PINSON, ANDREW, capitaine de navire et marchand, né vers 1728 à Abbotskerswell, Angleterre, aîné des fils survivants d’Andrew Pinson et d’Ann Dodd ; il se maria et eut au moins un fils ; décédé le 20 avril 1810 à Broadhempston, Angleterre.

Andrew Pinson était le fils d’un bye-boat keeper qui aménagea une grave à St John’s pendant les années 1720. En 1750, Andrew père avait prospéré au point qu’il était déjà propriétaire de son propre navire de commerce, au commandement duquel son fils avait été nommé à l’âge de 20 ans. Déjà, le père vieillissait et il n’entreprit plus la migration transatlantique annuelle, laissant la gestion de la pêche à son fils Andrew. Tout se passa assez bien jusqu’en 1758, année où le navire sous les ordres d’Andrew fils fut capturé par un corsaire français durant le voyage de retour en Angleterre. Pinson passa probablement les quatre années suivantes en prison, et son père, incapable de poursuivre la pêche, loua son établissement de St John’s. Le père mourut en 1764, et Andrew hérita à peine plus que le loyer de l’établissement. Forcé de recommencer à neuf, il choisit de travailler pour l’importante firme John Noble and Company, de Bristol. Noble faisait du commerce à Terre-Neuve depuis 1740 environ et, pendant la guerre de Sept Ans, il avait armé plusieurs navires de course. L’un d’entre eux, commandé par Nicholas Darby*, recueillit de riches prises dans le détroit de Belle-Isle, entre Terre-Neuve et le Labrador, et découvrit aussi l’abondance des points de pêche dans cette région, presque inconnue jusque-là des marins anglais.

Après la conclusion de la paix en 1763, Noble se trouvait bien placé pour exploiter les pêches de la rive nord de l’île. Il chargea donc Pinson de recruter un équipage à St John’s, lequel pêcherait à Zealot Harbour. De 1763 à 1770, Pinson organisa des expéditions annuelles de pêche de St John’s à Conche et à Cape Rouge, dans la péninsule nord de l’île. Personnage mal dégrossi, Pinson s’était acquis l’une des pires réputations dans le commerce terre-neuvien, en raison des mauvais traitements qu’il réservait à ses employés, ce qui lui valut d’être grandement en défaveur auprès des gouverneurs, particulièrement auprès de Hugh Palliser*. Il faisait aussi enrager les autres marchands en réclamant des droits exclusifs pour la pêche au saumon dans les havres du nord de l’île. John Noble le trouvait cependant efficace et productif.

En 1770, probablement à la suggestion de Pinson, Noble construisit un poste de pêche plus ou moins permanent à l’anse Lance, dans la baie Temple, au Labrador, et, en 1772, un autre situé tout près, à Pitts Harbour. En 1775, Pinson était associé dans la compagnie, et son jeune fils William se rendit au Labrador à titre de capitaine de navire et de représentant de la firme pour la saison estivale. La guerre d’Indépendance américaine se révéla coûteuse pour la compagnie : les installations qu’elle avait fait construire à L’Anse-au-Loup, au Labrador, et trois de ses navires furent détruits par un corsaire américain en 1778. Le même corsaire rasa aussi l’établissement de George Cartwright, dans la baie Sandwich. Par suite de ce désastre, Cartwright se trouva de nouveau insolvable ; Noble et Pinson achetèrent ses installations.

Pendant la guerre, Pinson et Noble armèrent tous deux des navires de course qui connurent par la suite un modeste succès. La fin de la guerre les encouragea à donner rapidement de l’expansion à leur entreprise. Il n’y avait pas encore de patrons de pêche qui fonctionnaient de façon indépendante sur la côte du Labrador, et, en fait, leur seul concurrent sérieux était John Slade*, à Battle Harbour, lequel était originaire de Poole, en Angleterre. Ainsi, la compagnie, au contraire de celles qui étaient installées à Terre-Neuve, devait employer directement ses hommes pour pêcher le poisson et leur faire traverser chaque année l’Atlantique, aller et retour. En 1793, Pinson et Noble avaient neuf navires engagés dans l’industrie du transport et employaient jusqu’à 250 hommes à la pêche à la morue et au saumon, à l’abattage des phoques et à la traite avec les aborigènes.

