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TORRINGTON, FREDERICK (Frederic) HERBERT, musicien et éducateur, né le 20 octobre 1836 à Dudley, Angleterre, fils de James Torrington et d’une prénommée Jane ; le 30 décembre 1856 (selon le registre, il était alors veuf), il épousa à Old Swinford, Angleterre, Mary Thomas (décédée en 1876), et ils eurent six filles et deux fils, puis le 5 mars 1878, à Toronto, Rosaline Rébecca Kennedy (décédée en 1941), et de ce mariage naquirent deux fils ; décédé à Toronto le 20 novembre 1917.
Frederick Herbert Torrington commença à étudier le violon à Dudley en 1844 et le piano un an plus tard. Il continua d’apprendre ces deux instruments avec Henry Hayward en 1852 à Birmingham ; peu après, il se mit aussi à l’étude de l’orgue et du chant choral avec James Fitzgerald. Son premier engagement à titre professionnel fut un poste d’organiste d’église et de maître de chapelle à Bewdley.
Après avoir épousé Mary Thomas, Torrington immigra à Montréal et devint organiste et maître de chapelle à l’église méthodiste Great St James Street en 1857. On le sollicitait dans la ville comme chef d’orchestre et violoniste. En 1860, il participa au festival organisé à l’occasion de la visite du prince de Galles. Il tenait également l’orgue au Gesù pendant les offices du dimanche soir et fut durant trois ans chef de fanfare du 25th Foot.
Le 23 septembre 1868, Torrington donna un récital d’orgue au Boston Music Hall. En juin suivant, il était de nouveau à Boston, à la tête du groupe canadien qui participait au gigantesque National Peace Jubilee de Patrick Sarsfield Gilmore. Ce fut sans doute par suite de ces deux spectacles qu’il quitta Montréal en septembre 1869 pour devenir l’organiste de la chapelle King à Boston. En 1870, il joua du violon dans l’orchestre de la Harvard Musical Association, sous la direction de Carl Zerrahn. En septembre de la même année, il donna un récital d’orgue au New England Conservatory of Music, où il enseigna au moins à compter de 1871. Il participa également, en 1871, aux fameux récitals d’orgue donnés en l’église Plymouth de Henry Ward Beecher à Brooklyn (New York). Deux ans plus tard, il donna deux concerts à Hamilton, en Ontario. C’est là qu’une délégation de l’église méthodiste Metropolitan de Toronto lui offrit le poste d’organiste et maître de chapelle. Il accepta, après avoir d’abord refusé pour des raisons pécuniaires, et s’installa à Toronto à l’automne de 1873.
Torrington accédait à un poste prestigieux : l’église Metropolitan, bâtie en 1872, était un des hauts lieux de la musique sacrée au Canada. En plus, il devint chef d’orchestre à la Toronto Philharmonie Society, après que James Paton Clarke* eut pris sa retraite en 1873. Au fil des 40 années qu’il passa à la société philharmonique et dans l’organisme qui y succéda en 1894, le Festival Chorus, il présenta de nouvelles compositions ainsi que tous les grands oratorios populaires, dont ceux de Haendel, Haydn, Mendelssohn, Dvořák, Weber, Sullivan, Bruch et Gounod, souvent en première canadienne. Parallèlement à ces activités, il fut directeur musical de l’Ontario Ladies’ College de Whitby de 1874 à 1881 et directeur de la Hamilton Choral Society de 1883 à 1887. Grand organisateur, il tint des festivals d’envergure, inspirés des galas auxquels il avait participé à Montréal et particulièrement à Boston. En 1886, il organisa le Toronto Musical Festival, à la patinoire de la rue Mutual ; à cette occasion, il dirigea un chœur de 1 000 voix et un orchestre de 100 instrumentistes. L’année suivante, en l’honneur du jubilé marquant le cinquantième anniversaire de règne de la reine Victoria, il dirigea à Hamilton un festival plus modeste ; tout de même, le chœur comptait 500 membres et l’orchestre 60, ce qui était énorme pour une petite ville. Le fait que son festival à Toronto avait dû avoir lieu à une patinoire fut l’une des raisons qui poussèrent Hart Almerrin Massey* à construire une grande salle de concert. En juin 1894, ce fut bien sûr Torrington qui dirigea le festival inaugural du Massey Music Hall. En 1903, il dirigea l’un des concerts donnés à Toronto dans le cadre de la série de festivals de musique organisés par Charles Albert Edwin Harriss* et tenus par le compositeur sir Alexander Campbell Mackenzie dans 15 villes canadiennes.
