TELLIER, RÉMI-JOSEPH, prêtre, jésuite, né à Tavaux, Aisne, France, le 9 octobre 1796, décédé à Montréal le 7 janvier 1866.

Rémi-Joseph Tellier entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Rome en octobre 1818. Avant son ordination en 1831, il enseigne dans différents collèges de la compagnie en France et en Italie. De 1833 à 1837, il est recteur du collège de Chambéry, en Savoie, et remplit les mêmes fonctions jusqu’en 1840 au collège d’Aoste en Italie. Il est l’un des neuf jésuites qui répondent en 1842 à l’appel de Mgr Ignace Bourget* désireux de rétablir les jésuites au Canada. Arrivé à Montréal le 31 mai, il s’installe dès le 2 juillet au presbytère de Laprairie (La Prairie), résidence provisoire des jésuites.

Seigneurs de Prairie-de-la-Madeleine aux xviie et xviiie siècles, les jésuites en ont été les premiers desservants, et c’est à Laprairie que la compagnie commence sa seconde carrière en terre canadienne. Le 30 janvier 1844, dans une lettre à son supérieur de France, le père Clément Boulanger, Tellier porte sur l’avenir du Canada des jugements hâtifs et pessimistes : « la nation canadienne chancelante ne tardera pas, suivant toutes les apparences, à fléchir, à expirer ; mais le catholicisme fera avec l’Angleterre une fusion qui sauvera tout. Telle est du moins l’espérance dont nous aimons à nous bercer. » Néanmoins cela ne l’empêche pas de se donner tout entier à cette paroisse qui compte 4 036 catholiques et 45 familles protestantes. À l’automne de 1847, il est au nombre des prêtres de la campagne qui se dévouent auprès des Irlandais, victimes du typhus aux sheds de Pointe-Saint-Charles (île de Montréal). Tellier, éducateur expérimenté, est prêté, en 1849, à l’évêque de Kingston, Mgr Rémi Gaulin*, comme directeur du collège de Regiopolis. De 1850 à 1852, il séjourne à Toronto où il rend de précieux services à Mgr de Charbonnel*. Il s’efforce, mais sans succès, d’y établir un collège de la compagnie.

En 1846, les jésuites du Canada, par l’intermédiaire du père Boulanger, alors visiteur des missions françaises d’Amérique, avaient accepté de se dévouer aux œuvres d’éducation du diocèse de New York. La même année, on avait réuni ces deux champs d’apostolat en une seule mission dite New York-Canada qui relevait de Paris, mais qui avait un supérieur général en Amérique. C’est ainsi que le père Tellier vit et travaille à New York à partir de 1853. Successivement préfet des études au collège St Francis Xavier à New York et recteur du collège St John à Fordham, il est finalement nommé supérieur général de la mission de New York-Canada en 1859. En cette dernière qualité, il est en relation constante avec ses confrères du Canada. Chaque année, il fait la visite canonique des œuvres et des maisons de la compagnie et il travaille à l’amélioration du rendement de ses sujets. Parlant de Tellier, un contemporain, dont le témoignage apparaît dans l’Écho dit cabinet de lecture paroissial, écrit : « Au milieu d’une population étrangère par la nationalité et la religion, il s[ait] par son activité, son zèle, sa prudence, sa fermeté, concilier à la Société qu’il présid[e] si dignement dans cette partie de l’Amérique l’estime et l’approbation générales. » II fait aussi preuve de largeur et de hardiesse dans ses idées : le Gesù, église attenante au collège Sainte-Marie de Montréal, en est un exemple. En plus des sulpiciens qui voient d’un mauvais oeil l’érection d’une grande église dans le voisinage de Notre-Dame, les jésuites du collège sont réticents face à un tel projet. La construction du Gesù, dont ils auraient à défrayer le coût, ne ferait qu’aggraver une situation financière déjà délicate. Toutefois, grâce à son tact et à sa délicatesse, le supérieur général réussit à faire accepter l’audacieux projet.

Retenu par la maladie à l’Hôtel-Dieu, le père Tellier ne peut assister à la cérémonie d’ouverture du Gesù en décembre 1865. Le 7 janvier 1866, il meurt paisiblement au collège Sainte-Marie. Ses funérailles ont lieu deux jours plus tard au Gesù, les premières dans cette église.

Léon Pouliot

Certains sermons et discours de Rémi-Joseph Tellier ont été reproduits dans les journaux de l’époque, notamment dans les Mélanges religieux, 28 juin 1844, et dans le Toronto Mirror, 6 déc. 1851. En outre, le Discours prononcé à la cathédrale de Toronto, par le révérend père R. J. Tellier, de la Compagnie de Jésus, le 24 juin 1851, jour de la fête, et en présence de l’association de St. Jean-Baptiste a été publié à Toronto en 1851. Le texte français est accompagné d’une traduction anglaise, dont le père Tellier est l’auteur.  [l. p.]

ASJCF, Lettres des nouvelles missions du Canada, 1843–1852, 1re partie : 41–67, 391–397.— L’Écho du cabinet de lecture paroissial, 15 janv. 1866.— La Minerve, 8 janv. 1866.— True Witness and Catholic Chronicle (Montréal), 8 janv. 1866.— P.-G. Roy, Inv. concessions, I : 227–230.— Les établissements des jésuites en France depuis quatre siècles [...], Pierre Delattre, édit. (5 vol., Enghien et Wetteren, Belgique, 1949–1957), I : 1 264s.— Édouard Lecompte, Les jésuites du Canada au XIXe siècle (Montréal, 1920), 50, 65s., 73s., 246s., 250s.— L. K. Shook, St Michael’s College ; the formative years, 1850–1853, CCHA Report, XVII (1950) : 41–46.

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Léon Pouliot, « TELLIER, RÉMI-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tellier_remi_joseph_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    28 novembre 2024