À ce moment-là, le fils de Pinson, William, et le fils de Noble, John Hatt, étaient eux aussi devenus associés dans la compagnie. L’avenir paraissait brillant. Mais, une fois de plus, la guerre vint mettre un terme à l’expansion de la compagnie ; en 1796, celle-ci fut forcée de détruire les installations qu’elle avait reconstruites à L’Anse-au-Loup pour les empêcher de tomber aux mains de l’amiral français Joseph de Richery. Cette perte, ainsi que la fermeture des marchés espagnol et italien par suite de la guerre, ébranla jusqu’à un certain point la compagnie, qui, néanmoins, parait s’en être tirée assez bien. Le traité d’Amiens de 1802 permit aux associés de redonner rapidement de l’expansion à leurs affaires. En 1804, ils possédaient sept navires et étaient apparemment bien nantis, mais les relations humaines vinrent disloquer cette florissante entreprise. Il semblerait qu’Andrew Pinson et, à un moindre degré, John Noble eussent vécu trop vieux. En 1800, le fils de Pinson, William, avait 46 ans, et John Hatt Noble était depuis longtemps un adulte. Les anciens avaient dû refuser de leur donner suffisamment de responsabilités, car William Pinson forma une nouvelle société avec un de ses beaux-frères, John Hine, de Dartmouth, depuis longtemps représentant et capitaine de navire pour la compagnie, tandis que John Hatt Noble s’associa avec Henry Hunt, de Dartmouth également. Noble et Hunt quittèrent l’ouest de l’Angleterre pour s’établir à Londres, où ils s’engagèrent dans un réseau complexe de relations d’affaires avec les nombreux parents de Henry Hunt ; Pinson et Hine se lancèrent, à leur propre compte, dans le commerce au Labrador. La rupture avait dû se faire d’une façon plutôt amicale, puisque les deux groupes d’associés eurent d’assez étroites relations avec la plus ancienne compagnie. Cette dernière trouva son salut dans l’envoi à Terre-Neuve du fils de William, Andrew, alors d’âge à assumer la gestion de l’entreprise.

La mort d’Andrew Pinson, en 1810, fut rapidement suivie de celle de son fils William ; leurs biens allèrent au petit-fils de Pinson, Andrew. Celui-ci rompit les liens avec la famille Noble et poursuivit le commerce sous le nom de Pinson and Hine, faisant chaque année la navette entre Dartmouth et le Labrador, où il devint le citoyen le plus important et où il exerça la fonction de juge de paix. John Hatt Noble hérita la part de son père dans l’exploitation et, par l’intermédiaire de son associé Henry Hunt, il réintégra le milieu de la pêche, au Labrador, sous la raison sociale de Beard and Hunt. Il n’était cependant qu’un bailleur de fonds et, bientôt, il transféra ses intérêts à Oporto, au Portugal. Andrew Pinson eut un fils en 1827 et mourut prématurément quatre années plus tard, à l’âge de 43 ans. Sa mort mit fin aux relations commerciales des familles Noble et Pinson avec Terre-Neuve.

Keith Matthews

Bristol Reference Library (Bristol, Angl.), Bristol Presentments.— Devon Record Office, 73A/PO 46–87 ; 2659A ; 2954A ; 2992A ; Exeter City Arch., town customs accounts.— Hunt, Roope & Co. (Londres), Robert Newman & Co., ledgers and letterbooks (mfm aux PANL).— PANL, GN 1/13/4 ; GN 2/1 ; GN 5/1/B/1, Trinity and Labrador records ; P7/A/6.— PRO, ADM 1/471–476 ; 7/317–319 ; BT 1 ; BT 5 ; BT 6/190–191 ; BT 98/3–17 ; CO 194 ; CUST 65.— George Cartwright, Journal of transactions and events, during a residence of nearly sixteen years on the coast of Labrador [...] (3 vol., Newark, Angl., 1792).— Edward Chappell, Voyage of his majesty’s ship Rosamond to Newfoundland and the southern coast of Labrador, of which countries no account has been published by any British traveller since the reign of Queen Elizabeth (Londres, 1818).— Felix Farley’s Bristol Journal (Bristol).— Lloyd’s Evening Post and British Chronicle (Londres).— Lloyd’s List.— Newfoundland Mercantile Journal (St John’s).— Public Advertiser (Londres).— Royal Gazette (St John’s).— Sherborne Mercury or the Weekly Magazine (Sherborne, Angl.).— Trewman’s Exeter Flying Post, or Plymouth and Cornish Advertiser (Exeter).— Reg. of shipping.

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Keith Matthews, « PINSON, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pinson_andrew_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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