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TATLOW, ROBERT GARNETT, homme d’affaires, officier de milice, fonctionnaire et homme politique, né le 6 septembre 1855 à Scarva (Irlande du Nord), deuxième fils de John Garnett Tatlow et d’Anne Matthews ; le 8 décembre 1880, il épousa à San Francisco Mary Frederica Leaycraft (décédée en 1886), et ils eurent une fille, puis le 30 avril 1893, à Vancouver, Elizabeth Mary Cambie, et de ce mariage naquirent deux fils et deux filles ; décédé le 11 avril 1910 à Victoria.
Robert Garnett Tatlow fit ses études au collège de Cheltenham, en Angleterre. Encore adolescent, il arriva à Montréal et trouva du travail, d’abord à la Compagnie des bateaux à vapeur océaniques de Montréal [V. sir Hugh Allan*], puis dans une maison de courtage. Passionné par le métier des armes et la vie en plein air, il s’enrôla dans la milice, comme enseigne dans le lst (Prince of Wales’s) Régiment of Volunteer Rifles en février 1872. Fait capitaine en 1877, rattaché à la B Battery de la Garrison Artillery en 1878–1879, il servit à Québec puis, le 13 août 1879, arriva à Victoria pour une inspection des ouvrages de défense côtière. Ayant choisi de rester dans cette ville, il obtint les postes d’instructeur de la milice locale et de gardien des magasins d’artillerie. Ses antécédents et sa personnalité lui permirent de s’intégrer à l’élite anglo-irlandaise de Victoria et, grâce à ses relations parmi les Irlandais, il devint en avril 1880 secrétaire particulier du lieutenant-gouverneur.
Tatlow quitta ce poste en avril 1886 et devint représentant de la Vancouver Improvement Company, propriétaire d’une grande partie des terrains de la nouvelle ville de Vancouver. Jusqu’à la fin du siècle, il demeurerait dans cette ville, où il travaillerait comme courtier dans le domaine de l’immobilier, des assurances et de l’exploitation minière. Il fut aussi président de l’éphémère Vancouver Loan Trust Savings and Guarantee Company. Il investit dans des mines, des chemins de fer et d’autres services publics ainsi que dans une entreprise qui projetait de récupérer des parties de la vallée du fleuve Fraser. Membre du premier comité des parcs de Vancouver de 1888 à 1905, il en fut président de 1895 à 1903 ; c’est pendant son mandat que le parc Stanley fut aménagé et que la ville ajouta neuf nouveaux parcs à son réseau.
Tatlow prit part à la fondation de la Mainland Association, qui cherchait à augmenter la représentation de Vancouver à l’Assemblée législative. Défait aux élections provinciales de 1890 et de 1894, il fut élu député de Vancouver City en 1900. À une assemblée des représentants élus tenue le 18 juin, il présenta, avec son ami Richard McBride*, une motion de censure envers le lieutenant-gouverneur Thomas Robert McInnes, laquelle entraîna la destitution de celui-ci. Tatlow appuya le gouvernement de James Dunsmuir*, formé le même mois. Il proposa, à titre de simple député, un projet de loi visant à empêcher l’entrée des immigrants asiatiques, projet qui fut adopté plus tard dans l’année. Cette loi, qui exigeait que tous les immigrants soient capables d’écrire une langue européenne, fut l’une des nombreuses mesures de ce genre que le gouvernement fédéral refusa de reconnaître. Tatlow la présenterait de nouveau en 1902, avec le même résultat.
En avril 1901, Tatlow se brouilla avec le gouvernement au sujet de la politique des chemins de fer. Opposé à l’aide publique aux entreprises ferroviaires, il croyait que les voies ferrées seraient construites sans subventions. Il déclara qu’on lui avait offert un poste au gouvernement d’Edward Gawler Prior, qui remplaça celui de Dunsmuir en 1902–1903, mais que, tout comme McBride, il avait refusé, puisque la politique des chemins de fer resterait essentiellement la même. Quand le gouvernement Prior tomba, McBride forma le suivant et Tatlow entra au cabinet. McBride convoqua rapidement des élections et, en octobre 1903, Tatlow fut réélu comme conservateur dans le premier gouvernement de la Colombie-Britannique constitué selon le principe des partis. Ministre des Finances et de l’Agriculture durant les six années suivantes, il fut commissaire des Terres et des Travaux publics pendant une courte période et remplaça McBride comme premier ministre et leader parlementaire en l’absence de celui-ci.
