GRIFFIN, WILLIAM HENRY, fonctionnaire, né le 7 août 1812 à Londres, fils de George Griffin, chirurgien militaire ; il se maria et eut au moins deux filles ; décédé le 4 novembre 1900 à Claygate, Surrey, Angleterre.

La rareté des renseignements sur William Henry Griffin, l’homme qui détient probablement le record de la plus longue carrière de fonctionnaire au Canada, illustre bien la tradition d’anonymat associée à la fonction publique permanente. Griffin passa toute sa carrière aux Postes : embauché à titre de commis le 24 avril 1831, soit environ un an après son arrivée au Canada, il prit sa retraite le 30 juin 1888. Maître général des Postes adjoint durant les 20 dernières années de ce total remarquable de 57 années de service, il était le doyen des sous-ministres de l’époque.

Lorsque Griffin entra aux Postes, celles-ci faisaient partie de la fonction publique impériale [V. Thomas Allen Stayner*] dirigée depuis Whitehall. En 1833, il devint maître de poste de la ville de Québec puis, le 1er mai 1835, inspecteur des Postes pour la partie de l’Amérique du Nord britannique comprise entre Kingston et Fredericton. Trois ans plus tard, il était attaché au bureau de Stayner, alors maître général des Postes adjoint. L’expérience ainsi acquise l’avait préparé à remplir l’importante fonction de secrétaire des Postes de la province du Canada, qu’il exerça sous la direction du maître général des Postes James Morris* à compter du 6 avril 1851, au moment où l’on transféra le département aux colonies d’Amérique du Nord britannique. Durant les années 1850, le service postal se développa rapidement : on commença à émettre des timbres et des mandats-poste, à trier le courrier dans les trains et à expédier des colis ; on prit aussi des mesures pour améliorer le service dans la région de la Rivière-Rouge (Manitoba) et les colonies de l’Atlantique. Le 12 juin 1857, dans le cadre de la réorganisation de l’administration centrale du département, on nomma Griffin maître général des Postes adjoint.

Après la Confédération, c’est le gouvernement du dominion qui se chargea des services postaux regroupés du Canada-Uni, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, et le 29 mai 1868 Griffin devenait maître général des Postes adjoint de la nouvelle administration. L’année suivante, une commission royale d’enquête sur la fonction publique loua sa bonne gestion du département. Le fait qu’il ait été membre de cette importante commission laisse entendre qu’il avait mérité le respect et la confiance de ses collègues. Durant les années que Griffin passa dans la fonction publique du dominion, l’administration postale, plus préoccupée de fournir des services que de parvenir à l’autonomie financière, connut une expansion rapide : les dépôts locaux étaient si nombreux que le département mit sur pied en 1868 une caisse d’épargne postale avant de négocier en 1875 une entente postale avec les États-Unis. Durant toute cette période, le personnel de l’administration centrale doubla et le nombre de bureaux de poste passa de 3 630 à plus de 7 600. Cependant, le nom de Griffin ne figura jamais dans un rapport annuel, si bien qu’à sa retraite ni son supérieur politique, le ministre des Postes Archibald Woodbury McLelan*, ni le Parlement ne soulignèrent publiquement sa contribution. Il avait pourtant géré le plus gros département du gouvernement du dominion, et ce à une époque où la forte expansion du territoire et l’admission de nouvelles provinces conféraient aux services postaux une importance toute particulière.

En 1880, on appela Griffin à témoigner à titre d’expert devant une autre commission d’enquête sur la fonction publique. Les détails qu’il donna dans son témoignage révèlent son excellente compréhension des problèmes qu’éprouvait alors la bureaucratie canadienne, mais aussi son hésitation à formuler de franches critiques, attribuable peut-être au fait qu’il dirigeait un département considéré comme un foyer privilégié du favoritisme. Griffin eut néanmoins des liens avec les premiers organismes de réglementation et de coordination qui cherchèrent, quoique timidement, à inculquer à la bureaucratie des principes de saine gestion des finances et du personnel. À titre de chef d’un important département générateur de revenus, il devint membre du Bureau d’audition [V. John Langton] en 1858, puis du Bureau des droits de douane, d’accise et des timbres en 1864. Il fit également partie du Bureau d’examinateurs pour le service civil (créé en 1857 et maintenu après la Confédération), précurseur inefficace de la Commission du service civil mise sur pied en 1908. À tous ces postes, il contribua largement au long processus qui visait à donner à la fonction publique une structure conforme aux exigences du développement du dominion.

Selon le Canadian biographical dictionary de 1880, William Henry Griffin, anglican et à l’époque président de la Civil Service Building and Savings Society, était « un homme plein d’entrain et d’une nature [empreinte] d’une cordialité authentique ». Fait compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1890, en reconnaissance de ses services, il mourut en Angleterre dix ans plus tard.

J. E. Hodgetts

AN, MG 24, I104 ; RG 3.— Canada, Post Office Dept., Report of the postmaster general (Ottawa), 1867–1888.— Canada, prov. du, Post Office Dept., Report of the postmaster general (Ottawa), 1851–1867.— Times (Londres), 10 nov. 1900.— Canadian biog. dict.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— Political appointments and judicial bench (N.-O. Coté).— Postes Canada, le Service postal au cours des siècles ([Ottawa, 1974]).— William Smith, The history of the Post Office in British North America, 1639–1870 (Cambridge, Angl., 1920 ; réimpr., New York, 1973) (comprend un portrait à la page 273).

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J. E. Hodgetts, « GRIFFIN, WILLIAM HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/griffin_william_henry_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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