ROY, LOUIS, imprimeur, né à Québec le 24 mai 1771, fils de François Roy, tailleur, et de Marie-Louise Lapérade, décédé à New York le 22 septembre 1799.

Louis Roy entre en 1786 comme apprenti chez William Brown, imprimeur et propriétaire de la Quebec Gazette/la Gazette de Québec. À la mort de Brown, en 1789, il continue à y travailler, probablement comme compagnon imprimeur, pour le compte de Samuel Neilson, le neveu de Brown. C’est toutefois à Montréal, dans l’atelier de Fleury Mesplet, semble-t-il, que le nouveau lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, le colonel John Graves Simcoe*, le découvre et l’engage comme premier imprimeur du roi de cette province. Arrivé au début de l’automne de 1792 à Newark (Niagara-on-the-Lake), la capitale, Roy prépare le 4 novembre une première réquisition de l’équipement nécessaire à l’imprimerie. Mais sa commande à Londres semble avoir été faite à une date trop tardive, pour la navigation, pour qu’il ait pu recevoir le matériel avant le printemps de 1793. Il est alors probable qu’il ait acheté une partie de l’équipement chez son ancien patron Neilson, à Québec, dont une presse de seconde main qui lui permet d’effectuer certains travaux d’imprimerie dès le début de janvier 1793. Ainsi, un des premiers imprimés du Haut-Canada consiste en une brochure de huit pages intitulée Speech of his excellency John Graves Simcoe, esq ; lieutenant governor of the province of Upper Canada &.&.&. upon opening the first session of the legislature [...]. Puis, le 2 et le 7 février, il publie des proclamations officielles du lieutenant-gouverneur.

Le 18 avril 1793, Louis Roy lance l’Upper Canada Gazette, or American Oracle, journal hebdomadaire semi-officiel dont la publication se continuera jusqu’en 1845. Le journal, quatre pages de deux colonnes chacune, paraît en anglais seulement, sauf pour quelques documents officiels traduits en français. Les avis officiels et les annonces laissent peu de place aux nouvelles locales. Par contre, au moins une page de chaque numéro reproduit des articles de périodiques européens. C’est ainsi, par exemple, que la petite population du Haut-Canada peut se tenir au courant des événements de la Révolution française. Par sa qualité typographique, la feuille de Roy est supérieure à celle que publieront ses successeurs. Louis Roy aurait imprimé environ 45 numéros entre le 18 avril 1793 et le 31 juillet 1794. Le dernier numéro où son nom apparaît sort cependant le 29 août : il s’agit d’un supplément annonçant une victoire des forces navales de la Grande-Bretagne.

Entré officiellement en fonction le 1er octobre 1792, Roy quitte définitivement le Haut-Canada au début de l’automne de 1794. Le 29 octobre, un dernier billet à ordre est émis en sa faveur, et le salaire qu’on lui verse couvre la période allant jusqu’au 31 décembre 1794. Le montant est de £35 3 shillings 4 1/2 pence, incluant un supplément pour sa nourriture et autres besoins. Il semble que Roy jouissait de bonnes conditions salariales, mais un surplus de travail, une vie d’isolement et l’analphabétisme d’une partie de la population constituent vraisemblablement les facteurs qui auraient motivé son départ. Il retourne travailler à Québec, probablement à l’atelier de John Neilson*, dont le frère, Samuel, est mort en 1793. Dès le 8 juillet 1795, il est clair qu’il désire s’installer à Montréal. Il y a déjà acheté une imprimerie, dans l’intention de publier un journal. Il reçoit l’aide de son frère, Joseph-Marie, lui aussi imprimeur, et, le 17 août de la même année, sa Gazette de Montréal/The Montreal Gazette est lançée. Pendant près de deux ans, Montréal sera le théâtre d’une guerre de journaux. En effet, parallèlement au journal de Roy, paraît aussi celui d’Edward Edwards* portant le même titre. Ce dernier avait fait l’acquisition de l’imprimerie de Fleury Mesplet peu après la mort de celui-ci en 1794.

Edwards, en sa qualité de maître de poste, semble avoir plus facilement accès aux nouvelles internationales. À maintes reprises, il empêche la livraison de périodiques étrangers à son concurrent. Celui-ci se voit donc limité aux informations locales. De plus, Roy manque d’équipement et la clientèle est trop restreinte pour faire vivre deux imprimeries. En 1797, il est donc contraint de céder son journal à son frère Joseph-Marie et d’émigrer à New York. La Gazette de Montréal de Roy cesse sa parution en novembre de cette même année car les efforts de Joseph-Marie et de John Bennett, ancien maître imprimeur chez John Neilson, s’avèrent inutiles.

Le départ de Roy pour New York peut être aussi expliqué, semble-t-il, par la situation politique prévalant à Montréal à cette époque. Reconnu pour ses principes républicains, Roy n’est peut-être pas demeuré insensible aux avances des émissaires de la France républicaine. Ainsi, il est possible qu’il ait quitté Montréal pour échapper à des vexations, en espérant trouver un milieu de travail plus en accord avec ses idées politiques. À New York, il travaille à l’Argus, Greenleaf’s New Daily Advertiser, journal fondé en mai 1795, dont il devient rapidement le prote. Il occupera cette fonction jusqu’à sa mort, des suites de la fièvre jaune, le 22 septembre 1799.

L’annonce de sa mort paraît dans ce journal et c’est en des termes élogieux qu’elle est rédigée : « Nous offrons nos condoléances à nos amis républicains à la suite de la perte de ce patriote véritable et homme d’une honnêteté à toute épreuve ; nous regrettons sincèrement d’avoir à signaler le décès d’un personnage si honorable. » Louis Roy laisse dans le deuil ses frères Joseph-Marie et Charles, ainsi qu’une sœur, Louise-Olive de Saint-Paul, religieuse chez les ursulines de Québec. Charles deviendra l’imprimeur du Canadien en 1806.

John E. Hare

ANQ-Q, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 25 mai 1771 ; Greffe de J.-A. Saillant, 3 sept. 1768.— P.-G. Roy, Fils de Québec, II : 154.— Tremaine, Bibliography of Canadian imprints. Burke, Les ursulines de Québec (1863–1866), III : 336.— Gundy, Early printers.— Canadian book of printing ; how printing came Io Canada and the story of the graphic arts, told mainly in pictures, Marie Tremaine, édit. (Toronto, 1940).— William Colgate, Louis Roy : first printer in Upper Canada, OH, XLIII (1951) : 123–142.— P.-G. Roy, L’imprimeur Louis Roy, BRH, XXIV (1918) : 77.— W. S. Wallace, The periodical literature of Upper Canada, CHR, XII (1931) : 5.

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John E. Hare, « ROY, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/roy_louis_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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