. En règle générale, il appuya le parti canadien. En outre, il prit part, souvent à titre de président, aux travaux de comités qui traitaient de sujets aussi variés que l’organisation de la milice, la navigation sur le Saint-Laurent, les comptes de l’Assemblée, les pêches dans le district de Gaspé, l’administration de la justice, l’exécution des travaux de voirie et les poids et mesures. En 1805, il fut à l’origine d’une loi pour interdire la vente des marchandises et des boissons alcoolisées le dimanche.

Turgeon brigua de nouveau les suffrages dans Hertford aux élections de 1809, mais il fut défait par le médecin François Blanchet. Sa retraite de la vie politique ne dura qu’un moment, puisqu’il fut élu député de la même circonscription aux élections de 1816. Toutefois, son activité parlementaire se limita à siéger au sein de quelques comités de peu d’importance. Il quitta l’Assemblée en 1818 lorsqu’il fut nommé conseiller législatif.

En 1794, Turgeon avait signé la déclaration de loyauté à la couronne britannique. La même année, il avait obtenu une commission de juge de paix pour le district de Québec. Il reçut semblable commission pour les districts de Montréal, de Trois-Rivières et de Saint-François en 1821, et pour celui de Gaspé en 1824. Le 8 avril 1812, il obtint le grade de major du bataillon de milice de Saint-Vallier. Il servit durant la guerre de 1812 et fut fait lieutenant-colonel du 1er bataillon de milice du même endroit en 1821.

Par sa mère, morte en 1768, Turgeon avait hérité d’une part de la seigneurie de Beaumont et, grâce à diverses transactions conclues entre 1816 et 1819, il en devint le seigneur principal. Il s’occupa lui-même de la gestion de son fief, lequel était presque entièrement concédé lorsqu’il en prit possession, et veilla à rentabiliser le domaine qui lui était réservé à titre de seigneur. En 1819, il servait comme agent de la Société d’agriculture du district de Québec dans la paroisse Saint-Charles.

Louis Turgeon eut quatre enfants. Ses fils, Louis (mort en 1826) et Hubert, devinrent notaires. L’une de ses deux filles, Geneviève, mourut en 1818 ; l’autre, Marie-Ermine, épousa le patriote Louis-Michel Viger*. À sa mort en 1827, Turgeon, qui était veuf, laissa la seigneurie de Beaumont au premier héritier mâle de son fils Hubert. Ce dernier en avait toutefois la jouissance et, en outre, il hérita des biens meubles et immeubles ; mais il mourut l’année suivante. De son côté, Marie-Ermine reçut la somme de £3 000.

Céline Cyr

Le minutier de Louis Turgeon, contenant 5 426 actes passés entre 1792 et 1826, est conservé aux ANQ-Q, sous la cote CN2-46.

AC, Québec, Testament olographe de Louis Turgeon, 22 déc. 1827 (voir P.-G. Roy, Inv. testaments, 3 : 148).— ANQ-Q, CE1-4, 10 avril 1762, 23 nov. 1796 ; CE2-4, 4 mars 1818, 13 juill. 1826, 29 sept. 1827, 18 juill. 1828 ; CN1-230, 25 juill. 1793, 27 mars 1795, 4 juill. 1816.— APC, RG 68, General index, 1651–1841.— ASQ, Fichier des anciens.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1805–1809 ; 1817.— La Gazette de Québec, 4 nov. 1790, 24 mars 1791, 27 sept. 1792, 3, 10 juill. 1794, 27 déc. 1804, 2 juin 1808, 20 avril 1809, 22 févr. 1810, 27 avril 1812, 23 févr. 1815, 16 mai 1816, 5 mars 1818, 8 avril 1819, 7 sept. 1820, 7 juin 1821.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— Desjardins, Guide parl., 129–130.— Officers of British forces in Canada (Irving), 147–148.— Turcotte, le Conseil législatif, 93.— P.-G. Roy, À travers l’histoire de Beaumont (Lévis, Québec, 1943), 35–38.— « L’Honorable Louis Turgeon », BRH, 34 (1928) : 255.

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Céline Cyr, « TURGEON, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/turgeon_louis_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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