SIMMS, SOPHIA (Dalton), éditrice, née en 1785 ou 1786 dans les environs de Birmingham, Angleterre ; vers 1805, elle épousa Thomas Dalton*, et ils eurent trois fils et quatre filles ; décédée le 14 juin 1859 à Toronto.
L’un des 15 enfants nés de l’union de William et Mary Simms de Hall Green (Birmingham), Sophia Simms était la sœur de l’éminent juriste et homme politique de Terre-Neuve, James Simms*. Vers 1805, elle épousa Thomas Dalton, de Birmingham, et elle passa la plus grande partie des 12 années suivantes à Terre-Neuve. Son mari représentait, à St John’s, des maisons d’affaires de Birmingham et de Londres, et il y posséda plus tard sa propre entreprise. Ayant fait faillite lors du marasme économique qui suivit la fin des guerres napoléoniennes, les Dalton quittèrent Terre-Neuve en 1817 et allèrent s’établir à Kingston, dans le Haut-Canada. Thomas y ouvrit une brasserie et fut nommé au conseil d’administration de la première Bank of Upper Canada.
Les Dalton virent leurs affaires prospérer durant quelques années, mais la faillite qui frappa l’entreprise privée qu’était la Bank of Upper Canada en 1822 et les dures sanctions imposées par la suite aux administrateurs leur apportèrent de rudes épreuves. Un désastreux incendie qui éclata dans la brasserie à la fin de 1828 acheva de les ruiner. En novembre 1829, avec l’aide de sa famille, Thomas Dalton entreprit une nouvelle carrière en tant qu’éditeur du Patriot and Farmer’s Monitor, mais il dut sacrifier la brasserie et la confortable maison familiale en vue de financer le projet. Trois ans plus tard, soit en octobre 1832, les Dalton se fixèrent à York (Toronto) où le Patriot, resté inébranlable dans ses convictions probritanniques et devenu très conservateur, allait se révéler l’un des journaux les plus influents de cette période. Ils connurent alors une vie plus facile, mais Thomas, déçu de l’attitude du gouvernement devant les problèmes qui assaillaient la province, se permit dans ses éditoriaux de fréquents accès de colère ; Sophia faisait de son mieux pour amener son mari à se modérer.
Lorsque Thomas mourut d’une crise d’apoplexie le 26 octobre 1840, Sophia assuma la gestion du journal bihebdomadaire ; elle devenait ainsi la première femme à éditer avec succès un journal à Toronto, mais elle n’effectua pas elle-même le travail de rédaction. J. P. Macklin, qui aurait travaillé à un certain moment au Manchester Guardian, en Angleterre, et qui était déjà adjoint au rédacteur en chef du Patriot, se chargea de cette tâche. Toutefois, Sophia fit clairement savoir qu’elle n’avait pas l’intention de déroger à la règle de conduite de son mari, qui consistait à dénoncer impitoyablement tous les maux. Dans une lettre confidentielle à Dominick Daly*, Macklin écrivit en novembre 1840 qu’il n’était « pas sans entraves, étant obligé de fléchir devant les instructions de [ses] employeurs (la veuve [de Dalton], etc.) ». Et il ajoutait : « Je me suis cependant efforcé de modérer le ton du journal et, ce faisant, je suis tombé dans un guêpier. » Les autres rédacteurs en chef qui suivirent adoptèrent cette attitude, et Sophia garda la haute main sur le journal jusqu’au 9 octobre 1848.
Pendant les années où il fut la propriété de Sophia Dalton, le Patriot ne perdit rien de la place qu’il occupait comme l’un des principaux journaux conservateurs. Lorsqu’elle annonça sa retraite à l’âge de 63 ans, Sophia déclara que « même si durant [cette] période des hommes compétents s’étaient chargés du secteur de la rédaction, il restait que, à cause de sa situation particulière à elle, il avait dû se produire un grand nombre d’imperfections, surtout dans les sujets d’intérêt local, par suite du manque de cette énergie et de ce dynamisme absolument indispensables à la publication d’un journal ». Mme Dalton était aussi « heureuse de pouvoir dire aux amis du Patriot qu’il se trouv[ait] entre les mains d’hommes qui le diriger[aient] dans le respect des principes conservateurs observés jusqu’alors et avec la vigueur et le talent qu’elle n’avait pas été en mesure de montrer ». Le Patriot fut vendu à Edward George O’Brien* et, durant une courte période, Lucius James O’Brien*, le frère du propriétaire, et, plus tard, Samuel Thompson* en furent les rédacteurs en chef.
Sophia Dalton éleva huit enfants, dont un fils né du premier mariage de son mari. Deux de ses fils, William Henry et Robert Gladstone, travaillèrent dans les bureaux du journal pendant leur jeunesse et acquirent par la suite une certaine notoriété, l’un en tant que médecin et l’autre comme avocat. Discrète et sans prétention, mais apparemment douée d’une grande force de caractère, Sophia parvint à maintenir au sein de la famille une paix menacée par de nombreuses tempêtes. Matthew Teefy, qui était apprenti au Patriot au moment du décès de Thomas, déclara plus tard au sujet de Sophia : « Je me rappellerai avec un sentiment de satisfaction durant toute ma vie [...] la courtoisie de Mme Dalton. C’était une personne aimable et bonne. » Au moment de sa mort, Sophia Dalton ne possédait que des biens très modestes. Elle avait toutefois pris des dispositions spéciales en faveur de ses filles et de sa belle-fille en plaçant des fonds en fidéicommis dont celles-ci pouvaient « disposer à leur guise sans la surveillance de leurs maris ».
Le journal des Dalton, Patriot and Farmer’s Monitor, parut à Kingston, Ontario, du 12 oct. [en réalité 12 nov.] 1829 au 23 oct. 1832, et à York (Toronto) du 7 déc. 1832 au 18 mars 1834. Il s’appela Patriot à partir du 21 mars 1834 et devint le Toronto Patriot le 3 janv. 1840. Dans les numéros du 25 mars, 1er avril, 1er juin 1830, 23 oct., 7 déc. 1832, 27 oct., 20 nov., 29 déc. 1840, et 10 oct. 1848, on trouve des renseignements sur la vie de Sophia.
AO, MS 78 ; MU 2113, 1858, no 16 ; RG 22, sér. 155, testament de Thomas Dalton.— APC, RG 5, A1 : 36415–36425, 47740–47743, 135347–135350 ; RG 9, I, B1, 9, List of appointments, 16 août 1821 ; 12, Markland à Coffin, 2 juill. 1824.— Arch. privées, I. R. Dalton (Toronto), I. R. Dalton, « Thomas Dalton and the « pretended bank » (ms., Toronto, 1981).— Cathedral of St John the Baptist (Anglican) (St John’s), Reg. of baptisms, 27 avril 1807, 7 sept. 1809, 9 mars 1813.— ÉÉC-O, St George’s Cathedral (Kingston), reg. of baptisms, 7 mai 1825.— Frontenac Land Registry Office (Kingston), Deeds, vol. E, no 276 (mfm aux AO, GS 3928) ; vol. K, no 156 (mfm aux AO, GS 3932).— PANL, P1/5, Thomas Dalton à Duckworth, 31 août 1811 (mfm aux APC).— St James’ Cemetery and Crematorium (Toronto), Record of burials, 16 juin 1859 (Sophia Dalton), 24 juill. 1865 (Charles Simms).— York County Surrogate Court (Toronto), no 1685, testament de Sophia Dalton, homologué le 18 mai 1874 (mfm aux AO).— Arthur papers (Sanderson), 2 : 436–437 ; 3 : 165.— [Thomas Dalton], « By the words of thy own mouth will I condemn thee » ; to Christopher Alexander Hagerman, esq. ([Kingston, 1824] ; copie à la MTL).— H.-C., House of Assembly, Journal, 1825, app. B.— Murphy, Winter studies and summer rambles, 1 : 272.— Aris’s Birmingham Gazette ; or the General Correspondent (Birmingham, Angl.), 9 avril 1804.— Kingston Chronicle, 16 juill. 1819, 29 nov. 1828.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 10 janv. 1811, 3 déc. 1816.— Upper Canada Herald (Kingston), 1823.— Birmingham directory, 1808.— Raymond Card, « The Daltons and The Patriot », CHR, 16 (1935) : 176–178.— Courier (St John’s), 9 août 1865.— I. R. Dalton, « The Kingston brewery of Thomas Dalton », Historic Kingston, no 26 (1978) : 38–50.— Leader, 22 juill. 1865.— M. L. Magill, « James Morton of Kingston – brewer », Historic Kingston, no 21 (1973) : 28–36.
Ian R. Dalton, « SIMMS, SOPHIA (Dalton) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/simms_sophia_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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