SWABEY, WILLIAM, soldat, fonctionnaire, fermier et homme politique, né en Angleterre le 13 juin 1789, fils de Maurice Swabey et de Catherine Bird ; épousa, le 4 août 1820, Mary Ann Hobson qui lui donna sept fils et quatre filles ; décédé en Angleterre le 6 février 1872.

William Swabey, originaire du Buckinghamshire, passa 18 ans dans l’armée anglaise et s’éleva au grade de capitaine dans la Royal Horse Artillery. Il prit part à la bataille de Copenhague, combattit dans la péninsule ibérique et à Waterloo. En 1840, plusieurs années après avoir quitté l’armée, Swabey émigra à l’Île-du-Prince-Édouard avec sa famille. Il se fixa à Charlottetown Royalty et loua deux fermes, d’une étendue totale d’environ 100 acres, qu’il mit en culture avec l’aide de sa famille. Il adopta les méthodes d’exploitation les plus modernes et à plusieurs reprises fit savoir par le moyen d’annonces publicitaires qu’il disposait d’un surplus de foin, de blé et de navets.

Dès son arrivée dans la colonie, Swabey s’intéressa de façon active et notoire à diverses organisations, telle la Colonial Church Society, et fit partie de groupements qui recherchaient le progrès de la colonie. En novembre 1841, le lieutenant-gouverneur, sir Henry Vere Huntley*, un ami personnel, le nomma au Conseil législatif. Swabey participa à la session du printemps suivant puis remit sa démission, sur les instances de Huntley, pour tenter de se faire élire à l’Assemblée. Lors des élections générales de 1842, il se présenta sous l’étiquette tory dans le deuxième district du comté de Prince, mais il essuya un échec ; deux ans plus tard, il était de nouveau désigné au Conseil législatif et il y demeura jusqu’à son retour en Angleterre.

Au ministère des Colonies, Swabey était tenu pour « un grand tory », mais il changea d’allégeance aux environs de 1845 pour accorder son appui au parti réformiste ; il se constitua même le principal porte-parole de ce parti au Conseil législatif. Cette orientation nouvelle n’était peut-être pas étrangère au revirement survenu dans les opinions politiques du lieutenant-gouverneur Huntley, qualifié de tyran parce qu’il avait eu recours aux troupes pour réprimer les désordres provoqués par le projet de la confiscation des terres en 1843 [V. John McDonald], et qui s’était dissocié des tories pour des motifs peut-être plus personnels que politiques. Les dissensions de Huntley avec les notables de l’oligarchie étaient bien connues de tous et lorsqu’il quitta l’île, en 1847, on le considérait comme un héros réformiste.

À l’avènement de la responsabilité ministérielle en 1851, Swabey entra au Conseil exécutif du gouvernement libéral de George Coles, et fut nommé receveur de l’enregistrement et plus tard commissaire des Terres de la couronne. Il occupa ces postes prestigieux et une douzaine d’autres de moindre importance pendant presque tout le temps où le gouvernement libéral fut au pouvoir, soit jusqu’en 1859. Swabey ne se priva pas de faire connaître ses vues sur la question des terres, et en vint peu à peu à préconiser une solution radicale, puisque l’application des mesures graduelles n’avait pas amené l’abolition du système de la tenure à bail. Le problème de l’éducation fut une autre de ses préoccupations majeures : il fut membre du conseil de l’Éducation pendant 18 ans, et se fit l’avocat de la loi de 1852 établissant la gratuité scolaire ; il en défendit avec véhémence l’aspect non confessionnel quand on souleva la question de la Bible [V. Coles].

William Swabey fut un ardent partisan du parti libéral ; sa compétence et aussi le fait d’avoir changé d’allégeance politique firent de lui un personnage fort discuté et cela fut éloquemment démontré lors de son départ pour l’Angleterre en 1861. Le dîner d’adieu qu’on lui offrit à titre de libéral et la salve d’honneur que lui valut son grade de lieutenant-colonel de milice donnèrent lieu à des débats acrimonieux dans la presse locale. Les racontars des journaux n’apportèrent toutefois pas de précisions sur les raisons qui motivèrent le départ de Swabey, mais il est fort possible qu’à son âge – il avait 72 ans – il ait tout simplement désiré prendre sa retraite et passer ses dernières années au pays natal.

Ian Ross Robertson

PRO, CO 226/89, 201–216 est particulièrement important parce qu’il contient une lettre de William Swabey à Dominick Daly*, datée du 30 juin 1858, qui fournit la version de Swabey sur la question de la Bible pour la période de 1845 à 1858. V. aussi : CO 226/91, 173–175 ; CO 226/92, 11–21 ; CO 226/94, 144–151. Journal of the Legislative Council of Prince Edward Island, 1842, 1844–1861. Debates of the Legislative Council of Prince Edward Island, 1856–1860. Les débats de 1861 ne furent pas publiés sous forme de volume ; pour ce qui est des débats des années 40, du début des années 50 et de 1861, voir les comptes rendus qu’en ont donnés les journaux de l’île.

Pour les comptes rendus du dîner d’adieu offert à Swabey, V. : Examiner (Charlottetown), 18 nov., 25 nov., 2 déc., 16 déc., 23 déc. 1861, et Islander (Charlottetown), 22 nov., 29 nov., 13 déc. 1861. V. aussi : Examiner (Charlottetown), 9 févr. 1857. Island Argus (Charlottetown), 12 mars 1872. Monitor (Charlottetown), 26 avril 1859. Patriot (Charlottetown), 14 mars 1872. Royal Gazette (Charlottetown), 19 avril, 10 mai, 21 juin 1842. Robertson, Religion, politics, and education in PEI.  [i. r. r.]

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Ian Ross Robertson, « SWABEY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/swabey_william_10F.html.

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Auteur de l'article:    Ian Ross Robertson
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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