PERREY, SYLVAIN-ÉPHREM (souvent écrit Perry ou Poirier, mais il signait toujours S. E. Perrey), prêtre catholique, né le 15 juillet 1800 ou 1802 à Tignish, Île-du-Prince-Édouard, septième des neuf enfants de Pierre Poirier et de Marie Chiasson, décédé le 3 août 1887 à Egmont Bay, Île-du-Prince-Édouard.

Quelque 50 ans après la déportation des Acadiens de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) en 1758, Sylvain-Éphrem Perrey naquit dans des conditions très difficiles et parfois même incertaines pour ce peuple. En 1799, sa famille se voyait obligée de s’arracher de l’endroit où elle était installée sur les bords de la baie Malpeque pour s’établir dans la région de Tignish. Perrey fut peut-être baptisé par l’abbé Jacques-Ladislas de Calonne*, missionnaire dans l’île de 1799 à 1804. Il fréquenta l’école à Tignish, puis alla poursuivre ses études à Rustico.

Tout jeune, Perrey opta pour la prêtrise. En 1818, l’abbé Joseph-Étienne Cécile, curé de Rustico, reconnut ses talents et le recommanda à Mgr Joseph-Octave Plessis*, évêque de Québec. Ce dernier lui trouva une place au séminaire de Nicolet, où il passa les huit années suivantes à se préparer à la prêtrise. Dans cette institution, il montra, par son travail assidu, un courage, une détermination et une persévérance inépuisables, qui caractérisèrent toute sa vie sacerdotale.

En 1826, Perrey revint à l’Île-du-Prince-Édouard où il compléta ses études sous la direction de Mgr Angus Bernard MacEachern*, tout en assumant, selon toute apparence, les fonctions de secrétaire de l’évêque. Le 28 juillet 1828, Perrey reçut la prêtrise en l’église St Andrew, à St Andrews, des mains de Mgr MacEachern. Il n’y avait alors que deux autres prêtres catholiques dans l’île, MacEachern et Bernard Donald Macdonald* ; ce dernier s’occupait surtout des missions acadiennes, de Rustico à Tignish. Dès son ordination, Perrey fut nommé à la cure de Tignish, et on lui confia la desserte des missions acadiennes du comté de Prince.

Au cours de la période qui avait suivi la déportation, les colons acadiens des Maritimes s’étaient tournés vers leurs prêtres en quête de directives, de sorte que le clergé en était venu à assumer un rôle de leadership à l’intérieur des communautés, multipliant les conseils tant dans le domaine religieux que profane. À l’Île-du-Prince-Édouard, cependant, rares étaient les prêtres résidants et, jusqu’au début du xixe siècle, les secours de la religion avaient été dispensés aux Acadiens et autres catholiques par des missionnaires de passage et par des laïcs à qui l’on avait accordé certains pouvoirs spéciaux. Perrey, premier prêtre à être né dans l’île, allait y exercer une grande influence parmi les Acadiens, Pendant 15 ans, Perrey travaillera auprès de ses ouailles dispersées entre Tignish et Miscouche, distants de plus de 40 milles. « Couchant l’hiver sur la neige, le printemps et l’automne sur l’humide lit des bois, traversant les rivières en canot et autrement par toutes les saisons de l’année et par tous les temps », Perrey se montrait « toujours gai, toujours content, toujours heureux » dans son ministère.

En 1844, l’abbé Peter MacIntyre*, nouvellement ordonné pour le diocèse de Charlottetown, fut envoyé à Tignish où il s’occupa de desservir la population de cette portion ouest du comté de Prince, tandis que Perrey fixa sa résidence à Miscouche, dispensant les secours de la religion dans les missions de l’est du comté. En 1860, en raison de sa vue déclinante, il fut forcé de prendre un repos, bien mérité d’ailleurs. Il se retira dans la région de Tignish, et il alla habiter avec sa sœur à l’Étang-des-Clous (Nail Pond) ; après quelques années, il avait retrouvé suffisamment de forces pour reprendre son ministère. Il fut nommé premier curé résidant à Mount Carmel en 1869. En juillet 1878, il fut l’objet d’une grande fête à Charlottetown pour souligner son jubilé d’or sacerdotal. Finalement, en 1879, il se vit forcé de quitter son ministère, en raison d’une cécité presque totale.

Durant tout son ministère, Perrey participa au progrès de son diocèse et s’intéressa de près aux besoins de son peuple. Lorsque Mgr MacEachern fonda le St Andrew’s College à St Andrews en 1830, on nomma Perrey membre du conseil d’administration de l’institution. Il accorda aussi son appui au St Dunstan’s College à Charlottetown, qui remplaça le St Andrew’s College. En reconnaissance de l’aide reçue jadis pour poursuivre ses propres études, il dota d’une bourse d’études le St Dunstan’s College et le collège Saint-Joseph à Memramcook, Nouveau-Brunswick. Plusieurs jeunes Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard allaient profiter de ces bourses. En 1841, lors de la fondation de sociétés d’abstinence totale dans le diocèse, Perrey devint président de celle que l’on établit dans le comté de Prince. Il fut aussi membre fondateur d’une société mutuelle d’assurances établie le 11 mars 1846, à l’intention du clergé diocésain, par Mgr MacDonald, devenu le deuxième évêque de Charlottetown.

Administrateur compétent, Perrey construisit un presbytère à Tignish, compléta la construction des églises de Tignish et de Mount Carmel, et agrandit plus tard cette dernière, pour répondre aux besoins des paroissiens dont le nombre s’accroissait. Au dire des gens qui l’ont connu, il « n’était pas [...] un bon prédicateur, mais il savait fort bien réprimander ». Pendant ses études au séminaire de Nicolet, il avait appris le plain-chant. Doué d’une bonne voix, il organisa des chorales dans toutes ses missions. Son influence fut telle en ce domaine qu’elle se faisait encore sentir dans les paroisses du comté de Prince, tout juste avant le renouveau liturgique mis de l’avant depuis le deuxième concile du Vatican.

Perrey passa ses derniers jours dans sa parenté à Egmont Bay. Après sa mort en 1887, les paroissiens des communautés qu’il avait desservies érigèrent un monument dans le cimetière d’Egmont Bay, pour commémorer son œuvre.

Francis-C. Blanchard

Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 11 juill. 1878, 9 août 1887.— Ivanhoë Caron, « Inventaire de la correspondance de Mgr Bernard-Claude Panet, archevêque de Québec », ANQ Rapport, 1933–1934 : 294, 312, 337, 344, 358.— J.-H. Blanchard, The Acadians of Prince Edward Island, 1720–1964 (Ottawa et Hull, Québec, 1964) ; Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard ([Charlottetown], 1956).— The Catholic Church in Prince Edward Island, 1720–1979, M. F. Hennessey, édit. (Charlottetown, 1979).— [L’impartial illustré], numéro illustré : souvenir de la célébration du 100me anniversaire de la fondation de Tignish (Tignish, Î.-P.-É., 1899).— J. C. Macmillan, The early history of the Catholic Church in Prince Edward Island (Québec, 1905) ; The history of the Catholic Church in Prince Edward Island from 1835 till 1891 (Québec, 1913).— J.-W. Pineau, Le clergé français dans l’Île-du-Prince-Édouard, 1721–1821 ([Québec, 1967]).

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Francis-C. Blanchard, « PERREY (Perry, Poirier), SYLVAIN-ÉPHREM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/perrey_sylvain_ephrem_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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