RICE, SAMUEL DWIGHT, ministre méthodiste et éducateur, né le 11 septembre 1815 à Houlton, Maine, fils du docteur Samuel Rice et d’Elizabeth Putnam ; en 1843, il épousa Fanny Lavinia Starr, de Halifax, et ils eurent trois filles et cinq fils ; décédé le 15 décembre 1884 à Toronto.

En 1819, Samuel Dwight Rice vint à Woodstock, Nouveau-Brunswick, où sa famille s’établit et où il fit ses premières études. Plus tard, il se lança dans les affaires pendant deux ans, ayant reçu une certaine formation dans ce sens, mais, à la suite de sa conversion au méthodisme en 1834, expérience profondément marquante pour lui, il s’en détourna pour se consacrer au ministère. Admis à l’essai dans l’Église méthodiste wesleyenne en 1837 et ordonné ministre quatre ans plus tard, il exerça pendant six ans ses fonctions de pasteur au Nouveau-Brunswick sous la direction d’Enoch Wood, consacrant une année à la collecte de fonds destinés à l’établissement d’une école wesleyenne à Sackville (devenue plus tard la Mount Allison University) [V. Humphrey Pickard]. En 1847, Rice accompagna Wood dans le Haut-Canada et s’établit dans une paroisse de Toronto où il travailla avec Ephraim Evans*. Il devint, en 1849, le premier directeur de la Mount Elgin Industriel Institution, école technique pour les Indiens située à Muncey, puis il accepta un pastorat de trois ans à Kingston. Il s’installa ensuite au Victoria College, à Cobourg, où il occupa le poste de trésorier en 1853 et fut en charge « des mœurs et des affaires internes » de 1854 à 1857. Il travailla par la suite à Hamilton, y exerçant diverses fonctions administratives de 1857 à 1862, avant de s’engager activement dans le Hamilton Wesleyan Female College de 1863 à 1878. Après deux années à St Marys, il quitta l’Ontario et vécut à Winnipeg de 1880 à 1882. Il revint à Toronto en 1883 en tant que président de la Conférence générale de l’Église méthodiste du Canada. Le 5 septembre, on l’élut surintendant général de l’Église méthodiste, nomination qui entra en vigueur au mois de juillet suivant, lorsque les quatre Églises méthodistes en Canada s’unirent officiellement sous ce dernier nom. Rice préconisait l’unification, y voyant un moyen de promouvoir les doctrines importantes du méthodisme et d’en améliorer le gouvernement tout en fournissant de plus grandes possibilités de travail missionnaire et éducatif et en permettant une plus grande participation de tous à l’administration des affaires de l’Église.

Au cours de ses 47 années de service dans l’Église, Rice exerça son ministère de l’île du Cap-Breton à Winnipeg, occupa de nombreux postes administratifs, fut délégué à un grand nombre de conférences et témoigna un intérêt persistant pour l’éducation. Quoique excellent prêcheur, c’est dans l’administration des affaires de l’Église que Rice manifesta le plus de talent, occupant tous les postes d’importance au sein de l’Église, à l’exception de quatre. Comme le faisait remarquer Charles Bruce Sissons*, « il était le genre de ministre à construire des églises plutôt qu’à les remplir ». Estimant l’Église « responsable de la culture tant intellectuelle que morale et religieuse de la population », Rice croyait que l’éducation était le moyen par lequel les méthodistes parviendraient à monter dans l’échelle sociale. Au Victoria College, son expérience dans les affaires l’aida à diminuer les tensions créées par la situation financière de l’institution, mais sa discipline stricte dut susciter des différends avec le directeur Samuel Sobieski Nelles, et Rice « quitta le collège en 1857 ». Deux ans avant son départ, on demandait dans une lettre parue dans le Christian Guardian : « Pour combien de temps encore négligera-t-on l’éducation des filles canadiennes ? » Rice, qui s’était toujours intéressé à l’éducation féminine au Victoria College, répondit à cette question en contribuant à la réalisation d’un projet qui donna naissance au collège wesleyen de Hamilton en 1861. Après en avoir été le directeur à partir de 1863, Rice remplaça Mary Electa Adams* au poste de principal en 1868, poste qu’il conserva jusqu’en 1878, année où il fut élu vice-président de la Conférence générale de l’Église méthodiste du Canada. En 1867, il avait reçu un doctorat honorifique en théologie du Victoria College. Même dans ses dernières années, il continua de s’intéresser à l’éducation et fit partie du bureau d’Éducation de Manitoba à Winnipeg en 1880–1881.

