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WITHROW, WILLIAM HENRY, ministre méthodiste, journaliste et auteur, né le 6 août 1839 à Toronto, fils de James Withrow, entrepreneur, et d’Ellen Sanderson ; en 1864, il épousa Sarah Anne Smith, et ils eurent deux fils, dont William James*, et deux filles ; décédé le 12 novembre 1908 à Toronto.
William Henry Withrow rejoignit son frère John Jacob* à la Toronto Academy avant d’être admis en février 1857 au Victoria College de Cobourg, où il eut pour condisciple Nathanael Burwash*. Il quitta le Victoria College en 1859 et passa deux ans à étudier l’architecture. Puis, en 1861, il décida de devenir ministre de l’Église méthodiste wesleyenne canadienne New Connexion et fut posté à Waterford. On lui accorda un congé en 1862–1863 parce que son père était malade. De toute évidence, c’est ce congé qui lui permit de terminer ses études universitaires. Il reçut une licence ès arts de la University of Toronto en 1863 et une maîtrise ès arts en 1864, l’année de son ordination. Deux ans plus tard, il joignit les rangs de l’Église méthodiste wesleyenne en Canada, peut-être parce qu’il pressentait la fusion des deux Églises méthodistes. En 1868, il fut admis sans réserve et affecté à la circonscription ecclésiastique de Davenport et Seaton, près de Toronto. En 1873, il devint l’adjoint du président de la Conférence, Samuel Dwight Rice*, et le directeur des publications destinées aux écoles du dimanche.
Chef d’un groupe de fidèles à l’église Metropolitan de Toronto, prédicateur occasionnel et membre assidu de la Conférence, Withrow prit toujours une part active à l’œuvre pastorale de l’Église méthodiste du Canada, qui naquit de la fusion de 1874. Cependant, il se signala surtout comme directeur des publications, rédacteur en chef et auteur, et comme membre de la bureaucratie dont son Église était alors en train de se doter. À ces divers titres, il contribua considérablement au développement harmonieux de la communauté méthodiste et à l’avancement de la culture littéraire canadienne-anglaise.
En 1872, le comité des publications de la Conférence wesleyenne avait fait valoir la nécessité de lancer une revue méthodiste au Canada. Dès sa première conférence générale, en 1874, la nouvelle Église entérinait cette proposition. Withrow fut nommé rédacteur en chef ; son salaire était de 1 500 $. En janvier 1875 parut, à Toronto et à Halifax, la première livraison du mensuel intitulé Canadian Methodist Magazine, Devoted to Religion, Literature, and Social Progress. Elle contenait des articles sur l’instruction des femmes, l’exploration de l’Afrique et des sujets d’actualité, entre autres, les commentaires de William Ewart Gladstone sur le ritualisme (anglo-catholicisme), de même que de la poésie, une critique de livre et des nouvelles religieuses et missionnaires. Le sommaire des numéros qui paraîtraient jusqu’à la disparition du magazine en 1906 allait être assez semblable à celui-là. Withrow écrivit beaucoup dans ce premier numéro, tout comme dans les suivants. Voici quels étaient ses objectifs, tels qu’il les exposait succinctement : « [le Canadian Methodist Magazine entend] promouvoir la vie religieuse et intellectuelle de notre Église en pleine expansion, [...] fournir des lectures saines aux foyers chrétiens et favoriser l’éclosion d’une bonne littérature nationale dans notre jeune Dominion [...] Nous chercherons aussi [...] à analyser les problèmes religieux et sociaux, les grandes questions de notre temps [...] d’un point de vue chrétien [...] Nous croyons que, si elle reçoit un appui suffisant, notre revue peut contribuer au bien du pays. » En 1883, le Canadian Methodist Magazine comptait 2 561 abonnés ; en 1902, leur nombre s’élevait à 2 726. Withrow fut réélu rédacteur en chef de la revue et directeur des publications pour les écoles du dimanche par toutes les conférences générales qui se tinrent jusqu’à sa mort.
