PURDY, WILLIAM, propriétaire de moulins, né le 2 août 1769 à Westchester, New York, fils de Jesse Purdy ; il épousa Elizabeth Brundage, puis Hulda Yates et enfin Sabia Wilcox ; décédé le 22 janvier 1847 à Bath, Haut-Canada.
Le père de William Purdy, qui était loyaliste, servit dans les Emmerich’s Chasseurs pendant la guerre d’Indépendance américaine. En 1787, William s’installa à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec) et, deux ans plus tard, dans les nouveaux établissements loyalistes du haut Saint-Laurent. Il y obtint une concession foncière dans le canton de Yonge. En 1816, il s’établit dans le canton de Vaughan, où il acheta les moulins de John Lyons. L’incendie qui rasa un nouveau moulin à farine en 1828 fut peut-être l’un des motifs qui le poussèrent à vendre toute la propriété, située au nord d’York (Toronto), à Benjamin Thorne et à William.
Parsons En décembre 1829, Purdy demanda un nouvel emplacement de moulin. L’année suivante, le gouvernement lui concéda 400 acres dans le canton d’Ops, district de Newcastle, à la condition qu’il y construise un barrage, une scierie et un moulin à farine. Malgré des difficultés dues aux crues du printemps et à la fièvre, les travaux étaient déjà en bonne voie en septembre 1830. Purdy avait ensemencé une portion des cinq ou six acres qu’il avait défrichées et, là où se trouve aujourd’hui Lindsay, « creusé dans un rocher, sur le bord de la rivière [Scugog], un espace suffisant pour installer [sa] scierie et l’[abée] » ; il avait aussi « érigé une bonne charpente de grandes dimensions ainsi qu’une bonne et solide charpente de barrage ». Selon James Grant Chewett*, du bureau de l’arpenteur général, il devait « bénéficier de tout l’encouragement possible ». John Langton*, qui passa une nuit chez lui en octobre 1833, estima que son barrage de moulin devait être « le plus gros au monde ». Le même mois, Purdy réclama les lettres patentes de sa terre et demanda aussi que les titres de propriété existants et futurs qui étaient ou seraient attachés aux lots déjà inondés par son réservoir contiennent des restrictions qui lui garantiraient le « droit de maintenir l’eau à son niveau actuel » et le protégeraient des poursuites en dommages-intérêts. Le Conseil exécutif accéda à ses demandes le 9 mai 1834.
Le barrage de Purdy modifia considérablement le territoire environnant. La Scugog, qui avait auparavant un cours sinueux, devint navigable sur plus de 30 milles, et ses eaux recouvrirent 1 050 acres de terre et transformèrent une forêt marécageuse de mélèzes en un lac appelé aussi Scugog. Nombre d’habitants étaient heureux d’avoir enfin de bons moulins et une rivière navigable, mais le fait que personne n’avait cherché à prévoir les effets du barrage suscitait de l’inquiétude, et nombreux furent ceux qui perdirent des droits sur des terres ou des moulins à cause de l’inondation.
En 1835, un comité parlementaire chargea l’ingénieur Nicol Hugh Baird de faire rapport sur l’impact du barrage et sur les effets probables de sa démolition. Baird conclut que l’amélioration de la navigation était un atout pour la région et qu’elle s’intégrerait aux efforts que le gouvernement avait entrepris pour relier les lacs Simcoe et Rice par un grand canal, mais il maintenait qu’un barrage d’une hauteur de chute de 5 pieds, au lieu de 12, suffirait. La superficie de la région inondée et de la zone navigable se trouverait ainsi réduite, mais Purdy aurait encore de l’énergie en quantité pour ses moulins qui, affirmait Baird, pouvaient donner un meilleur rendement. L’ingénieur semblait ne pas douter qu’on construirait une route ou un chemin de fer entre Windsor Harbour (Whitby) et le lac Scugog, qu’on creuserait le canal Trent (achevé seulement en 1905) et que les bateaux seraient toujours tels qu’il ne leur faudrait pas des eaux plus profondes. Le gouvernement entérina la principale recommandation de Baird en acceptant de construire son propre barrage, d’une hauteur de chute de 5 pieds, en amont de celui de Purdy. Cependant, il n’incita nullement ce dernier à démolir le sien.
En 1836, Purdy appuya une pétition en faveur de la construction du canal Trent et d’une route à partir de Windsor Harbour. Toutefois, il souhaitait avant tout qu’on l’assure de son impunité. Il avait également espéré qu’on le protège contre les poursuites judiciaires, surtout celles qui pourraient venir des propriétaires à qui on avait délivré les lettres patentes avant 1834, mais il reçut peu d’appui du gouvernement. En janvier 1837, il redemanda à celui-ci de garantir ses droits d’inondation sur les terres recouvertes d’eau depuis la construction de son barrage. Alexander McDonell*, responsable de la colonisation dans la région, confirma que Purdy avait reçu son emplacement parce qu’il savait comment ériger des moulins dans des lieux de ce genre et admit que les moulins « correspond[aient] en tous points aux besoins de la région environnante ». Néanmoins, il nia avoir eu « connaissance d’une quelconque promesse d’impunité » pour l’inondation des lots dont les lettres patentes dataient d’avant ou d’après 1834.
La rébellion de 1837–1838 exacerba les conflits qu’avait soulevés le barrage de Purdy. On raconta dans la région de Peterborough que William Lyon Mackenzie* se cachait dans les moulins, ce qui était faux. Le 13 décembre 1837, on arrêta Purdy, qui avait apparemment critiqué le family compact, et on l’incarcéra dans la prison de district à Cobourg. Tout comme les 11 autres personnes alors appréhendées dans le district de Newcastle, dont John Gilchrist*, on le libéra sans procès. Au cours de l’été de 1838, des colons armés s’attaquèrent à son barrage qui, selon eux, était à l’origine d’une épidémie de fièvre.
Le bureau provincial des Travaux publics avait presque terminé son propre barrage lorsqu’il s’entendit avec Purdy et ses fils sur les conditions de la démolition du leur. En décembre 1843, ils reçurent £400, plus « l’usage de toute l’eau excédentaire qui ne serait pas nécessaire à la navigation » ; en retour, ils abandonnaient toutes réclamations et s’engageaient à maintenir en bon état le nouveau barrage (terminé au début de l’été de 1844). L’entretien de ce barrage et l’administration des moulins incombaient à Hazzard Wilcox et à Jesse Thomas, 2 des 11 enfants de William, qui leur avait cédé progressivement la propriété entre 1836 et février 1839. En 1838, avec Jesse Thomas, il était allé s’installer à Bath, où il passa paisiblement ses neuf dernières années comme fermier. Jesse Thomas hérita de la ferme en 1847 puis la vendit à Hazzard Wilcox en 1850. Par la suite, tous deux s’établirent à Meaford, dans le Haut-Canada, avant de partir pour le Dakota du Nord.
Le barrage continua de susciter la controverse longtemps après leur départ. Quant à William Purdy, toute cette affaire l’avait déçu. Partisan du progrès matériel, comme tant de gens de son époque et comme les propriétaires de moulins de tous les temps, il avait accru le potentiel d’une région fort dépourvue en y améliorant la navigation et en y construisant de bons moulins. Toutefois, même s’il était probablement favorable aux réformistes, ceux-ci prirent son barrage et ses moulins comme exemples des excès du gouvernement qui, lui, ne l’appuya que du bout des lèvres et préféra croire que ses difficultés provenaient de la hauteur excessive de son barrage.
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Elwood H. Jones, « PURDY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/purdy_william_7F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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