Simard, Françoise, dite Marie du Bon Conseil, fondatrice et supérieure générale des Sœurs de Notre-Dame du Bon Conseil de Chicoutimi, née le 18 janvier 1851 dans la mission Saint-Alphonse (Saguenay, Québec), fille d’Hyppolite Simard, cultivateur, et de Dosithée Simard ; décédée le 11 mai 1937 à la maison mère de la congrégation à Chicoutimi (Saguenay).

Françoise Simard fréquente l’école paroissiale jusqu’en 1864, mais sa santé précaire, qui nuira à ses activités pendant toute sa vie, ne lui permet pas de se présenter aux examens. Pendant dix ans, auprès de sa mère, elle vaque à divers travaux ménagers. Le 23 août 1874, Françoise quitte sa paroisse natale pour entrer au noviciat de la Congrégation des Sœurs servantes du Cœur-Immaculé de Marie, dites sœurs du Bon-Pasteur [V. Marie Fisbach*], où elle s’initie à la vie religieuse et complète sa formation scolaire. De graves hémorragies pulmonaires l’obligent cependant à retourner dans sa famille le 21 juin 1876. Après sa convalescence, Françoise est admise, le 30 octobre 1877, au noviciat des Sœurs de la charité de l’Hôpital Général de Montréal, dites sœurs grises, qu’elle doit également abandonner, le 24 mai 1878, pour des raisons de santé. En 1880, le curé Pierre-Hubert Beaudet la prend à son service comme ménagère au presbytère de Saint-Alphonse-de-Liguori à Bagotville (Saguenay). Au décès du curé, le 31 mars 1888, Françoise bénéficie d’une rente viagère. À 39 ans, elle retourne auprès de sa sœur Olympe, mariée à Cléophe Brassard, qui vit dans la municipalité du canton de Tremblay (Saguenay).

En 1892, Françoise est embauchée comme institutrice à l’école de Saint-Fulgence, sur la rive nord du Saguenay. Au même moment, le nouvel évêque du diocèse de Chicoutimi et administrateur apostolique de la préfecture apostolique du Golfe Saint-Laurent, Michel-Thomas Labrecque, planifie le développement des régions dont il est responsable. Dans le but de répondre aux besoins en éducation, il envisage la fondation d’une congrégation de religieuses enseignantes pour les écoles paroissiales. Il confie au directeur des élèves et préfet des études au petit séminaire de Chicoutimi, Elzéar De Lamarre*, le soin d’inviter Mlle Simard à en accepter la responsabilité. Cette dernière y voit l’occasion d’entrer en religion, ce qu’elle attend depuis son départ des sœurs grises. Le 3 novembre 1894, elle traverse le Saguenay et se rend à l’évêché, où l’attend une compagne, Georgianna Bergeron. La fondation des Sœurs de Notre-Dame du Bon Conseil de Chicoutimi a lieu le jour suivant. Mgr Labrecque entreprend alors la formation des religieuses selon l’esprit et les enseignements de saint François de Sales, basés sur la douceur, la bonté et l’amour. Soucieux de leur formation intellectuelle et pédagogique, Mgr Labrecque leur donne aussi une conférence hebdomadaire. L’expérience de Françoise chez les sœurs du Bon-Pasteur lui permet de participer à l’élaboration du règlement de vie des futures religieuses enseignantes. Le 8 décembre 1894, elle et sa compagne revêtent l’habit religieux qu’elles ont elles-mêmes conçu. Françoise Simard prend le nom de sœur Marie du Bon Conseil. Elle prononcera ses vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance le 24 décembre 1896 et fera sa profession perpétuelle le 4 novembre 1899.

L’œuvre d’enseignement de la communauté est inaugurée le 2 septembre 1895, quand deux religieuses, sœur Sainte-Anne et sœur Marie de l’Assomption, sont engagées à l’école du Centre de Chicoutimi. L’expérience dure une seule année, en raison de l’opposition des sœurs du Bon-Pasteur, à qui Dominique Racine*, le premier évêque de Chicoutimi, a accordé le droit exclusif d’enseigner dans les écoles de la ville. Faute de fondation d’écoles, 6 des 17 religieuses de la nouvelle congrégation prennent en charge le service domestique du séminaire de Chicoutimi en 1896. La communauté profitera de cette source de revenus jusqu’en 1904.

Le 27 mars 1899, les Sœurs de Notre-Dame du Bon Conseil de Chicoutimi se dotent d’un premier conseil général composé de quatre religieuses : mère Marie du Bon Conseil, supérieure générale, sœur Saint-Jean-Baptiste, assistante, sœur Saint-Jean-Berchmans, conseillère et maîtresse des novices, et sœur Sainte-Anne, conseillère. Ce conseil est toutefois de courte durée puisque, mis à part mère Marie du Bon Conseil, les religieuses sont affectées aux premières fondations d’école. Cinq sont acceptées durant cette période : Magpie (Rivière Saint-Jean) (1899–1902), Natashquan (1899–1902), Saint-Joseph-des-Sept-Îles (Sept-Îles) (1900–1903), Tadoussac (1900–1906), Betsiamites (1901–1990). La préfecture apostolique du Golfe Saint-Laurent est détachée du diocèse de Chicoutimi en 1903, ce qui entraîne l’abandon des trois premières. Deux autres œuvres voient le jour en 1902 dans l’archidiocèse de Québec, soit l’hôpital Guay (1902–1989), pour les pauvres et les infirmes, fondé par le prêtre Charles Guay à Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy (Lévis), et, à l’invitation du curé du village Victor-Odilon Marois, un pensionnat pour garçons à Montmagny (1902–1904). Dans son diocèse d’attache, mère Marie du Bon Conseil répond aussi à des demandes de fondation d’écoles paroissiales à Saint-Jean-Baptiste-de-l’Anse-Saint-Jean (L’Anse-Saint-Jean) (ouverte en 1902) et à Saint-Joseph-d’Alma (Alma) (1902–1943). À l’invitation des commissaires d’école de la région, elle accepte quatre nouvelles fondations : Saint-Cœur-de-Marie (Alma) (1903–1916), Saint-Gédéon (1903–1968), Grande-Baie (Saguenay) (ouverte en 1904) et Sainte-Anne-de-Chicoutimi (Saguenay) (ouverte en 1904). Une des tâches principales de mère Marie du Bon Conseil est de négocier les conditions de travail des religieuses qui œuvrent dans les fondations. Elle sait leur obtenir des conditions favorables de logement et de salaire.

« Notre dure année », dira mère Marie du Bon Conseil de l’année 1904, au cours de laquelle la communauté doit reconnaître une dette d’environ 17 000 $, accumulée au cours de la construction d’une maison et d’une chapelle près du pensionnat de Montmagny. Afin d’éviter d’ébruiter l’affaire et pour rétablir la paix dans ce conflit impliquant aussi le curé Marois et l’entrepreneur Charles Vézina, mère Marie du Bon Conseil remet les établissements à ce dernier et paie les dettes. Elle doit également retirer les sœurs de l’œuvre en raison de la mésentente avec le curé. Toujours en 1904, elle accepte le départ volontaire de six religieuses, appelées à constituer les Sœurs de Saint-Antoine de Padoue [V. Elzéar De Lamarre]. Sa communauté comprend alors 42 religieuses. Suivent d’autres fondations d’écoles prises en charge par les commissions scolaires locales : Bagotville (1907–1970), Saint-Félicien (ouverte en 1907), Ouiatchouan (Mashteuiatsh) (ouverte en 1910), Péribonka (1911–1920), Saint-Prime (ouverte en 1911), Albanel (1912–1995), Rivière-du-Moulin (Saguenay) (1912–1925), Normandin (1914–1920), Val-Jalbert (Chambord) (1915–1929) et Saint-Jérôme (Métabetchouan–Lac-à-la-Croix) (1916–1977).