Withrow était un intellectuel affable, peu porté à la polémique. C’était aussi un fervent méthodiste ; la formation qu’il avait reçue visait à maintenir l’harmonie entre science et religion et à favoriser le développement d’« une intelligence disciplinée » plutôt que de l’esprit critique. Pour lui comme pour la plupart de ses collègues méthodistes, il n’y avait donc pas de défis plus grands à relever que le conflit « entre infidélité et religion révélée » dans le « domaine de la science » et l’évolution de la critique historique dans les études bibliques. Il tentait de servir de médiateur entre les théologiens, les scientifiques et les critiques de la Bible, souvent par le choix des livres analysés et des articles publiés dans sa revue. Reconnaissant que les adversaires ecclésiastiques de la science trahissaient souvent « une ignorance des véritables enseignements de ceux qu’ils dénonçaient », il pressait les ministres et les scientifiques de s’employer à « dissiper les ténèbres et rejeter l’erreur » au lieu de se livrer à des « guerres fratricides ». « Toute la vérité, qu’elle soit religieuse ou scientifique, disait-il, provient du même grand Auteur. » Néanmoins, il affirmerait en 1876 : « l’ensemble de la théorie selon laquelle l’origine de l’homme se perd dans la nuit des temps est une pyramide qui repose sur sa pointe, un vaste système fondé sur la généralisation hâtive et antiscientifique de faits mal interprétés ».
Withrow se préoccupait aussi de la qualité de la formation théologique donnée dans son Église. D’après lui, la principale tâche du ministre chrétien était « l’étude, la compréhension, l’interprétation, la défense » de la Bible. Le ministre devait connaître le contexte historique des Saintes Écritures et les langues dans lesquelles les textes bibliques avaient été écrits. Il devait « posséder le plus possible de ce savoir séculier qui illustre et confirme » la Bible et être au fait des « merveilleuses révélations et découvertes de la science moderne ». Cependant, contrairement à des érudits tels Burwash, qui allaient prendre l’initiative d’adapter la théologie et l’instruction méthodistes aux sciences et formuler la notion de « critique déférente » des Saintes Écritures, Withrow se montrait prudent devant la critique historique de la Bible. En 1891, lorsque George Coulson Workman* remit en question l’idée que les prophètes de l’Ancien Testament avaient prédit le rôle messianique de Jésus, Withrow répliqua qu’il ne fallait pas « modifier [l’interprétation traditionnelle] sans avoir des preuves irréfutables – preuves qui, selon [son] jugement, n’[avaient] pas été et ne [pouvaient] pas être produites ». Malgré tout, dans le Canadian Methodist Magazine, il donna à ses coreligionnaires des éclaircissements grâce auxquels certains d’entre eux allaient pouvoir adapter leurs convictions religieuses aux bouleversements sociaux et intellectuels que connut leur génération.
Outre la multitude d’articles et de critiques qu’il publia dans le Canadian Methodist Magazine, Withrow fit paraître de nombreux ouvrages. Quelques-uns parurent d’abord par tranches dans sa revue. Publiée à New York en 1874, son œuvre la plus savante, The catacombs of Rome and their testimony relative to primitive Christianity, décrit les catacombes avec un tel luxe de détails que le lecteur non averti pourrait la croire fondée sur des observations personnelles plutôt que sur des inscriptions déchiffrées et traduites avec l’aide de John McCaul*. Par la description minutieuse du ministère, des rites et des institutions des premiers chrétiens, Withrow voulait (en s’excusant pour son approche polémique) montrer l’« immense contraste entre le christianisme primitif et le catholicisme moderne ». Bien qu’on la trouve souvent dans le Canadian Methodist Magazine, cette critique du catholicisme n’était pas sévère ; elle fut toujours subordonnée à sa conviction que l’Église devait être « une arme pour conquérir le monde ». Après ce volume sur les catacombes, Withrow fit paraître, à Toronto, bon nombre d’ouvrages, dont les suivants : en 1876, A history of Canada for the use of schools and general readers, série de romans didactiques ; en 1895, The native races of North America, qui s’inspirait largement des écrits des missionnaires méthodistes ; toujours en 1895, une biographie romancée de Barbara Heck [Ruckle*] et des comptes rendus de ses voyages en Europe ; en 1898, Makers of Methodism ; enfin, en 1900, Religious progress in the nineteenth century [...]. L’ensemble de son œuvre visait à « stimuler un patriotisme élevé, une piété intelligente et une profonde sympathie à l’endroit de l’histoire et des institutions de la religion chrétienne ». Cependant, une bonne partie s’inspirait trop servilement d’autres sources, et ses ouvrages de fiction, même s’ils s’appuyaient sur l’expérience, manquaient de naturel.
