SELBY, PRIDEAUX, officier, représentant du département des Affaires indiennes, fonctionnaire et homme politique, baptisé le 21 décembre 1747 à Alnwick, Angleterre, fils de George Selby et de Mary Selby ; il épousa une prénommée Elizabeth, et ils eurent au moins trois enfants ; décédé le 9 mai 1813 à York (Toronto).

Le 21 décembre 1781, Prideaux Selby fut nommé enseigne dans le Se d’infanterie, alors en garnison en Irlande, et il fut promu lieutenant le 28 février 1785. On mentionne pour la première fois sa présence en Amérique du Nord en 1790, année où il fut en garnison à Detroit. Il était probablement venu avec son régiment qui avait débarqué à Québec le 26 juillet 1787 et il s’installa, trois ans plus tard, à Detroit ; dans un rapport du 1er août 1791, il était inscrit comme propriétaire d’une maison à cet endroit.

En avril 1792, le major John Smith, commandant britannique à Detroit et père de David William Smith*, qui allait bientôt devenir arpenteur général du Haut-Canada, recommanda Selby au lieutenant-gouverneur Simcoe comme étant « une personne de confiance et apte à fournir des renseignements à [Son] Excellence ». Au cours des élections, survenues à l’été, Selby appuya activement la candidature de David William Smith à la chambre d’Assemblée et, à peu près au même moment, Simcoe le nomma sous-secrétaire aux Affaires indiennes. On possède peu de renseignements relatifs au fonctionnement du département des Affaires indiennes à cette époque. Cependant, la tâche de Selby a dû être aussi mouvementée qu’épuisante, si on en juge par l’austérité de son programme quotidien. Il semble que ce travail ait exigé de nombreux déplacements ; la variété dans la provenance et la destination du courrier de Selby au cours des années suivantes témoigne en ce sens. De plus, on lui aurait, semble-t-il, confié des responsabilités plus grandes que celles auxquelles un sous-secrétaire pouvait s’attendre. Il entretenait apparemment d’étroites relations avec Simcoe et Alexander McKee*, surintendant général adjoint des Affaires indiennes après 1794, et on s’en remettait périodiquement à lui pour assumer la direction générale du département pendant les fréquentes maladies de McKee, pratique qui allait également se répéter avec William Claus*, successeur de McKee.

La santé de Selby fut également chancelante, et, dans une lettre datant de décembre 1798, McKee exprimait le vœu qu’il « recouvr[ât] bientôt une santé parfaite, en venant à bout de la toux et des crachements ». Peu après, Selby demanda la permission de prendre un congé en Europe pour raison de santé. Peter Russell, administrateur de la province, qui admirait « les capacités et les principes » de Selby, fit parvenir cette requête au gouverneur Prescott. Entre-temps, le bruit courut que les forces françaises et espagnoles, vraisemblablement avec l’aide des Indiens, s’apprêtaient à envahir le territoire britannique en remontant la vallée du Mississippi [V. Wabakinine*]. En conséquence, Prescott décida qu’il serait « malavisé » de permettre à Selby de quitter son poste.

En 1801, peut-être à cause de sa mauvaise santé, Selby obtint du lieutenant-gouverneur Peter Hunter la permission de diriger les affaires du département des Affaires indiennes de sa maison d’Amherstburg. Au mois de mai 1802, il fut nommé juge de paix du district de Western. À cette époque, il se préoccupait, entre autres, d’une mise en valeur judicieuse de ses terres. Ceci l’amena à s’intéresser à la culture du chanvre. Même s’il y a lieu de croire que ses devoirs de juge de paix et ses autres occupations le détournèrent de certaines tâches au département des Affaires indiennes, il n’en continua pas moins à y jouer un rôle important, et on sollicitait généralement son opinion en plus de la respecter. Amherstburg semble avoir été à cette époque un poste qui fonctionnait efficacement, et le dossier des Affaires indiennes y était bien dirigé. Selon toute vraisemblance, on pourrait attribuer, du moins en partie, cette situation à Selby.

Malgré les bons services de Selby, ou peut-être à cause de cela, on lui ordonna en 1807 de « se transporter lui et son bureau » à York, où il passerait le reste de sa vie. Le 8 octobre 1808, il atteignit le point culminant de sa carrière en étant assermenté comme membre du Conseil exécutif du Haut-Canada. Le même jour, on le nomma receveur général et, le 1er janvier 1809, il devint également vérificateur général des comptes, selon l’usage de l’époque. Il occupa les deux postes jusqu’à sa mort. Lors de sa nomination au conseil, Selby en profita pour demander au lieutenant-gouverneur Francis Gore* la concession d’un lot dans la ville d’York ; elle lui fut accordée une semaine plus tard. En sa qualité de nouveau vérificateur général des comptes, il signa son propre reçu pour les frais des lettres patentes et d’arpentage.

