SELBY, GEORGE, médecin, chirurgien, fonctionnaire, officier de milice et seigneur, baptisé le 14 février 1760 à Stanton, Angleterre, fils de George Selby et d’Ann Robson ; le 24 août 1785, il épousa à Montréal Marie-Josèphe Dunbar ; décédé le 15 mai 1835 à Montréal.
Fort de son diplôme de docteur en médecine de l’University of Edinburgh, George Selby immigre dans la province de Québec vers 1782 et s’établit à Montréal. Malgré son jeune âge, il obtient, en août de la même année, le poste de chirurgien en chef de l’Hôpital Général de Montréal, qu’occupait depuis 16 ans Louis-Nicolas Landriaux*. Le 5 septembre, à la suite d’une requête du jury d’accusation de Montréal, il signe, avec ses confrères Charles Blake*, Jean-Baptiste Jobert et Robert Sym, un rapport concernant la maladie de Baie-Saint-Paul [V. Philippe-Louis-François Badelard*]. Les auteurs dénoncent sur un ton alarmiste la progression rapide du mal et les conséquences néfastes qui en découlent. Ils croient qu’il s’agit de la syphilis et recommandent qu’un comité, formé des médecins les plus éminents et de gens bien au fait de l’organisation interne de la colonie, fasse une étude des moyens les plus propres à enrayer cette maladie. Leur suggestion n’est toutefois pas retenue.
En 1785, Selby est de nouveau lié à la lutte contre la maladie de Baie-Saint-Paul. Au mois d’avril, en vertu de nouvelles mesures prises par le lieutenant-gouverneur Henry Hamilton*, le docteur James Bowman*, de Québec, est chargé officiellement de faire le tour des paroisses de la province et de distribuer, par l’intermédiaire du clergé, remèdes et conseils à la population ; il s’empresse de correspondre avec quelques-uns de ses confrères anglophones dont Selby. Ce dernier lui fait part de ses observations le 21 avril 1785. Il reconnaît que le mal est vénérien et affirme que le calomel, préparation à base de mercure, s’est avéré le remède le plus efficace. Au cours du même mois, à la demande de Hamilton, Bowman charge Selby de veiller à ce qu’aucun voyageur en partance pour les pays d’en haut ne soit porteur du mal. Le 8 septembre, il le prie de s’occuper également des malades de Montréal. Une liste, datée du 23 avril 1786, atteste que Selby aurait traité et guéri 94 personnes. Pour ces guérisons et pour l’examen des voyageurs, il réclame du gouvernement £213. Malgré bien des démarches, il semble qu’il n’ait jamais reçu cette somme.
Signe d’une excellente réputation, Selby cumule plusieurs fonctions. Il devient successivement l’un des premiers examinateurs en médecine du district de Montréal (1788) [V. Charles Blake], commissaire chargé du soin des aliénés et des enfants trouvés (1801), médecin de l’Hôtel-Dieu de Montréal (1807) et chirurgien du 1er bataillon de milice de la ville de Montréal (1812). À partir de 1829 au moins, il est aussi médecin de la prison de Montréal.
Selby prend à cœur toutes ces fonctions. C’est ainsi qu’il s’oppose, en 1818, aux subsides de £2 000 que le gouvernement offre aux religieuses de l’Hôpital Général en vue de construire des loges additionnelles pour les aliénés et de faire d’autres réparations [V. Thérèse-Geneviève Coutlée ; William Holmes]. Au dire de Selby, enfermer ce type de malades dans des cellules exiguës, souvent insalubres, « ne sert qu’à débarasser le public d’objets nuisibles, mais n’est nullement avantageux aux victimes de ce désordre affreux ». De plus, il fait remarquer que le but premier de l’Hôpital Général est de fournir des soins aux vieillards et aux infirmes ainsi que de s’occuper des enfants trouvés et non de servir d’asile aux aliénés. « Ce ne sont ni des prisons ni des hôpitaux ordinaires pour les maux du corps qu’il leur faut », précise-t-il, mais plutôt « une maison d’une structure particulière, avec trois ou quatre arpens de terrein adjacent, pour y obtenir un traitement régulier et efficace ».
Selby mène à Montréal une vie aisée et jouit d’une situation matérielle excellente. Déjà en 1785, au moment de son mariage avec Marie-Josèphe Dunbar, fille du major William Dunbar, petite-fille de Joseph Fleury* Deschambault et nièce de William Grant*, il peut garantir à sa femme un douaire de 48 000#. En 1789, il achète pour £400 une maison de pierre située rue Saint-Paul où il s’installe à demeure, et, en 1791, il engage un serviteur. En 1806, il est créancier pour la somme de £925 de la communauté de biens entre Marie-Charles-Joseph Le Moyne* de Longueuil, baronne de Longueuil, et son mari David Alexander Grant, qui vient de mourir. Outre sa maison à Montréal, Selby possède, au moment de sa mort en 1835, une terre située sur la route de Lachine, à trois milles de Montréal, et est également copropriétaire de la seigneurie de La Salle depuis 1829. En accord avec son testament, l’usufruit de ses biens est laissé à Marguerite Baby, fille de François Baby* et veuve de William Dunbar Selby, son seul fils, décédé en 1829 et qui avait été médecin comme lui.
George Selby fut un citoyen respecté et l’un des plus éminents médecins de Montréal. Il avait compté parmi ses relations et ses clients des gens en vue, notamment Benjamin Frobisher* qui fut son ami intime, Mgr Pierre Denaut* et Simon McTavish*, l’homme d’affaires le plus important de la seconde moitié du xviiie siècle dans la province, qui lui légua ainsi qu’à son fils £700 en 1804. « Depuis 50 ans qu’il exerçait, dans ce pays, put-on lire dans la Minerve à l’époque, il avait acquis et conservé une réputation distinguée dans sa profession et ses qualités privées étaient appréciées par tous ceux qui le connurent. »
ANQ-M, CE1-12, 5 août 1787 ; CE1-51, 24 août 1785, 18 mai 1835 ; CM1, 27 mai 1835 ; CN1-29, 5 oct. 1791 ; CN1-74, 8 mars 1804 ; CN1-128, 15 avril 1789 ; CN1-194, 4–5 janv. 1802 ; CN1-290, 23 août 1785.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 47 : 326–328 ; 66 : 368–371 ; RG 1, E1, 14 : 263 ; L3L : 85943–85946 ; RG 4, A1 : 10994–10995 ; A3, 2, part.
Renald Lessard, « SELBY, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/selby_george_6F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |