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EVANS, EPHRAIM, instituteur, ministre méthodiste, rédacteur en chef et administrateur scolaire, né le 30 juin 1803 à Kingston upon Hull, Angleterre, fils de James Evans et d’une prénommée Mary, et frère de James Evans* ; le 27 juin 1832, il épousa Charlotte Shaw, fille d’Æneas Shaw*, et ils eurent quatre filles et un fils, puis le 16 juillet 1874 Mary E. Gunn, fille de Robert Gunn, de Wallacetown, Ontario, qui lui survécut avec de jeunes enfants ; décédé le 14 juin 1892 à London, Ontario.
Ephraim Evans fit des études dans un pensionnat du Lincolnshire. En 1820, il accompagna ses parents à Lachute, au Bas-Canada ; quatre ans plus tard, il s’installa dans le Haut-Canada pour enseigner. À cet endroit, malgré qu’il ait reçu une éducation méthodiste stricte, il se mit à écrire un roman. Cependant, transformé par un revival tenu dans le canton de Bastard en 1827, il commença à prêcher presque tout de suite dans la circonscription ecclésiastique de Kingston. Ordonné en 1830, il exerça successivement son ministère à Cobourg, Niagara (Niagara-on-the-Lake), Stamford (Niagara Falls) et Ancaster. En 1833–1834, il parcourut l’ouest du Haut-Canada afin de recueillir des fonds pour l’Upper Canada Academy, que les méthodistes projetaient d’ouvrir.
En bonne partie à l’instigation de William*, John* et Egerton* Ryerson, la Conférence canadienne de l’Église méthodiste épiscopale se plaça en 1833 sous la juridiction de la Conférence wesleyenne britannique. Les méthodistes britanniques, qui par tradition montraient du respect aux autorités, s’inquiétaient de l’âpreté avec laquelle le Christian Guardian, journal des méthodistes canadiens, réclamait des réformes. Pour les rassurer, les Ryerson, qui cherchaient un rédacteur en chef conciliant, manigancèrent pour qu’Evans soit élu à ce poste en 1835. Jamais rédacteur en chef n’occupa position si malaisée. Le débat sur les réserves du clergé battait son plein. La Conférence méthodiste revendiquait son droit à une part égale du produit de ces réserves même si elle niait avoir l’intention d’accepter de l’argent du gouvernement à d’autres fins que l’éducation ou « l’ensemble des affaires religieuses ». Evans défendait de son mieux cette ligne de conduite ambiguë. D’un côté, il résistait aux anglicans et à leur prétention à la propriété exclusive des réserves du clergé. De l’autre, il répliquait aux attaques des méthodistes épiscopaux traditionnels qui, tel James Richardson*, insistaient sur le principe de la séparation de l’Église et de l’État et du soutien de l’Église par contributions volontaires. Il réussissait moins bien à apaiser les éléments réformistes qui se trouvaient au sein du groupe principal des méthodistes. En effet, Evans était un ultraloyaliste pour qui la province se divisait seulement en deux parties, « l’une qui cherch[ait] à préserver le lien colonial avec la Grande-Bretagne, l’autre à le rompre ». Adversaire résolu de l’esclavage, il devint en 1837 secrétaire de l’Upper Canada Anti-Slavery Society, de fondation récente. Cette prise de position, qui l’amena à condamner l’attitude équivoque des méthodistes américains sur la question, déplut en cette époque où l’Église méthodiste du Canada tenait à se faire reconnaître par l’Église américaine. En 1838, avec l’assentiment du surintendant de la Conférence britannique des missions du Haut-Canada, Joseph Stinson*, on convint qu’Egerton Ryerson reprendrait le poste de rédacteur en chef. En guise de récompense, Evans obtint la présidence du district de London.
Déjà, avant de remplacer Evans, Ryerson s’était opposé aux wesleyens britanniques qui exigeaient le renvoi des fidèles sympathiques à la rébellion de 1837 et, ce faisant, il avait amorcé une rupture qui allait se consommer en 1840 par la dissolution de l’union des deux Conférences. Durant cette période critique, Evans tint toujours une position claire. Convaincu que la présence d’un « méthodisme authentique » était essentielle à la préservation du lien impérial, il croyait que, si les Ryerson avaient naguère prôné l’union des Conférences britannique et canadienne, c’était uniquement pour exclure les missionnaires britanniques de la province. Il prit parti pour la Conférence britannique, servit ses congrégations de Hamilton et de London, et devint en 1843 secrétaire de l’assemblée de son district.
