STAYNER, THOMAS ALLEN, soldat, maître général des Postes, né à Halifax le 16 décembre 1788, fils de John Stayner et de Mary Allen, décédé à Toronto le 23 juin 1868.

Descendant d’une famille puritaine de la Nouvelle-Angleterre, Thomas Allen Stayner entre au service de l’armée britannique et travaille, en 1808, comme commis auprès du secrétaire militaire à Halifax. Pendant la guerre de 1812, on le retrouve à Montréal. Le 15 mai 1817, il épouse, à Champlain, New York, Louisa, fille cadette de Daniel Sutherland*, dont il aura 16 enfants. Stayner reste dans l’armée active vraisemblablement jusqu’en 1823. L’année suivante, il est nommé maître de poste à Québec.

En 1827, Stayner succède à son beau-père comme maître général des Postes du Haut et du Bas-Canada qui comptent alors un peu plus de 80 bureaux de poste. Depuis 1821, les chambres d’Assemblée de ces deux provinces contestaient à Londres son droit de contrôler les postes, de fixer les tarifs et de bénéficier des recettes. Elles demandaient régulièrement à la métropole de leur céder ce droit. La véritable lutte s’engage sous Stayner. Quelques mois après son entrée en fonction, Stayner augmente le nombre des bureaux de poste et ajoute de nombreux courriers dans les régions nouvellement colonisées. Toutefois, comme il a agi sans l’autorisation de son supérieur immédiat, le ministre britannique des Postes, celui-ci lui reproche ces dépenses excessives.

D’autre part, Stayner subit, et subira jusqu’en 1851, les foudres des Assemblées des deux Canadas. Elles dénoncent comme illicites les gains qu’il se procure en fixant lui-même les tarifs sur les journaux canadiens ; le maître général des Postes pouvait conserver les revenus provenant de cette source, et Stayner recevait ainsi un salaire presque aussi élevé que celui du gouverneur général. Les comités d’enquête, que les chambres mettent périodiquement sur pied, recommandent l’établissement de bureaux de poste provinciaux contrôlés par les Assemblées canadiennes, afin que les revenus des postes soient versés non plus à l’Angleterre, mais au Canada.

Stayner devient peu à peu la cible des marchands et des journaux, entre autres du Colonial Advocate de York (Toronto) et de la Montreal Gazette. On lui reproche les tarifs élevés, la lenteur dans le service et l’envoi des recettes en Angleterre. Pendant un certain temps, il peut compter sur l’appui de Londres et d’amis politiques qui détiennent au Canada le pouvoir exécutif. Toutefois, il ne réussit plus à satisfaire et le ministre britannique et les chambres d’Assemblée des Canadas. En conséquence, Stayner perd peu à peu ses prérogatives. Les gains provenant des tarifs sur les journaux sont abolis en 1844 ; en compensation, Londres lui alloue un revenu annuel de £2 500 alors que ses successeurs ne recevront que £1 500. La même année, le gouverneur s’approprie le droit de nommer et de renvoyer les maîtres de poste et de fixer les tarifs ; de plus, le bureau central est transféré à Montréal. Enfin, le 6 avril 1851, l’Assemblée de la province du Canada obtient tous les pouvoirs sur les postes [V. James Morris]. Celles-ci s’étaient améliorées sous la direction de Stayner ; de 1845 à 1851, on avait accru la rapidité du service et ouvert des centaines de bureaux dont le nombre s’élevait à 853 en 1851. S’il sut gagner l’estime de ses supérieurs britanniques, Stayner perdit sa popularité au Canada. Aussi, se retira-t-il en 1851, non pas pauvre, mais déçu.

En plus de ses fonctions de maître général des Postes, Stayner fut nommé membre de l’Institution royale pour l’avancement des sciences en 1834, juge de paix pour le district de Québec en 1838 et pour le district de Trois-Rivières en 1839. On ne sait que très peu de chose sur les dernières années de sa vie. Après avoir résidé à Montréal de 1844 à 1851 au moins, Stayner s’établit à Toronto où il semble avoir été un des administrateurs de la Bank of Upper Canada de 1854 à 1859 et son vice-président en 1860.

André Martineau

APC, RG 3, 1, 1–14 ; RG 3, 9, 5 ; RG 8, I (C series), 117, 122, 131, 226, 1 169, 1 203 1/2 E et F.— PANS, Vertical mss file, Allen family of Dartmouth, N.S., C. S. Stayner, compil.— PRO, CO 42/441 (mfm aux APC).— Colonial Advocate, 19 sept. 1833, 2 oct. 1834.— La Gazette de Québec, 5 juin 1817.— Globe, 25 juin 1868.— Pilot and Journal of Commerce (Montréal), 2 août 1844.— William Smith, The history of the Post Office in British North America (Cambridge, Angl., 1920), 153–273.

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André Martineau, « STAYNER, THOMAS ALLEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stayner_thomas_allen_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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