ROBINAU DE PORTNEUF, RENÉ, officier en Acadie et au Canada, né à Québec le 3 septembre 1659, fils de René Robinau* de Bécancour, baron de Portneuf, et de Marie-Anne Leneuf de La Poterie, mort à Montréal dans la nuit du 3 au 4 octobre 1726.

Nommé en 1689 lieutenant en Acadie où commandait son frère, Joseph Robinau* de Villebon, René prit une part active aux opérations menées contre les Anglais et lia des relations suivies avec les tribus d’Indiens abénakis. Pendant l’hiver de 1689–1690, Buade* de Frontenac l’envoya avec 50 Canadiens et 60 Indiens à l’attaque du poste anglais de Casco (Falmouth, Portland, Maine). Rejoint par Jean-Baptiste Hertel de Rouville et Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin, il obtint en juin la capitulation de l’ennemi en lui promettant la vie sauve et de bons traitements. La nuit suivante, il se dirigea vers le fort Loyal (Portland) à l’attaque d’une petite garnison commandée par Silvanus Davis qu’il fit prisonnier Mais il ne put ou ne voulut empêcher les Indiens de se livrer à un massacre de prisonniers qui provoqua une vive émotion dans les établissements anglais. En 1692, Portneuf rejoignit de nouveau Saint-Castin pour attaquer les postes anglais de la baie Penobscot, mais l’affaire échoua, bien que chacun se soit battu avec beaucoup d’ardeur, et les Indiens se replièrent en ravageant toute la région.

De nombreuses plaintes parvinrent alors à la cour de Versailles contre Portneuf. On l’accusait de se livrer à la traite des fourrures et d’avoir « entretenu un villain commerce avec une Sauvagesse au sceu et a la veue des gens qui estoient avec eux ». Il fut cassé de son grade en 1693, ce qui ne l’empêcha d’ailleurs pas de continuer à guerroyer. Le 25 octobre 1696, l’intendant Bochart de Champigny écrivit que sa conduite s’améliorait. « Il n’a pas laissé d’aller à la guerre quand l’occasion s’en est présenté. Il a mesme fait la campagne dernière en qualité d’ayde de camp de M. de Frontenac qui en a été très content. » Sa disgrâce était donc relative er l’on demanda à la cour de le rétablir dans son grade, sans toutefois le renvoyer en Acadie où il avait causé trop de désordres.

En novembre 1700, le gouverneur général le proposa pour la première lieutenance vacante ; en 1702, Callière le dit bon officier er le recommanda de nouveau, « Sa Majesté ayant pardonné audit s. de Portneuf quelques petites fautes dont on l’avoit accusé » . Nommé une seconde fois lieutenant le 1er juin 1703, il continua ses services au Canada. En 1708, on le trouve lieutenant à la compagnie de Joseph Desjordy de Cabanac, mais, en fait, il resta auprès du gouverneur général de Vaudreuil [Rigaud] pour servir d’interprète en langue abénaquise er il semble avoir rendu de grands services dans ses fonctions.

En 1712, Mme de Vaudreuil [Joybert] demanda pour lui le commandement d’une compagnie. Cette requête fut confirmée l’année suivante par le gouverneur général lui-même, qui intervint en faveur de Portneuf « en considération de ses services et de ce qu’il lui est fort utile scachant parfaitement la langue des Sauvages Abenaquis ».

Il fut promu capitaine le 27 avril 1716. Quelque temps après, on le mentionne « pauvre, brave, honnête homme ». En 1725, il alla remplacer M. de Sabrevois au commandement du fort Chambly, poste important qui couvrait la région de Montréal et où l’on avait construit, à partir de 1710, un fort de maçonnerie. Mais sa santé était gravement altérée. Le 23 septembre 1726, le gouverneur général Charles de Beauharnois* annonçait qu’il avait dû faire revenir Portneuf à Montréal car celui-ci n’était plus en état de continuer ses services « par rapport à son grand âge et à ses infirmités ». Il était atteint d’une maladie « dont on craint qu’il ne puisse revenir ». Il mourut en effet quelques jours plus tard.

Portneuf avait épousé à Montréal, le 26 juillet 1706, Marguerite, fille de Nicolas Daneau de Muy, et ils eurent 12 enfants.

Étienne Taillemite

AN, Col., C11A, 12, ff.91v., 95 ; 14, f.201v. ; 15, ff.84v., 131 ; 16, f.114v. ; 18, f.24v. ; 19, f.72v. ; 30, f.352 ; 33, f.290 ; 34, f.62 ; 36, f.112 ; 47, f.74 ; 48, f.157 ; Col., D2C, 47 ; 49 ; 222.— Correspondance de Frontenac (1689–1699), RAPQ, 1928–29 : 37, 42, 57.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IV : 748 ; IX : 362, 461, 472.— Webster, Acadia, 186s.— Le Jeune, Dictionnaire.— H. H. Peckham, The Colonial Wars, 1689–1762 (Chicago, 1964), 31, 32, 43, 49, 50.— Henri Lorin, Le Comte de Frontenac : étude sur le Canada français à la fin du XVIIe siècle (Paris, 1895).— P.-G. Roy, René Robineau de Portneuf et ses enfants, Cahiers des Dix, XVI (1951) : 171–193.

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Étienne Taillemite, « ROBINAU DE PORTNEUF, RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robinau_de_portneuf_rene_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024