CUTHBERT, ROSS, coseigneur, avocat, homme politique et pamphlétaire, né le 17 février 1776 et baptisé dans la paroisse anglicane de Montréal (Christ Church) le 25 février, troisième fils de James Cuthbert* l’aîné, dont il hérita les seigneuries de Lanoraie et de Dautray, et de Catherine Cairns ; de son mariage avec Emily Rush, à Philadelphie, il eut au moins trois enfants ; décédé à Berthier-en-Haut (Berthierville), Bas-Canada, le 28 août 1861.

Ross Cuthbert fit ses études secondaires au collège catholique anglais de Douai, département du Nord, France. Admis au Barreau du Bas-Canada en 1803, il exerça apparemment sa profession successivement à Québec (1803–1804), à Montréal (1805–1806), à Trois-Rivières (1807–1810) et à Montréal. L’explosion du commerce international et les problèmes urbains incitèrent le gouverneur sir James Henry Craig*, en janvier 1810, à le désigner inspecteur de police et président des cours de sessions trimestrielles à Québec avec un salaire annuel de £500, places qu’il cumula jusqu’en 1815. Là comme lors de sessions spéciales sur les rues de Québec (1816, 1818, 1819), Cuthbert se signala par son souci de réglementation plus sévère de la vie urbaine. Dès le début de la guerre de 1812, sir George Prevost* nomma Cuthbert membre honoraire du Conseil exécutif, poste qu’il détint jusqu’en 1824. C’est à ce titre qu’il participa à la rédaction d’adresses de remerciements à Prevost, en 1813, et d’appui à Jonathan Sewell*, en 1814, par suite des accusations de l’Assemblée. Membre de l’Assemblée à plusieurs reprises, il occupa plusieurs autres fonctions : commissaire pour l’administration de la maison de correction de Québec (1811–1829), juge de paix à diverses reprises entre 1810 et 1824 dans les districts de Québec, Montréal, Trois-Rivières, Saint-François et Gaspé, commissaire à l’assermentation à partir de 1812 et membre de l’Institution royale (1818–1822 ?). Il participa aussi à divers mouvements et souscriptions : Société du feu de Québec (1812), Loyal and Patriotic Society of the Province of Lower Canada, section de Québec (1813), comités pour l’éducation de toutes les classes de la communauté (1815) et l’instruction chez les pauvres (1816), Quebec Emigrant Society (1820). En 1817, on le retrouve à Londres où il sollicite du cabinet une place de juge que lui auraient promise Craig et Prevost. Après 1829, il semble s’être retiré de la vie publique.

Représentant du comté de Warwick à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada (1800–1810, 1812–1816, 1820), Cuthbert mena une vie politique très active. En 1815, certains pensèrent même à lui comme candidat au poste de président de l’Assemblée. En général, il combattait systématiquement les objectifs du parti canadien (en 1809, il alla jusqu’à dénoncer secrètement un propagandiste du Canadien) et préconisait l’assimilation civilisée des « Canadiens ». Dans l’Aréopage, publié à Québec en 1803, il déplora l’ignorance de la population canadienne, son attachement aveugle à un « édifice » de lois françaises antiques et poussiéreuses, et le peu de scrupules des avocats. En 1809, son Apology for Great Britain [...] se voulait une réplique aux Considérations [...] de Denis-Benjamin Viger, publiées l’année même, et aux arguments des « Canadiens » en faveur de leur survie comme « nation » séparée. Ce rêve chimérique, selon lui, esquivait le fait capital que le Bas-Canada, colonie à peine naissante, serait développé peu à peu par une majorité d’immigrants britanniques. Infime minorité dans l’empire et, éventuellement, dans leur province, peuple inerte et décrépit, les « Canadiens » avaient tout intérêt à collaborer à leur inévitable assimilation : homogénéité accrue du corps social, participation aux places et au commerce. En 1810, Cuthbert abordait un tout autre sujet avec New theory of the tides, où il prétendait expliquer les marées par l’évaporation de grandes masses d’eau. En 1817, à Londres, il travailla à une autre brochure politique, « The character of passing évents », qui ne semble pas avoir été publiée.

Seigneur, avocat, citoyen très actif, Britannique militant, Cuthbert est un membre typique, avec divers marchands, du parti britannique à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada au début du xixe siècle.

Jean-Pierre Wallot

Ross Cuthbert, L’aréopage (Québec, 1803) ; [——] An apology for Great Britain, in allusion to a pamphlet, intituled, « Considérations, &c. par un Canadien, M. P. P. » (Québec, 1809) ; New theory of the tides (Québec, 1810).

APC, MG 8, G19, 22 ; MG 24, B1, 1, p.419 ; RG 4, A1, S ; B8, 18, pp.6 446–6 449 ; RG 8, I (C séries), 284, p.104 ; 374, p.71 ; 387, pp.58s. ; 688E, pp.376, 438, 440 ; 689, p.137 ; 694, pp.34–36 ; 1 218, p.414 ; 1 221, p.96.— BUM, Coll. Baby, Corr. générale, lettres de Ross Cuthbert, 17 oct. 1806, 13 avril 1807, 22 janv., 13 juin, 25 oct. 1808, 5 avril 1814 (copie aux APC).— PRO, CO 42/141, pp.173–176 ; 42/157, pp.75ss ; 42/170, p.110 ; 42/172, p.90 ; 42/177, pp.97, 118 (mfm aux APC).— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1791–1837 ; Conseil spécial, Journaux, 1838–1841.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1841–1861.— Le Canadien, 1809.— La Gazette de Québec, 1800–1820.— John Hare et J.-P. Wallot, Les imprimés dans le Bas-Canada, 1801–1840, bibliographie analytique (Montréal, 1967), nos 55, 194, 228.— Le Jeune, Dictionnaire, 1 : 457.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 88.— Wallace, Macmillan dictionary, 168.— Christie, History of L.C., II : 166.— Édouard Fabre Surveyer, James Cuthbert, père, et ses biographes, RHAF, IV (1950–1951) : 74–89.— Régis Roy, Cuthbert, BRH, XL (1934) : 627–629.

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Jean-Pierre Wallot, « CUTHBERT, ROSS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cuthbert_ross_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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