Torrington avait fondé le Toronto College of Music en 1888, deux ans après qu’Edward Fisher eut mis sur pied le Toronto Conservatory of Music. Quand le collège ouvrit ses portes, il comptait parmi ses professeurs certains des meilleurs musiciens du Canada : Clarence Reynolds Lucas, Wesley Octavius Forsyth*, Augustus Stephen Vogt*, Herbert Lincoln Clarke et William Elliott Haslam. En 1890, le collège fut constitué juridiquement, avec George Gooderham* à la direction, et il s’affilia à la University of Toronto afin de préparer des candidats aux diplômes de l’université en musique. Torrington exerça une vaste influence sur les critères de formation en musique par l’intermédiaire du système d’examens du collège, qu’il finit par étendre de la province de Québec à la Colombie-Britannique. En outre, il tenta de mettre sur pied un orchestre par l’entremise de la Toronto Orchestral School, une subdivision du collège. Il y eut bien quelques concerts publics, à compter de juin 1892, mais l’aventure n’eut qu’un succès relatif et ne déboucha pas sur la création d’un ensemble permanent. Dans les faits, c’était la femme de Torrington, Rosaline Rebecca Kennedy, arrivée au Canada en 1869, qui dirigeait le collège. Elle militait par ailleurs dans bon nombre d’organisations, dont la Young Women’s Christian Association, le mouvement des Guides (elle fit partie des membres fondateurs du Conseil canadien en 1912), le Women’s College Hospital de Toronto et le National Council of Women of Canada (elle en fut présidente de 1911 à 1918).
La longue collaboration de Torrington avec l’église Metropolitan prit fin dans l’amertume en 1907 : les administrateurs de l’église lui demandèrent de quitter sa place à cause de son âge. Il fut ensuite organiste à l’église méthodiste High Park jusqu’en 1915. Il donnait encore des récitals d’orgue en 1908, à Vancouver par exemple ; il joua pour la dernière fois avec le Festival Chorus en 1912. Il avait été président de la Canadian Society of Musicians en 1892 et avait reçu un doctorat en musique de la University of Toronto en 1902. On peut voir son portrait, peint en 1899 par John Wycliffe Lowes Forster*, dans l’Edward Johnson Building de la faculté de musique, à la University of Toronto.
Bien que Frederick Herbert Torrington ait, dit-on, composé des hymnes, de la musique sacrée, des morceaux d’orgue ainsi que des chœurs et chants profanes, il ne publia que quelques chants. Si ses compositions ne furent pas mémorables, ses idées et ses réalisations marquèrent profondément la musique au Canada à la fin du xixe siècle. Dans l’histoire du pays, peu d’hommes ont eu autant d’influence à la fois sur le jeu musical, la formation des musiciens et les critères de la musique religieuse.
Un certain nombre de compositions de Frederick Herbert Torrington ont été publiées à Toronto, dont Abide with me (1881 et éditions subséquentes), publiée également sous forme d’arrangements pour piano seul par Arthur Elwell Fisher (1883), et pour quatuor vocal et piano par Wesley Octavius Forsyth (1890) ; Canada, the gem in the crown ([1876]) ; Our country and our king ([1901]) ; Queens jubilee (1887) ; The sons of Canada ([1900]) ; et Welcome home, brave volunteers (1885).
On trouve de la documentation sur Torrington dans deux collections de la MTRL. Les papiers du sujet sont conservés au Special Coll. Centre ; ils comprennent de la correspondance, des notes autobiographiques et d’autres documents concernant sa carrière. De plus, des exemplaires de programmes et de nombreuses coupures de journaux et de magazines à propos de Torrington et du Toronto College of Music sont disséminés dans quatre séries de microfiches au Performing Arts Centre ; on y trouve une collection d’albums auparavant gardés par la bibliothèque : « Music and musicians », « Music and musicians : Canada », « Music and musicians : Canada, programmes », et « Music and musicians : Toronto. » Un index imprimé des articles de la collection, intitulé « Music scrapbooks on microfiche », peut aussi être consulté au centre.
Hereford and Worcester County Record Office (Worcester, Angleterre), RBMS de St Thomas (Dudley) et d’Old Swinford.— UTA, A73-0026/473(91) ; A75-0014.— Hamilton Spectator, 21 juin 1887.— Canadian Journal of Music (Toronto), nov.–déc. 1917.— H. [W.] Charlesworth, « Dr. Torrington’s memory honored : his place in the musical history of Canada recalled », Saturday Night, 27 sept. 1924 : 5, 10.— Encyclopedia of music in Canada (Kallmann et al.).— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto et Londres, 1960).— Musical Canada (Toronto), déc. 1917.— Musical Journal (Toronto), 15 avril 1888 : 51s.— C. C. Taylor, Toronto « called back », from 1888 to 1847, and the queen’s jubilee [...] (éd. rév., Toronto, 1888).— Univ. of Toronto, Calendar, 1891–1918.— [Brian Winter], Vox collegii centennial edition : Ontario Ladies’ College, 1874–1974 ([Whitby, Ontario ?], 1974).
Carl Morey, « TORRINGTON, FREDERICK (Frederic) HERBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/torrington_frederick_herbert_14F.html.
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Auteur de l'article: | Carl Morey |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
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