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RICHARDSON, ROBERT LORNE, journaliste, propriétaire et rédacteur en chef d’un journal, homme politique et auteur, né le 28 juin 1860 près de Balderson, Haut-Canada, fils de Joseph Richardson et de Harriet Thompson ; le 11 mars 1885, il épousa à Brockville, Ontario, Clara Jane Mallory, de Mallorytown, Ontario, et ils eurent cinq filles, dont l’une mourut avant lui ; décédé le 6 novembre 1921 à Winnipeg.
Dernier des sept enfants d’un cultivateur presbytérien écossais, Robert Lorne Richardson vit le jour dans une ferme ontarienne. Il fréquenta l’école à Balderson et, à l’âge de 17 ans, suivit à Montréal le deuxième garçon de la famille. En 1879, il fit ses débuts dans le journalisme en entrant au Montreal Daily Star. Admis en 1881 dans l’équipe de rédaction du Globe de Toronto, il y travailla un an, puis s’installa à Winnipeg, où il prit part à la transformation du Sun en quotidien.
Richardson occupa le poste de chef des nouvelles au Daily Sun jusqu’à l’achat de ce journal par le Manitoba Free Press en décembre 1889. Le Daily Sun cessa de paraître à la mi-janvier 1890. Avec Duncan Lloyd McIntyre, ami d’enfance, Richardson acheta les presses du Daily Sun et fonda le Winnipeg Daily Tribune. Lancé en janvier 1890, ce périodique était indépendant, mais avait le soutien du Parti libéral. Il prendrait le nom de Winnipeg Tribune en juin 1903, puis celui d’Evening Tribune en janvier 1915. Richardson, qui le publiait et en était le rédacteur en chef, y préconiserait le libre-échange, l’étatisation des chemins de fer et l’abolition des écoles confessionnelles, en déviant de plus en plus des orientations libérales.
Candidat libéral dans la circonscription fédérale de Lisgar en 1896, Richardson se fit élire en prônant un tarif limité, « pour recettes seulement ». Peu après sa nomination à l’un des postes de whip du gouvernement, il s’éleva contre le compromis conclu entre Wilfrid Laurier* et Thomas Greenway* – respectivement premier ministre du Canada et premier ministre du Manitoba – au sujet des écoles de cette province, ce qui irrita le parti. En plus, il se mit à dos le lieutenant de Laurier dans l’Ouest, Clifford Sifton, en critiquant la manière dont le gouvernement fédéral administrait le Yukon et en s’opposant à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. En 1897–1898, Sifton avait orchestré l’achat du Free Press et avait fait de ce journal un organe influent du Parti libéral. Entre Richardson et le Free Press, c’était la guerre.
Exclu du caucus libéral pour insubordination, Richardson brigua à nouveau les suffrages dans Lisgar en 1900, à titre d’indépendant. Les conservateurs manitobains, qui le soutinrent en échange de l’appui du Tribune, l’aidèrent à conserver son siège. Au début de 1901, le Tribune dénonça en termes très durs la politique ferroviaire du premier ministre conservateur du Manitoba, Rodmond Palen Roblin*. Les conservateurs ripostèrent en dévoilant dans le détail des manœuvres frauduleuses – par exemple, corruption d’électeurs et distribution d’alcool dans les bureaux de scrutin – auxquelles s’étaient livrés des agents de Richardson. Sifton paya de sa poche les frais des poursuites intentées contre Richardson pour ces méfaits. Le tribunal annula l’élection de Richardson en juillet 1901.
Jusqu’à la fin de sa carrière politique, Richardson continuerait de changer d’étiquette. Candidat libéral indépendant au scrutin tenu dans Lisgar en 1902 à la suite de l’annulation de son élection, il subit la défaite. Avec d’autres indépendants de Winnipeg, il fonda alors un parti éphémère, l’Union de réforme politique. Aux élections générales fédérales de 1904, il se présenta en tant que candidat indépendant dans Brandon mais perdit au profit de Sifton, qui avait fait redessiner les limites de la circonscription de manière à le priver d’un certain nombre de partisans. Richardson subit encore trois défaites : dans Killarney aux élections manitobaines de 1907, sous la bannière libérale ; dans Assiniboia, en Saskatchewan, aux élections fédérales de 1908, où il fut candidat conservateur indépendant ; dans une élection partielle fédérale tenue en 1912 dans une circonscription manitobaine, Macdonald, où il fut candidat libéral indépendant. Finalement, il retourna à la Chambre des communes en 1917 en tant que député radical de Springfield, où il avait fait campagne en faveur de la conscription.
Richardson est l’auteur de deux romans sur la vie dans la campagne ontarienne, Colin of the ninth concession : a tale of pioneer life in eastern Ontario et The Camerons of Bruce. Parus à Toronto respectivement en 1903 et en 1906, ces livres se vendirent beaucoup au Canada. En journalisme, une des contributions les plus durables de Richardson fut sa participation à la fondation d’une agence de presse, la Western Associated Press, en 1907. Cette coopérative était l’ancêtre de la Canadian Press Limited [V. John Ross Robertson*]. Au printemps de 1920, Richardson vendit le Tribune. Il mourut l’année suivante au terme d’une longue maladie.
D’après son ami Duncan Lloyd McIntyre, Robert Lorne Richardson « refusait d’orienter sa conduite en fonction de considérations partisanes ». Populiste, il s’était donné pour mission d’exprimer le mécontentement des gens de l’Ouest. Toutefois, ses fréquents changements d’allégeance et sa propension à mettre les principes de côté pour agir dans son propre intérêt amoindrirent l’influence qu’il aurait pu avoir en tant qu’homme politique. Figure de premier plan dans la bataille entre le Tribune et le Free Press et dans l’évolution des agences canadiennes de presse, il se distingua bien davantage en journalisme.
En plus des romans mentionnés dans la biographie, Robert Lorne Richardson a écrit quelques brochures sur l’Ouest canadien dont on trouve la liste dans le Répertoire de l’ICMH.
AM, GR 1662.— AO, F 373 ; RG 80-5-0-135, no 6544.— BAC, MG 26, G.— Winnipeg Tribune, 1890–1921.— Canadian annual rev., 1900–1929.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Ramsay Cook, The politics of John W. Dafoe and the Free Press (Toronto et Buffalo, N.Y.,1963).— CPG, 1896–1919.— D. J. Hall, Clifford Sifton (2 vol., Vancouver et Londres, 1981–1985).— M. E. Nichols, (CP) : the story of the Canadian Press (Toronto, 1948).— F. H. Schofield, The story of Manitoba (3 vol., Winnipeg, 1913).
Thomas G. Boreskie, « RICHARDSON, ROBERT LORNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/richardson_robert_lorne_15F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas G. Boreskie |
Titre de l'article: | RICHARDSON, ROBERT LORNE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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