Au nombre des publications que Withrow dirigeait à l’intention des écoles du dimanche, il y avait le Sunday School Banner pour les instituteurs, le Sunday-School Advocate, l’Onward (autorisé en 1890 et destiné expressément à l’Epworth League, la nouvelle organisation méthodiste pour jeunes), le Sunbeam et d’autres recueils, qui paraissaient tous à Toronto. En 1874, le tirage de ces périodiques pris ensemble était de 46 000 ; en 1908, il était de 400 000. Cette hausse montre que les publications pour les écoles du dimanche étaient utiles et populaires, mais on critiqua leur rôle après que la parution du Canadian Methodist Magazine eut été suspendue en 1906 dans le but de donner à Withrow plus de temps à leur consacrer. Sa collaboration témoigne éloquemment, selon Burwash, qu’« il vivait et écrivait pour les jeunes ».
Qualifié par Goldwin Smith d’« homme aux connaissances et aux goûts raffinés », William Henry Withrow reçut un doctorat honorifique en théologie du Victoria College en 1882 et fut élu membre de la Société royale du Canada en 1884. Il prit une part active aux travaux de cette société et parraina en 1890 l’élection de Charles George Douglas Roberts* au titre de membre. Dans le contexte de son époque, il promut une association fructueuse entre piété et culture. Il encouragea sereinement les chrétiens du Canada à accueillir les nouvelles idées et connaissances, et à croire que les affirmations des théologiens, des historiens et des scientifiques finiraient par se révéler compatibles. L’histoire religieuse et intellectuelle du xxe siècle allait contredire son optimisme.
L’ICMH a reproduit en microfiches les ouvrages de William Henry Withrow dont la liste figure dans son Répertoire.
EUC-C, 513/1, Wesleyan Methodist Church in Canada, Book Committee, journals, 1872–1874 ; Methodist Church, Book Committee, Western Sect. [à partir de 1906 : Book and Publishing Committee, Central Sect.], minutes, 1874–1908.— Christian Guardian, 18 nov. 1908.— Lawrence Burkholder, « Canadian Methodism and higher criticism, 1860–1910 » (notes de cours, Univ. of Toronto, Dept. of Hist., 1976 ; exemplaire aux EUC-C).— Canadian Wesleyan Methodist New Connexion Church, Minutes of the annual conference (London, Ontario), 1861–1866.— Steven Chambers, « The Canadian Methodist Magazine : a Victorian forum for new scientific and theological ideas », EUC, Committee on Arch. and Hist., Bull. (Toronto), n° 30 (1983–1984) : 61–80.— The chronicle of a century, 1829–1929 : the record of one hundred years of progress in the publishing concerns of the Methodist, Presbyterian, and Congregational churches in Canada, L. [A.] Pierce, édit. (Toronto, 1929).— Église méthodiste (Canada, Terre-Neuve, Bermudes), General Conference, Journal of proc. (Toronto), 1883–1906 ; Toronto Conference, Minutes, 1909.— Église méthodiste du Canada, General Conference, Journal of proc. (Toronto), 1874–1882.— The Oxford companion to Canadian history and literature, Norah Story, édit. (Toronto, 1967).— SRC Trans., 3e sér., 3 (1909), proc. : xlviii-l (notice nécrologique rédigée par [Nathanael] Burwash et portrait de Withrow en regard de la p. xlviii).— Wesleyan Methodist Church in Canada, Minutes of the annual conference (Toronto), 1867–1874.
Goldwin S. French, « WITHROW, WILLIAM HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/withrow_william_henry_13F.html.
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Auteur de l'article: | Goldwin S. French |
Titre de l'article: | WITHROW, WILLIAM HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |