STUART, GEORGE OKILL (O’Kill), avocat, homme politique et juge, né le 12 octobre 1807 à York (Toronto), fils de George Okill Stuart*, prêtre de l’Église d’Angleterre, et de Lucy Brooks ; en 1833, il épousa Margaret Black Stacey, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 5 mars 1884 à Québec.

George Okill Stuart, issu d’une famille influente et respectée, fit ses études à Kingston, Haut-Canada, puis à Québec, avant d’y entreprendre des études de droit dans le bureau de son oncle, James Stuart*, procureur général du Bas-Canada. Reçu au barreau en 1830, il s’associa, quatre ans plus tard, avec son oncle dans l’exercice de sa profession ; cette association dura jusqu’à ce que ce dernier soit nommé juge en chef du Bas-Canada en 1838. George Okill Stuart fut également actif sur la scène municipale. De 1841 à 1843, il fut conseiller juridique de la ville de Québec. En décembre 1843, il fut élu conseiller du quartier Saint-Louis et, l’année suivante, il siégea dans des comités sur la santé publique, les finances et les élections. Stuart connut des succès continus dans les élections municipales et, le 9 février 1846, le conseil municipal l’élut à l’unanimité maire de la ville de Québec, comme successeur de René-Édouard Caron*. Il devenait ainsi le premier maire anglophone de la ville. Durant les quatre ans de son mandat, la ville améliora l’éclairage des rues et entreprit la construction d’un réseau d’aqueduc et d’égout.

Pendant toute sa carrière politique, Stuart fut considéré comme une personne bénéficiant de l’appui des groupes anglophone et francophone. Sa déclaration de principe selon laquelle il adopterait une « ligne de conduite constante, indépendante et impartiale » lui permit d’obtenir un des deux sièges de la ville de Québec aux élections provinciales de 1851, où il s’était présenté comme conservateur indépendant. Toutefois, en juillet 1854, il subit une défaite écrasante dans son comté devenu une circonscription où trois sièges étaient à pourvoir ; ses adversaires étaient Charles Joseph Alleyn, Jean Blanchet* et Jean Chabot*. Il y eut une telle rumeur « d’irrégularités et de parjures » lors de cette élection que Stuart contesta les résultats, mais sans succès. Après la démission de Blanchet, en mars 1857, pour cause de maladie, Stuart se laissa persuader par ses amis de briguer les suffrages. Il gagna l’élection partielle du 14 avril, mais quitta la politique en novembre de la même année, à la fin de la session.

Entre-temps, Stuart était retourné à la pratique du droit. Comme bâtonnier du Barreau du Bas-Canada pour le district de Québec du 1er mai 1851 au 1er mai 1853, il avait contribué de façon décisive à faire augmenter le traitement des juges adjoints. Nommé conseiller de la reine en 1854, il avait été désigné en septembre 1855, temporairement, au poste de juge adjoint de la Cour supérieure du Bas-Canada, en vertu de la loi de 1854 abolissant la tenure seigneuriale. En 1861, il pratiqua le droit avec John Murphy, et leur association connue sous la raison sociale de Stuart and Murphy dura au moins 11 ans.

En avril 1873, Henry Black*, juge de la Cour de vice-amirauté et oncle de l’épouse de Stuart, rechercha et obtint les services de Stuart comme adjoint ; quatre mois plus tard, Black décédait. Stuart fut désigné le 27 octobre pour le remplacer et il fut assermenté le 2 janvier 1874. Stuart s’était particulièrement intéressé au droit maritime et, comme avocat, il comptait dans ce domaine une clientèle importante. De plus, il avait fait, en 1834, une compilation des décisions des cours du banc du roi, d’appel et de vice-amirauté, et publié en 1858 un recueil de jurisprudence concernant le droit maritime sur le Saint-Laurent, qui fut suivi d’un second volume en 1875. Un jugement rendu par Stuart en 1880 concernant le brigantin Atalaya, détenu pour contravention à la loi de 1870 sur l’enrôlement à l’étranger, fit beaucoup de bruit. Il décida que, les accusations n’étant pas fondées, le navire devait être libéré et que ses propriétaires devaient recevoir compensation pour les frais et dommages résultant de la détention. Les juges de la Cour de vice-amirauté étaient nommés par la Grande-Bretagne et il y a lieu de croire que, vers la fin de ses jours, Stuart se posa de sérieuses questions sur les responsabilités des gouvernements impérial et du dominion concernant la cour. En 1891, la cour fut abolie et remplacée par la Cour de l’échiquier du Canada.

Stuart et son épouse étaient des personnes en vue dans la société québécoise. Il eut aussi un rôle actif dans plusieurs entreprises de la ville de Québec, dont la Compagnie d’assurance du Canada, contre les accidents du feu, et la Banque de Québec. Il fit également partie du conseil d’administration de la Compagnie du chemin de fer et de la navigation du Saint-Maurice en 1857. En 1863, il fut délégué laïc au synode du diocèse de Québec de l’Église d’Angleterre et, de 1873 à 1875, il fut conseiller juridique honoraire de la Church Society. À sa mort, le Morning Chronicle rapporta que la mémoire de Stuart serait chérie par ceux qui avaient connu « quels goûts simples, et quelle nature tendre, généreuse et chaleureuse voilait un extérieur quelque peu formaliste et réservé ».

Kenneth S. Mackenzie

George Okill Stuart est le compilateur de Reports of cases argued and determined in the courts of King’s Bench and in the provincial Court of Appeals of Lower Canada, with a few of the more important cases in the Court of Vice Admiralty [...] (Québec, 1834), et l’éditeur de Cases selected from those heard and determined in the Vice-Admiralty Court at Quebec [...] (2 vol., Londres, 1858–1875).

AO, MU 2 923.— APC, MG 27, I, I27 ; RG 1, E1, 98 ; RG 4, C1, 295, file 880 ; 383, file 3 204 ; RG 13, A1, 447, files 630, 1 459.— Canada Gazette, 18 déc. 1854.— Cases selected from those heard and determined in the Vice-Admiralty Court at Quebec [...], William Cook, édit. (Montréal, 1885), 215–239.— Quebec Gazette, 27 juill. 1854.— Quebec Morning Chronicle, 11 févr. 1846, 14 oct., 5, 17 nov., 16 déc : 1851, 5 juill. 1854, 18 juill. 1872, 24 juill. 1880, 5 mars 1884, 4 juill. 1893.— Canadian biog. dict., II.— Dominion annual register, 1884 : 246s.— Quebec directory, 1844–1881.— P.-G. Roy, Les juges de la prov. de Québec.— F.-X. Chouinard et Antonio Drolet, La ville de Québec, histoire municipale (3 vol., Québec, 19631967), III.

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Kenneth S. Mackenzie, « STUART, GEORGE OKILL (O’Kill) (1807-1884) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stuart_george_okill_1807_1884_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024