Au ministère des Finances, Tatlow fut salué comme un sauveur et un génie pour avoir soustrait la province à la faillite qui la menaçait en 1903. La vente rapide des terres de la couronne et des droits forestiers, effectuée selon des conditions très avantageuses pour les acheteurs, engendra des recettes telles que la dette de 12 millions de dollars qui grevait la province en 1903 se transforma en 1910 en un surplus de 8 millions. Pour augmenter encore les recettes de la province, Tatlow obligea également les représentants de commerce qui n’habitaient pas la Colombie-Britannique à verser des droits pour l’obtention d’un permis, ce qui lui attira le blâme d’organisations commerciales canadiennes. À titre de ministre de l’Agriculture, il conclut avec l’Armée du Salut une entente visant l’immigration de un ou de deux milliers de journaliers et domestiques britanniques afin qu’on ait moins besoin de faire appel à la main-d’œuvre asiatique. En se préparant aux élections de 1909, McBride fit volte-face sur la question des chemins de fer et proposa des garanties pour aider à financer la construction du Canadian Northern Railway. Le 19 octobre, Tatlow démissionna dans un geste de protestation. Il mourut au printemps suivant après avoir été projeté hors de sa voiture.
Dans ses placements spéculatifs, Robert Garnett Tatlow n’agissait pas différemment de bien des capitalistes de la Colombie-Britannique avant la Première Guerre mondiale, et l’étendue de sa fortune, évaluée à 125 000 $, témoigne du succès qu’il a connu. Sa carrière montre bien toute la place qu’occupait l’élite anglo-irlandaise dans la province à la fin du xixe et au début du xxe siècle, ainsi que l’extraordinaire importance des chemins de fer tant en politique que dans le monde des affaires. Si ce n’était de ce comportement exceptionnel qui le fit démissionner pour une question de principe, Tatlow serait aussi représentatif de ces entrepreneurs-politiciens qui ont marqué la politique de la Colombie-Britannique depuis la Confédération.
BCARS, GR 443, box 23, file 1 ; box 59, file 6 ; GR 1415, file 1910/1614.— City of Vancouver Arch., Add. mss 54 (J. S. Matthews coll.), 04480, file 7a ; Add. mss 108 (Oppenheimer family papers).— Daily Colonist (Victoria), 14 août 1879, 15 déc. 1880, 7 avril, 22, 24 déc. 1886, 30 avril 1901, 12 avril 1910, 29 sept. 1961, 26 août 1967, suppl.—Vancouver Daily Province, 11 avril 1910, 17 sept. 1919.—Vancouver Daily World, 6–7 juin, 27 juill. 1890, 30 avril 1894.— Victoria Daily Times, 13–14 avril 1910.— Annuaires, C.-B., 1887, 1889, 1894–1899 (Williams), 1890, 1898 (Henderson) ; Montréal, 1871–1872.— R. E. Cail, Land, man and the law : the disposal of crown lands in British Columbia, 1871–1913 (Vancouver, 1974).— Canada, Dép. de la Milice et de la Défense, Militia list (Ottawa), 1872–1878 ; Parl., Doc. de la session, 1880, n° 8.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1901–1902, 1905, 1907.— C.-B., Legislative Assembly, Sessional papers, 1887 ; Treasury Dept., Budget speech (Victoria), 1908.— CPG, 1909.—8. E. Gosnell, A history o[f] British Columbia (s.l., 1906).— R. A. J. McDonald, « The business élite and municipal politics in Vancouver, 1886–1914 », Rev. d’hist. urbaine (Ottawa), 11 (1982–1983), n° 3 : 1–14.— W. C. McKee, « The Vancouver park system, 1886–1929 : a product of local businessmen », Rev. d’hist. urbaine, [7] (1978–1979), n° 3 : 33–49.— M. A. Ormsby, British Columbia : a history ([Toronto], 1958).— Martin Robin, The rush for spoils : the company province, 1871–1933 (Toronto, 1972).— P. E. Roy, A white man’s province : British Columbia politicians and Chinese and Japanese immigrants, 1858–1914 (Vancouver, 1989).— B. R. D. Smith, « Sir Richard McBride ; a study in the Conservative party of British Columbia, 1903–1916 » (thèse de m.a., Queen’s Univ., Kingston, Ontario, 1960).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 1.— R. M. Steele, The first 100 years : an illustrated celebration [Vancouver Board of Parks and Recreation] ([Vancouver], 1988).— Vanity Fair (Londres), 16 juin 1909.
John Lutz, « TATLOW, ROBERT GARNETT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tatlow_robert_garnett_13F.html.
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Auteur de l'article: | John Lutz |
Titre de l'article: | TATLOW, ROBERT GARNETT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
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