Les deux Conférences méthodistes fusionnèrent de nouveau en 1847. Evans se laissa convaincre tant bien que mal que c’était là le seul moyen d’assurer l’avenir du wesleyanisme britannique dans le Haut-Canada. Il comprit aussi qu’il avait cessé d’être utile dans la province, à cause de son intransigeance. L’année suivante, la Conférence britannique se porta à son secours en le nommant – à dix jours d’avis – surintendant général de ses missions des Maritimes. Il fut en outre missionnaire à Halifax jusqu’en 1852 puis à Charlottetown jusqu’en 1854, toujours pour la Conférence britannique. Pendant son mandat, il organisa une caisse de réserve pour les dépenses imprévues, fit adopter par le Parlement néo-écossais des projets de loi qui constituaient juridiquement l’assemblée du district local et des sociétés de gestion des temples et s’employa à obtenir la formation d’une conférence semi-autonome en 1855. Les trois années où il fut administrateur et aumônier des écoles wesleyennes de Sackville, au Nouveau-Brunswick, furent moins heureuses, car le directeur, Humphrey Pickard*, ne cédait pas facilement des parcelles de son autorité jusque-là incontestée.
En 1857, le temps ayant apaisé les vieilles querelles, Evans demanda une affectation au Canada. S’il espérait quelque sinécure, il déchanta rapidement. Après avoir passé un an à Kingston, il fut placé à la tête d’un groupe de quatre ministres méthodistes, dont Edward White*, qui partaient pour la côte du Pacifique où la fièvre de l’or avait provoqué une affluence soudaine. Le 10 février 1859, il parvint à Victoria, qui devait être son point d’attache. Le mois suivant, il dirigea ses collègues dans une expédition harassante : la remontée du Fraser en canot jusqu’à Yale, puis le retour. En 1862 et 1863, il visita les nouvelles régions minières de Cariboo, mais une fracture du bras en novembre 1864 l’obligea à mettre fin à son ambitieux programme de voyages. De 1866 à 1868, il desservit la circonscription ecclésiastique de Nanaimo, ce qui était moins épuisant, puis il retourna en Ontario pour exercer son ministère à Hamilton et à Yorkville (Toronto). De 1872 à 1875, il dirigea la Mount Elgin Industrial Institution, à Muncey, qui accueillait des élèves indiens. Finalement, il s’établit à London, où il fut durant 14 ans secrétaire de la Western Ontario Bible Society.
Les contemporains d’Ephraim Evans le décrivent en général comme un homme d’allure militaire, qui se tenait aussi droit qu’un soldat. Formidable dans les débats, il était en même temps d’une indéfectible courtoisie. Dans ses premières circonscriptions ecclésiastiques, il participa à l’animation de plusieurs revivals. Par la suite, même si l’érudition et l’élégance littéraire de ses sermons inspiraient le respect, il se fit surtout remarquer à titre d’administrateur à qui l’on pouvait se fier pour exercer avec talent des fonctions difficiles. En général, peu après son affectation dans une congrégation, celle-ci pouvait se vanter de posséder « un temple spacieux et élégant ». La dernière construction qu’il fit ériger était un presbytère à Muncey ; âgé de plus de 70 ans, il le peignit lui-même. Dans les Maritimes, il se signala en introduisant une certaine mesure d’organisation dans une œuvre où elle avait fait défaut jusque-là. Bien que sa réputation ait peut-être quelque peu pâti de son adhésion à des positions ecclésiastiques et politiques périmées, jamais son intégrité, sa compétence et son dévouement au méthodisme ne furent mis en question.
UCC-C, Biog. files.— [J. S. Carroll], Past and present, or a description of persons and events connected with Canadian Methodism for the last forty years ; by a spectator of the scenes (Toronto, 1860).— Wesleyan Methodist Church, Minutes of the conferences (Londres), 1893 : 23.— Wesleyan Methodist Church in Canada, Missionary Soc., Annual report (Toronto), 1858–1868 ; 1872–1874.— Christian Guardian, 1831–1892.— Cornish, Cyclopædia of Methodism.— S. P. Rose, « Ephraim Evans, D. D. (1803–1892) », The chronicle of a century, 1829–1929 : the record of one hundred years of progress in the publishing concerns of the Methodist, Presbyterian, and Congregational churches in Canada, L. [A.] Pierce, édit. (Toronto, [1929]), 27–32.
John Webster Grant, « EVANS, EPHRAIM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/evans_ephraim_12F.html.
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Auteur de l'article: | John Webster Grant |
Titre de l'article: | EVANS, EPHRAIM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |