TREDWELL (Treadwell), NATHANIEL HAZARD, trafiquant de fourrures, seigneur, promoteur foncier et propriétaire de moulins, né le 17 janvier 1768 à Smithtown, New York, fils aîné de Thomas Tredwell et d’Ann Hazard ; en 1793, il épousa Margaret Platt, et ils eurent deux fils et quatre filles ; décédé le 22 décembre 1855 à L’Orignal, Haut-Canada.
Fils d’un éminent juge et homme politique de l’état de New York, Nathaniel Hazard Tredwell fit ses études à la Clinton Academy d’East Hampton, dans l’île Long, et reçut une formation d’ingénieur civil et d’arpenteur. Il fit d’importants travaux d’arpentage dans le nord de l’état de New York et, quand son père et sa famille quittèrent l’île Long, on dit qu’il s’établit près de Plattsburgh, sur le lac Champlain. Au printemps de 1794, en compagnie de sa femme et d’une suite de domestiques noirs (tous d’anciens esclaves émancipés par son père), il immigra au Bas-Canada et se fixa sur la rive nord de la rivière des Outaouais, près de l’embouchure de la rivière du Nord. Comme plusieurs autres Américains non loyalistes, Tredwell avait été attiré dans cette région au cours des années 1790. Il occupa un poste de traite abandonné, qui était connu sous le nom de « Red House », et se mit à faire la traite des fourrures avec les Indiens.
Bientôt, Tredwell s’intéressa à la mise en valeur de vastes terres dans le district de Montréal. En 1796, il fit l’acquisition de 1 500 acres au sud du lac Saint-François ainsi que de la seigneurie de Ramezay et de la seigneurie de Pointe-à-l’Orignal ; il paya cette dernière 1 000 guinées à Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne* de Longueuil. Située dans le Haut-Canada, en amont de Red House, la seigneurie de Pointe-à-l’Orignal s’étendait sur neuf milles le long de la rivière des Outaouais et sur six milles à l’intérieur des terres. C’était l’une des deux seules seigneuries à se trouver dans cette province après la création de celle-ci, en 1791. En dépit des efforts déployés à York (Toronto) par son avocat, Christopher Robinson*, Tredwell eut beaucoup de difficultés à faire reconnaître ses prétentions seigneuriales par le Conseil exécutif et par l’administrateur de la province, Peter Russell*, en partie à cause de l’incertitude qui entourait les limites exactes de la seigneurie et la légalité du titre de Tredwell, et en partie à cause de la méfiance que suscitaient les spéculateurs fonciers américains. Même si Tredwell n’alla jamais jurer foi et hommage au gouverneur à Québec, contrairement à ce que Russell avait prescrit en 1799, le Conseil 1799, le Conseil exécutif reconnut son titre de seigneur en 1805, sur la recommandation du procureur général Thomas Scott*. Les difficultés que Tredwell avait eues au sujet de Pointe-à-l’Orignal expliquent peut-être en partie pourquoi, en 1798, il ne réussit pas à acheter avec Ross Cuthbert* le canton de Kildare, propriété de Pierre-Paul Margane* de Lavaltrie, qu’il voulait ouvrir à la colonisation.
Tout en continuant de faire la traite des fourrures, Tredwell développa graduellement dans sa seigneurie un établissement aux abords d’un cours d’eau, à l’endroit où se trouve l’actuel village de L’Orignal. Des chemins furent aménagés pour se rendre dans le comté de Glengarry, dans le canton de Plantagenet et à la scierie de David Pattee et de Thomas Mears, à Hawkesbury, et, dès 1810, Tredwell termina la construction d’une scierie et d’un moulin à farine à L’Orignal. Il s’était lui-même établi dans ce village aux environs de 1800, peut-être parce que, la même année, le shérif avait vendu sa terre de la rivière du Nord et la seigneurie de Ramezay, à la suite de procès intentés respectivement par Pierre-Louis Panet* et par la John Bell and Company, société commerciale de Montréal. Une fois établi à L’Orignal, Tredwell encouragea d’autres Américains à venir eux aussi coloniser ce qui était alors une forêt vierge. La plupart des ventes de terres qu’il fit dans sa seigneurie de Pointe-à-l’Orignal semblent avoir eu lieu après la reconnaissance de son titre, en 1805.