Le journaliste et auteur méthodiste William Henry Withrow* comparait Rice à Egerton Ryerson et on le décrivit comme un « personnage grand et imposant, au visage énergique et intelligent ». Withrow parla aussi de sa « généreuse ouverture d’esprit » à l’égard des autres Églises chrétiennes, tout en demeurant toujours « un vrai méthodiste, ami du progrès ». Confiant, sûr de lui et traditionaliste, Rice sut néanmoins changer sa manière de voir, dans l’intérêt du bien-être de l’Église. Sa foi reposait sur la conviction plutôt que sur l’émotion ; ses sermons étaient évangéliques, mais ils reflétaient « la doctrine de l’Évangile » à un moment où celle-ci se trouvait diluée et les sermons devenaient de plus en plus anecdotiques. Dans la logique de Rice, la foi véritable exigeait la conversion mais, approfondissant davantage, il fit allusion à ce pouvoir qui « peut toucher la conscience humaine [...] l’esprit de Dieu ». Les fondements de l’Église étaient la sainteté, le sentiment de l’existence et de la présence de Dieu, et non l’organisation ou les procédés politiques. Il croyait essentielles « les doctrines et la discipline de l’Église » et contribua à la force et à l’influence de l’Église méthodiste.

Rice vit sans aucun doute les besoins du méthodisme plus clairement que la plupart de ses contemporains ; une menace pesait, selon lui, sur la vie de l’Église. Il y avait un déclin subtil de la doctrine comme du gouvernement de son Église, une certaine négligence à une époque d’expansion et de progrès, un relâchement des principes du méthodisme. Défendant la pureté du méthodisme traditionnel, Rice devint conscient des effets de l’unification de 1884 des quatre Églises méthodistes, dont au moins deux n’avaient aucune doctrine véritable concernant l’ordination et pratiquaient un culte charismatique équivalant, à peu de chose près, aux réunions revivalistes. L’Église, le ministère et les sacrements étaient acceptés en théorie mais ils se voyaient éclipsés par une insistance marquée sur le salut individuel. Même la conversion avait perdu de son caractère astreignant. Enfin, un courant de pensée libéral devait être suivi par un mouvement à tendance sociale qu’une douzaine de Rice n’auraient pu contenir.

Arthur G. Reynolds

Samuel Dwight Rice est l’auteur de « The person and work of the Holy Spirit », Canadian Methodist Magazine, 7 (janv.–juin 1878) : 168–170.

Methodist Church (Canada, Newfoundland, Bermuda), Toronto Conference, Minutes (Toronto), 1885.— Canadian Methodist Magazine, 21 (janv.–juin 1885) : 178–181 ; 24 (juill.–déc. 1886) : 110.— Christian Guardian, 17, 31 oct. 1855, 17 juin 1874, 18, 25 juin, 2 juill., 17, 24 déc. 1884, 7 janv. 1885, 10 févr. 1904.— New Outlook (Toronto), 17 déc. 1930.— Cornish, Cyclopædia of Methodism.— Dominion annual register, 1885.— The Putnam lineage [...], Eben Putnam, compil. (Salem, Mass., 1907).— J. E. Sanderson, The first century of Methodism in Canada (2 vol., Toronto, 19081910).— C. B. Sissons, A history of Victoria University (Toronto, 1952).

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Arthur G. Reynolds, « RICE, SAMUEL DWIGHT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/rice_samuel_dwight_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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