SAVEUSE DE BEAUJEU, GEORGES-RENÉ, comte de BEAUJEU, seigneur, membre du Conseil législatif, né à Montréal le 4 juin 1810, fils de Jacques-Philippe Saveuse de Beaujeu, avocat et seigneur, et de Catherine Chaussegros de Léry, fille de Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry, décédé à son manoir de Coteau-du-Lac, Bas-Canada, le 29 juillet 1865.
Georges-René Saveuse de Beaujeu étudia au collège de Montréal de 1820 à 1825. À la suite de la mort de son père, emporté par la terrible épidémie de l’été de 1832, il devint propriétaire du fief de la Nouvelle-Longueuil, qui débordait la frontière du Bas-Canada, et de la seigneurie de Soulanges. Georges-René Saveuse de Beaujeu avait alors 22 ans. Le 20 septembre de la même année, à Saint-Jean-Port-Joli, il s’alliait à Adélaïde, fille cadette de Philippe-Joseph Aubert* de Gaspé, l’auteur des Anciens Canadiens, et de Susanne Allison. Dès lors, ce fut pour lui la vie paisible au manoir qu’il érigea à Coteau-du-Lac, voisin de l’antique demeure seigneuriale des Cascades, que sa mère, usufruitière des rentes seigneuriales de Soulanges, habita jusqu’à son décès en 1845. Il ajouta alors à ses revenus les droits et rentes de la seigneurie de Soulanges. En 1839, il s’était aussi fait concéder 821 acres dans le canton de Newton.
En 1846, à la mort de son oncle paternel, Charles-François Liénard de Beaujeu, ancien compagnon de Jean-François de Galaup*, comte de La Pérouse, à la baie d’Hudson, et dont l’unique fils avait péri pendant la campagne de Russie, Saveuse de Beaujeu prit le titre de comte de Beaujeu. Sous le gouvernement de Louis-Hippolyte La Fontaine et de Robert Baldwin*, il accéda, en 1848, au Conseil législatif où son père avait siégé de 1830 à 1832. Le conseil étant devenu électif en 1856, il y fut réélu aux élections de 1858 et de 1862 pour la division de Rigaud. Président de la chambre d’Agriculture du Bas-Canada, lieutenant-colonel du 8e bataillon de milice de Montréal, il fut encore président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal en 1862. Lors de la formation de la Société historique de Montréal en 1858, il en fut l’un des membres constituants.
La notice nécrologique parue dans la Minerve au lendemain de son décès soulignait que Saveuse de Beaujeu consacrait ses loisirs aux travaux historiques et que sa collection de documents était considérable. Près de 30 ans plus tard, l’un de ses petits-fils, Monongahéla de Beaujeu, assistant secrétaire de la Société de numismatique et d’archéologie de Montréal, en tira la matière de deux publications. La première, parue en 1891 et intitulée Documents inédits sur le colonel de Longueuil, n’est guère qu’un recueil des nombreuses commissions que reçut Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne* de Longueuil. La seconde, écrite à partir des notes amassées par un ancien précepteur de la famille, le belge Paul Stevens*, fut publiée en 1892 sous le titre le Héros de la Monongahéla. C’est un éloge joliment écrit, dans le style du temps, avec des « discours » à la Tite-Live, du grand-oncle de Saveuse de Beaujeu, Daniel-Hyacinthe-Marie Liénard* de Beaujeu, pour lequel l’auteur revendique le titre de commandant victorieux à la défense du fort Duquesne.
Les obsèques de Georges-René Saveuse de Beaujeu, à Coteau-du-Lac, réunirent, selon la Minerve, près de 3 000 personnes dont plusieurs notabilités de Montréal. Décédé ab intestat, le partage de sa succession fit l’objet d’un jugement de la Cour supérieure de Montréal le 23 novembre 1870. De ses nombreux enfants, quatre filles – dont trois furent religieuses – et deux fils devinrent adultes. L’aîné, Philippe-Arthur-Quiquerand, mourut ruiné après avoir mené la vie trop large de châtelain et le cadet, Raoul, fut député de Soulanges aux deux chambres de Québec et d’Ottawa et mourut prématurément à 40 ans.
ANQ-Q, AP-P-130.— Archives du collège Bourget (Rigaud, Québec), Archives des de Beaujeu, IV.— Documents inédits sur le colonel de Longueuil, Monongahéla de Beaujeu, édit. (Montréal, 1891).— L’Écho du cabinet de lecture paroissial, 15 août 1865.— La Minerve, 5 août 1865.— G. Turcotte, Cons. législatif de Québec, 55, 107, 150.— [François Daniel], Histoire des grandes familles françaises du Canada [...] (Montréal, 1867), 333 ; Nos gloires nationales ; ou, histoire des principales familles du Canada [...] (2 vol., Montréal, 1867), I : 149.— É.-Z. Massicotte, Processions de la Saint-Jean-Baptiste en 1924 et 1925 (Montréal, 1926).— Monongahéla de Beaujeu, Le héros de la Monongahéla ; esquisse historique (Montréal, 1892).— P.-G. Roy, La famille Aubert de Gaspé (Lévis, Québec, 1907), 141.— Alphonse Gauthier, La famille de Georges-René Saveuse de Beaujeu (1810–1865), SGCF Mémoires, VI (1954–1955) : 197–208.
Jean-Jacques Lefebvre, « SAVEUSE DE BEAUJEU, GEORGES-RENÉ, comte de BEAUJEU », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/saveuse_de_beaujeu_georges_rene_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
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