Consciencieux, comme à l’habitude, Selby manquait rarement une séance du Conseil exécutif, et, à la fin de 1809, John Askin, éminente figure du district de Western, pouvait affirmer que le lieutenant-gouverneur « prêt[ait] beaucoup d’attention aux recommandations de M. Selby ». Son apport à la vie du Haut-Canada ne se limita pas à ses fonctions au conseil. Il fut un des membres les plus en vue de la Loyal and Patriotic Society of Upper Canada, organisme de bienfaisance fondé pendant la guerre de 1812, et semble en avoir été le promoteur. En 1814, John Strachan*, après avoir constaté que « les vues [de Selby] sur la plupart des sujets et en particulier sur celui des affaires publiques étaient à l’unisson avec les [siennes] », affirma que la Loyal and Patriotic Society avait été « d’abord suggérée par M. Selby qui en accorda le mérite à son excellente fille ». Malheureusement, au printemps de 1813, après avoir atteint le sommet d’une carrière fructueuse dans le Haut-Canada et avoir acquis les terres et l’influence qui y étaient rattachées, Selby devint gravement malade et cessa toute fonction officielle en avril. À l’article de la mort, pendant l’occupation d’York par les Américains à la fin d’avril et au début de mai, il s’évita l’humiliation de voir l’ennemi piller le trésor public. Au cours de la soirée qui précéda l’invasion du 27 avril, le juge en chef Thomas Scott* et William Dummer Powell* firent une visite précipitée au domicile de Selby qui était alors « dans un état d’insensibilité ». Le trésor public y était conservé. Fidèles aux directives de l’administrateur de la province, sir Roger Hale Sheaffe*, ils demandèrent à Elizabeth, la fille de Selby, de cacher cet argent (plus de £3 000) dans un endroit sûr, ce qu’elle fit la nuit même. Quelques jours plus tard, le major William King du 15e d’infanterie américaine réclama toutefois le retour des fonds dans le trésor provincial. Scott, Powell, William Allan*, Duncan Cameron* et John Strachan accédèrent à la requête après consultation.

Prideaux Selby mourut le 9 mai 1813, laissant pour lui survivre sa fille Elizabeth. Avec Matthew Elliott et Alexander Duff, lequel habitait Sandwich (maintenant partie de Windsor), elle fut colégataire en fidéicommis des propriétés foncières de son père, d’une superficie supérieure à 2 000 acres. La mort de Selby priva le Haut-Canada d’un de ses citoyens les plus respectés et les plus influents, dont la carrière illustra bien les possibilités qui s’offraient, dans la colonie, à un jeune officier plein d’initiative.

      Carl A. Christie

AO, MS 35, letterbook, 1812–1834 : 96 ; MS 75 (mfm aux APC) ; MU 2100, 1800, no 5 ; RG 22, ser. 155, testament de Prideaux Selby.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 299, 316–317 ; MG 19, F1, 5–10 ; F16 ; MG23, HI, 1 ; 2 ; RG 1, L1, 22 : 481, 523 ; 25 : 141 ; 26 : 88, 98, 151, 401, 412 ; L3, 447 : S misc., 1793–1812/98–100 ; 448 : S1/80, 107, 134 ; 450 : S3/13, 20 ; 450A : S3/235 ; 452 : S5/115 ; 454 : S9/71 ; 455 : S9/149 ; RG 5 ; RG 8, I (C sér.) ; RG 10, A1, 1–4, 486 ; A2, 8–12.— PRO, CO 42/349 : 202 ; T 28/3 : 229–232 (transcriptions aux APC).— Corr. of Hon. Peter Russell (Cruikshank et Hunter), 2–3.— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank).— « Grants of crown lands in U.C. », AO Report, 1929 : 99, 138.— John Askin papers (Quaife).— « U.C. land book C », AO Report, 1931 : 4, 23, 37, 39, 43.— Windsor border region (Lajeunesse).— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology.— [J.] B. Burke, A genealogical and heraldic history of the landed gentry of Great Britain (12e éd., Londres, 1914).— G.-B., WO, Army list, 1782 ; 1786.— The service of British regiments in Canada and North America [...], C. H. Stewart, compil. ([2e éd.], Ottawa, 1964).— R. S. Allen, A history of the British Indian Department in North America, 1755–1830 (Canada, Direction des parcs et lieux hist. nationaux, Manuscript report, 109 (Ottawa, 1971).— Horsman, Matthew Elliott.— C. W. Humphries, « The capture of York », The defended border : Upper Canada and the War of 1812 [...], Morris Zaslow et W. B. Turner, édit. (Toronto, 1964), 251–270 ; « Upper Canada in 1813 » (thèse de m.a., Univ. of Toronto, 1959).— C. C. James, Early history of the town of Amherstburg [... ] (2e éd., Amherstburg, Ontario, 1909).— J. E. Middleton, The municipality of Toronto : a history (3 vol., Toronto, 1923), 1.— J. J. Talman, « William Claus : forgotten loyalist » (communication faite lors du congrès annuel de la SHC, London, Ontario, 1978).— H. M. Walker, A history of the Northumberland Fusiliers, 1674–1902 (Londres, 1919).— Alison Ewart et Julia Jarvis, « The personnel of the family compact, 1791–1841 », CHR, 7 (1926) : 209–221.

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      Carl A. Christie, « SELBY, PRIDEAUX », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/selby_prideaux_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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