En 1914, les 48 sœurs professes procèdent à l’élection des membres du conseil général et mère Marie du Bon Conseil est de nouveau nommée supérieure générale. Sœur Saint-Emmanuel, qui remplit la fonction d’assistante générale depuis 1901, n’est pas réélue et menacerait de quitter la communauté. La fondatrice en informe Mgr Labrecque qui annule l’élection et rétablit sœur Saint-Emmanuel dans ses fonctions. Cette situation suscite un profond malaise au sein de la communauté. La supérieure, à qui l’évêque impose le silence sur cette affaire, se trouve dès lors dans une situation difficile qui durera jusqu’à la fin de son mandat et même au delà. Une phrase qu’elle prononce dans l’adversité, « Il est le Maître », reste le signe évident de sa résignation et de son acceptation aussi bien des épreuves de la vie que des décisions de l’autorité.

Après 24 ans d’exercice du supériorat, mère Marie du Bon Conseil doit céder son poste en 1918, le code de droit canonique adopté à Rome l’année précédente réglant dorénavant la durée d’un mandat. En 1919, la congrégation compte 106 religieuses. Ces dernières dirigent 17 maisons d’éducation et enseignent à près de 3 000 enfants. À 67 ans, mère Marie du Bon Conseil est élue conseillère et supérieure locale de la maison mère. Lorsque sa santé lui permet, elle accompagne les religieuses qui voyagent. Avec sœur Saint-Elzéar, la nouvelle supérieure générale, elle visite les fondations en 1924, retrouvant ainsi sa place dans le cœur de sa communauté. La même année, Mgr Labrecque, qui a fini par mieux comprendre la situation, témoigne à Rome en faveur de mère Marie du Bon Conseil. Selon ses dires, elle est adorée de toute sa communauté et les sœurs reconnaissent unanimement sa constante bienveillance à leur égard.

En acceptant l’invitation de Mgr Labrecque, mère Marie du Bon Conseil a contribué à l’éducation des jeunes dans des écoles élémentaires à l’époque dépourvues d’instituteurs permanents. Avec l’évolution du système d’éducation, la communauté qu’elle a fondée a participé à la formation pédagogique d’institutrices au delà des frontières du diocèse de Chicoutimi, même jusqu’en Afrique noire, où elle a favorisé l’établissement d’une congrégation d’enseignantes autochtones.

Denise Robillard

Nous remercions sœur Esther Chouinard, directrice du Centre historique des Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil de Chicoutimi, pour son aide précieuse en cours de recherche.

BAnQ-SLSJ, CE201-S1, 19 janv. 1851.— Le Progrès du Saguenay (Chicoutimi [Saguenay, Québec]), 14 mai 1937.— [Bethsaïda Drouyn, dite sœur Saint-Jean-de-Dieu], Une figure du Saguenay : mère Marie-du-Bon-Conseil, fondatrice de l’institut des Sœurs de N.-D. du Bon Conseil de Chicoutimi, 1851–1937 ([Chicoutimi ?, 1938 ?]).— Laurie Goulet, « les Méconnus de l’histoire : Françoise Simard, mère Marie-du-Bon-Conseil », Saguenayensia (Chicoutimi), 44 (2002), no 3 : 57.— [Stella Hamann, dite sœur Sainte-Hélène], Mère Marie du Bon Conseil, fondatrice et première supérieure générale de l’institut des Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil de Chicoutimi, 1851–1937 ([Chicoutimi ?, 1957 ?]).— Denise Robillard, la Traversée du Saguenay : cent ans d’éducation : les Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil de Chicoutimi, 1894–1994 ([Saint-Laurent [Montréal]], 1994).

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Denise Robillard, « SIMARD, FRANÇOISE, dite Marie du Bon Conseil », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/simard_francoise_16F.html.

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Auteur de l'article:    Denise Robillard
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
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