LANDRIAUX (Landrio, dit Lalancette, Landriaux, dit Dusourdy), LOUIS-NICOLAS, chirurgien, né vers 1723 à Luçon, France, fils de Louis Landriaux et de Marie-Louise Bourond, décédé à Montréal le 24 août 1788.

La présence au Canada de Louis-Nicolas Landriaux est signalée pour la première fois le 10 avril 1748 quand il comparaît comme témoin lors d’un procès tenu à Montréal. À cette époque, il est soldat sous les ordres de Louis de La Corne* et pratique la chirurgie à l’Hôtel-Dieu de Montréal, probablement comme assistant de Charles-Elemy-Joseph-Alexandre-Ferdinand Feltz, qui était aussi chirurgien à l’Hôpital Général. Le 7 mai 1748, sur le point de quitter Montréal pour occuper le poste de chirurgien au fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York), Landriaux nomme Feltz son procureur, le chargeant de toucher les 480 livres tournois accordées annuellement par le roi pour cette fonction. Il revient à Montréal quelques mois avant l’abandon du fort, en juillet 1759.

Les bons chirurgiens sont rares à Montréal au milieu du xviiie siècle et Landriaux, qui a acquis de l’expérience en soignant les malades et les blessés de la région du lac Champlain, se fait sans doute une clientèle assez rapidement. En septembre 1766, après le départ de Feltz pour la France, il devient chirurgien en chef de l’Hôpital Général, poste qu’il occupe jusqu’en août 1782, date à laquelle le docteur George Selby* le remplace. Au début, il reçoit pour ses services 300 livres tournois par année ; en 1780, les religieuses portent ses gages à 400#. Mère d’Youville [Dufrost] affirme être satisfaite de Landriaux. « Il se fait, dit-elle, beaucoup de pratique par sa sagesse et sa prudence. »

Louis-Nicolas Landriaux peut être considéré comme un notable de Montréal. Dès 1762, il habite une maison qui lui appartient, rue Saint-Pierre, près des récollets, et il y est toujours 20 ans plus tard. C’est à la suite d’une mauvaise lecture d’un texte paru dans la Gazette de Québec du 7 et du 21 mars 1782 que plusieurs historiens ont affirmé à tort qu’il demeurait à Québec. Il a quelques domestiques à son emploi et même un esclave, en plus de posséder « beaucoup de bonnes maisons en ville ». En 1773, avec plusieurs personnalités importantes de l’époque, il signe une pétition au roi George III lui demandant d’accorder aux « Canadiens » leurs anciennes lois.

Formé par Feltz, excellent chirurgien qui l’avait initié aux arcanes de son art – il lui avait transmis, entre autres, un procédé pour guérir les chancres – Landriaux sait s’attirer la confiance et la sympathie de ses patients. Entre 1770 et 1773, il reçoit une partie des biens que trois pensionnaires de l’Hôpital Général disent posséder en France. Encore faudrait-il que le chirurgien entreprenne les procédures à ses frais pour jouir de ces héritages hypothétiques. Pour compléter sa formation, Landriaux possède une bibliothèque médicale remarquable pour l’époque où les œuvres d’Ambroise Paré et les Aphorismes d’Hippocrate côtoient des traités sur la grossesse, les maladies vénériennes, l’anatomie, les médicaments.

Cet homme qui paraît avoir mené une vie aisée et confortable meurt criblé de dettes. En 1788, Landriaux doit à divers créanciers une somme dépassant les 30 000#. Sa femme refuse la succession et ses biens sont vendus aux enchères.

De son union avec Marie-Anne Prud’homme, célébrée dans la chapelle du fort Saint-Frédéric le 8 juin 1756, naissent 22 enfants, dont le premier, baptisé au fort, meurt quelques mois plus tard. Tous les autres naissent à Montréal et plusieurs de leurs descendants habitent aujourd’hui le Québec et l’Ontario.

Gilles Janson

ANQ-M, Doc. jud., Registres des audiences pour la juridiction de Montréal, 10 avril 1748 ; État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 21 juill. 1758, 16 mars 1784, 26 août 1788 ; Greffe de L.-L. Aumasson de Courville, 3 août 1770, 25 janv. 1772, 4 août 1773 ; Greffe de Louis Chaboillez, 9 sept. 1788 (contrat de mariage de Louis-Nicolas Landriaux et de Marie-Anne Prud’homme rédigé au fort Saint-Frédéric, 7 juin 1756), 15, 16 sept., 1er oct. 1788 ; Greffe de L.-C. Danré de Blanzy, 29 janv. 1760 ; Greffe de François Simonnet, 7 mai 1748. APC, MG 8, G10.— ASGM, Corr. générale, no 6 ; Maison mère, Historique, Médecins, 3 ; Registre des baptêmes et sépultures de l’Hôpital Général de Montréal, II : f.29 ; Registre des recettes et dépenses, II.— Docs. relating to constitutional history, 1759–1791 (Shortt et Doughty ; 1907), 354s.— La Gazette de Québec, 23 juill. 1767, 7, 21 mars 1782. M.-J. et G. Ahern, Notes pour l’hist. de la médecine.— [É.-M. Faillon], Vie de Mme d’Youville, fondatrice des Sœurs de la Charité de Villemarie dans l’île de Montréal, en Canada (Villemarie [Montréal], 1852). Albertine Ferland-Angers, Mère d’Youville, vénérable Marie-Marguerite Du Frost de Lajemmerais, veuve d’Youville, 1701–1771 ; fondatrice des Sœurs de la Charité de l’Hôpital-Général de Montréal, dites sœurs grises (Montréal, 1945), 245, 256. P. J. Robinson, Toronto during the French régime [...] (2e éd., Toronto, 1965). P.-G. Roy, Hommes et choses du fort Saint-Frédéric (Montréal, 1946). M. Trudel, L’esclavage au Canada, français. É.-Z. Massicotte, Le chirurgien Landriaux, BRH, XLVI (1940) : 148s. ; Les chirurgiens, médecins, etc., de Montréal, sous le Régime français, ANQ Rapport, 1922–1923, 143 ; Les médecins, chirurgiens et apothicaires de Montréal, de 1701 à 1760, BRH, XXVII (1921) : 79.-P.-G. Roy, La famille du chirurgien Landriaux, BRH, XLIII (1937) : 46–48.

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Gilles Janson, « LANDRIAUX (Landrio, dit Lalancette, Landriaux, dit Dusourdy), LOUIS-NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/landriaux_louis_nicolas_4F.html.

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Auteur de l'article:    Gilles Janson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024