Quand éclata la guerre avec les États-Unis, en 1812, on demanda à Tredwell, en raison de l’importance publique qu’il avait eue avant sa venue au Canada, de prêter le serment d’allégeance à la couronne. Comme il refusa, sa seigneurie fut mise, selon toute évidence, sous séquestre (même si, apparemment, aucune terre ne fut vendue), et il dut rentrer aux États-Unis. Pendant son trajet vers le sud, il fut emprisonné à Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu), dans le Bas-Canada. Quand on lui offrit de le libérer, il accepta à la condition expresse d’être escorté jusqu’à la frontière, ce qui lui fut accordé. Établi de nouveau à Plattsburgh avec sa femme et ses enfants, il construisit un moulin sur la rivière Saranac. En 1830, de grandes crues emportèrent le bâtiment, l’obligeant à tout recommencer.
Après son retour dans l’état de New York, Tredwell avait continué de vendre des terres de sa seigneurie, située dans le canton de Longueuil. En 1823, son fils Charles Platt Treadwell revint dans le Haut-Canada et, après de longues négociations avec les autorités de cette province, il reprit possession de la seigneurie au nom de son père. Le 19 janvier 1824, le fils en acheta 1 500 acres et, le 17 novembre, il acquit le reste. Il ajouta plusieurs milliers d’acres à sa propriété et continua de développer le village de L’Orignal, devenant ainsi un citoyen important. En 1835, il fut nommé shérif du district d’Ottawa et, cinq ans plus tard, son père le rejoignit à L’Orignal, où il passa le reste de sa vie. Une notice nécrologique parue dans la Montreal Gazette disait de Tredwell qu’il avait « allié la culture du gentleman à la grande endurance de l’homme des bois ».
ANQ-Q, CN1-92, 23 mai 1796.— AO, RG 1, A-I-6 : 970–975, 1346–1349 ; A-II-1, 1 : 167, 469 ; C-I-1, pétition de C. P. Treadwell, 27 janv. 1830.— APC, MG 24, L3 : 7160–7161, 7164–7166, 7171 (copies) ; RG 1, L1, 22 : 277, 597 ; 24 : 285–289 ; 26 : 217 ; L3, 495a : T3/54 ; T4/39, 49 ; 496 : T7/15 ; 511 : T misc., 1797–1824/26 ; L3L : 62360–62363.— Prescott Land Registry Office (L’Orignal, Ontario), Abstract index to grantors, Longueuil Township, 44–46 (mfm aux AO, GS 5105).— QUA, C. P. Treadwell papers, N. H. Treadwell corn, 1829, 1832, 1840 ; Survey maps, plan of L’Orignal.— « Upper Canada land book B, 19th August, 1796, to 7th April, 1797 », AO Report, 1930 : 98.— « Upper Canada land book C, 29th June, 1796, to 4th July, 1796 ; 1st July, 1797, to 20th December, 1797 », AO Report, 1931 : 71.— « Upper Canada land book D, 22nd December, 1797, to 13th July, 1798 », AO Report, 1931 : 180, 183, 185–186, 188–189.— La Gazette de Québec, 14 août 1800 (supplément).— Montreal Gazette, 5 janv. 1856.— The national cyclopædia of American biography (59 vol. parus, New York, [etc.], 1892– ), 3 : 158–159.— Princetonians, 1748–1768 : a biographical dictionary, James McLachlan, compil. (Princeton, N.J., 1976), 460, 468–472.— W. A. Robbins, « Descendants of Edward Tre(a)dwell through his son John », New York Geneal. and Biog. Record (New York), 43 (1912) : 138–140.— P.-G. Roy, Inv. concessions, 3 : 145 ; 5 : 33.— Lucien Brault, Histoire des comtés unis de Prescott et Russell (L’Orignal, 1965), 20–25, 229–231.— Cyrus Thomas, History of the counties of Argenteuil, Que., and Prescott, Ont., from the earliest settlement to the present (Montréal, 1896 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1981).— B. N. Wales, Memories of St. Andrews and historical sketches of the seigniory of Argenteuil (Lachute, Québec, 1934).
Robert Ferguson Legget, « TREDWELL (Treadwell), NATHANIEL HAZARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tredwell_nathaniel_hazard_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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