DAVIS, SILVANUS (Sylvanus), administrateur foncier et spéculateur, négociant sur le littoral, capitaine de la milice et commandant du fort Loyal à Falmouth (Portland, Maine), né vers 1635, mort le 19 avril 1703 (ancien style) à Hull (Nantasket, Mass.).

Les origines et l’histoire des premières années de Davis sont obscures. À partir de 1659, il acquit des terres dans le Maine, le long de la Damariscotta, de la Kennebec et des rivières voisines et aussi à la baie de Casco. Son activité commerciale avec les Indiens, les colons et les Français date de cette époque. Vers les années 1680, il quitta la région de la Kennebec pour s’installer à Falmouth, où il devint un important propriétaire terrien et homme d’affaires, dirigeant à la fois une scierie, une minoterie et un magasin, tout en pratiquant son négoce le long du littoral. Il fut nommé juge de paix en 1686 et devint, en 1691, un des représentants du Maine au conseil du Massachusetts.

Davis était capitaine de la milice au cours de la guerre appelée King Philips War (du nom d’un chef indien) en 1675–1676 ; il poursuivit ses activités militaires après son installation à Falmouth où il commanda le fort Loyal, la principale place forte anglaise à la baie de Casco. Il assuma cette fonction en 1689, puis en mai 1690, quand le nouveau commandant du fort se retira à Boston pour y chercher du renfort à l’approche d’un important détachement de Français et d’Indiens, commandé par René Robinau de Portneuf et Augustin Le Gardeur de Courtemanche. L’attaque, qui faisait partie d’une série d’incursions que projetait Buade* de Frontenac contre les colonies anglaises, commença le 16 mai (26 mai, nouveau style). Le 20 mai, après un siège de cinq jours, le fort Loyal se rendit et Davis fut un des rares survivants du massacre qui suivit la reddition. On le traita assez bien pendant le long voyage jusqu’au Saint-Laurent et il put jouir d’une très grande liberté durant son séjour de quatre mois à Québec. Il y était pendant toute la durée du siège infructueux de Québec par l’expédition de Phips* ; quand la flotte se retira en octobre 1690, Davis fut un des prisonniers que l’on échangea contre les Français capturés par Phips. À son retour, le capitaine Davis écrivit un récit de la reddition du fort Loyal, de son entretien avec Frontenac, ainsi que de ses expériences et impressions durant le siège.

Plus tard, vers les années 1690, il déménagea au Massachusetts, tout en conservant certains des intérêts qu’il possédait dans le Maine, et s’installa finalement à Hull, où il demeura jusqu’à sa mort en 1703. Davis fut un homme ambitieux et énergique, ainsi qu’un homme d’affaires avisé et entreprenant. Combattant expérimenté dans la lutte contre les Indiens, il se montra courageux et partisan de la discipline dans ses fonctions de commandant.

Alice R. Stewart

Mass. Archives, XXXVI : 72s.— Suffolk County House (Boston, Mass.), Registry of Probate, 2 806.— Documentary hist. of Maine, IV : 390, 459–463 ; V : 7s., 10s., 95s. ; VI : passim ; VII : 358.— Provincial charter of 1691, oct. 7, Trans., 1913–14 (« Col. Soc. Mass. pub. », XVII, Boston, 1915), 35, 38, 39n.— Vital records of Hull, Mass., to the year 1850, recueillis par T. W. Baldwin (Boston, 1911), 65.

On trouve dans Henri Brunet, Letters of an Acadian trader, 1674–1676, L.-A. Vigneras, édit., New Eng. Q., XIII (1940) : 98–110, de précieux témoignages sur les rapports de Davis avec les commerçants français. Il existe un certain nombre de récits, de sources françaises et anglaises, datant de cette époque ou presque, qui parlent du siège et de la chute du fort Loyal. Il y a un certain désaccord sur des détails tels que les dates, l’utilisation par Portneuf des méthodes traditionnelles dans les sièges, les chefs français et indiens qui s’y trouvaient, et sur la question de savoir si l’on a promis ou non de protéger les habitants au moment de la reddition du fort et quel traitement on leur a infligé par la suite. Les ouvrages des historiens plus récents reflètent jusqu’à un certain point les différences existant dans les récits de l’époque. Après son retour de captivité, Davis lui-même écrivit un récit détaillé, empreint d’émotion, donnant une version des événements vus du côté anglais : « Declaration of Sylvanus Davis inhabitant of the town of Falmouth in the province of Maine, in New England, concerning the cruel, treacherous and barbarous management of a war against the English in the eastern parts of New England by the cruel Indians... », Mass. Hist. Soc. Coll., 3e sér., I (1825) : 101–112 ; on peut consulter aussi Cotton Mather, Magnalia Christi Americana, II 523–525. Pour la version française de l’attaque, voir le compte rendu de Monseignat aux AN, Col., C11A, Il (publié dans Collection de manuscrits relatifs à la N.-F., I : 498s., et dans NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX : 472s.) ; Monseignat désigne Davis sous le nom de « Denis ». Voir aussi La Potherie, Histoire (éd. 1722), III : 76–81 ; Le Clercq, First establishment of the faith (Shea), II : 293ss ; Charlevoix, History (Shea), II : 132–137. Les récits postérieurs comprennent : J. T. Hull, The siege and capture of Fort Loyall, 1690 (o.s.) (Portland, Me, 1885), 24–67, 69ss ; Parkman, Count Frontenac and New France (1891), 228–231 ; Eccles, Frontenac, 225–227. L’étude la plus complète de la captivité de Davis à Québec et des détails relatifs à son échange, y compris son propre récit, se trouve dans 1690, Sir William Phips devant Québec (Myrand).

Nous avons trouvé utile de puiser encore à d’autres sources pour la vie de Davis : C. J. Binney, New England genealogies, I : 39, 39a-e (cet ouvrage, qui est une collection manuscrite de renseignements généalogiques, se trouve à la bibliothèque de la « New Eng. Hist. and Geneal. Society »).— Hutchinson, Hist. of Mass.-bay (Mayo), I : 293s.— Genealogical dictionary of Maine and New Hampshire, Sybil Noyes et al., édit., (Portland, Me, 1928–1939).— W. D. Spencer, Maine immortals (Augusta, Me, 1932), 89–98.  [a. r. s.]

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Alice R. Stewart, « DAVIS, SILVANUS (Sylvanus) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davis_silvanus_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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