PELTIER, HECTOR, médecin, enseignant, né à Montréal le 15 septembre 1822, fils de Toussaint Peltier*, avocat, et d’Émélie Herigault, décédé à Montréal le 29 janvier 1878.

À l’âge de 16 ans, Hector Peltier passa en France pour y faire sa philosophie au collège Henri IV, à Paris. Il y commença ses études médicales qu’il alla compléter à Édimbourg, où après deux ans il obtint son doctorat. À son retour au Canada, admis à la pratique médicale le 21 février 1846, il fut nommé professeur de physiologie au nouveau collège de médecine et de chirurgie de Montréal, fondé depuis trois ans.

À cause sans doute de sa formation européenne, Peltier fut mêlé de très près à l’évolution de la profession médicale à Montréal. Il fut, par exemple, l’un des 180 signataires qui sollicitèrent du parlement de la province du Canada la reconnaissance officielle de l’étude et de la pratique de la médecine, qui fut accordée en 1847.

En 1849, Peltier fut chargé avec le docteur Louis Boyer de présenter à l’Hôtel-Dieu de Montréal un projet d’entente, qui fut bientôt réalisé, pour l’organisation de l’instruction clinique des élèves de l’école. Le 13 juin 1850, le collège le déléga au comité des bills privés du parlement afin d’obtenir les amendements à sa charte qui lui permettraient d’émettre un certificat ad praticandum. Cette requête fut refusée ; bien plus, en 1853, 27 médecins de Montréal, auxquels se joignirent ceux de l’université Laval, présentèrent aux députés un mémoire démontrant que ce serait abaisser le niveau de la profession que d’accorder à des institutions non universitaires l’autorisation d’émettre des permis de pratiquer.

Depuis 1847 McGill University assurait aux étudiants de l’école l’enseignement final et leur décernait leur diplôme. Aussi n’avait-elle pas prisé la demande du collège de modifier sa charte. Devant les ennuis répétés suscités par McGill, le collège décida de s’affilier à quelque autre université plus accueillante. Après des démarches infructueuses auprès de l’université Laval et de l’université d’Ottawa, l’école, par l’intermédiaire d’Hector Peltier et de Pierre Beaubien*, soumit à Victoria University (Cobourg) un projet d’entente aussitôt accepté. Le 10 septembre 1866, le collège de médecine et de chirurgie de Montréal devint la faculté de médecine de l’université méthodiste Victoria. « Beau sujet de scandale qu’on lui reprochera d’ailleurs au cours des conflits avec Laval, écrira à ce propos le docteur Roger Dufresne en 1946. On affectera alors de croire au danger que devait certainement courir, sous la règle méthodiste, la foi des étudiants catholiques canadiens-français ! On n’exposait pourtant à ce péril que les professeurs chargés, une fois l’an, d’aller faire apposer sur les diplômes imprimés d’avance à Montréal les noms et les signatures officielles. »

Cette situation, toutefois, ne satisfaisait pas totalement les directeurs de l’école, qui renouvelèrent leur requête, par l’intermédiaire de Peltier et de Beaubien, auprès des membres du parlement québécois afin d’obtenir, pour Montréal, une charte universitaire. Devant l’opposition de Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau*, de Québec, cette requête connut une fin de non-recevoir. Les jésuites ayant présenté en 1872 un projet de loi pour fonder une université à Montréal, la réponse fut encore négative. Ces démarches multipliées et inutiles mirent aux prises les villes de Québec et de Montréal, les politiciens et les autorités religieuses, les gallicans et les ultramontains. Aussi en 1872, le Franc-Parleur publiait-il, sous la signature de Beaubien, président de l’école, et de son secrétaire, Peltier, la déclaration suivante : « Après toutes nos démarches antérieures et nos rapports avec l’Université Laval, nous avons des raisons décisives de ne jamais plus vouloir rien avoir à faire ni avec l’Université Laval ni avec son enseignement. [...] Cependant, nous sentons le pressant besoin pour Montréal d’une université catholique. »

Cette lutte entre Montréal et Québec fut portée jusqu’à Rome, et Mgr Ignace Bourget* dut prier les jésuites de retirer leur projet de loi. Le docteur Hector Peltier fut témoin d’une partie de cette pénible histoire : il connut la décision d’établir une succursale de l’université Laval à Montréal et les premières tractations du recteur québécois, Thomas-Étienne Hamel, pour l’organisation de l’enseignement de la médecine à Montréal.

Le 6 janvier 1878 on célébra la fondation d’une université catholique à Montréal. Le docteur Peltier assista au banquet ; ses confrères attendaient de lui un discours, mais il garda le silence. Peut-être avait-il le pressentiment de l’hémorragie cérébrale qui devait le frapper quelques jours plus tard, alors qu’il terminait un cours.

Une des sommités montréalaises de son époque, Peltier avait épousé à Notre-Dame de Montréal, en 1852, Suzanne Ellen Van Felson, fille du juge George Vanfelson*.

Louis-Philippe Audet

AJM, Registre d’état civil.— Le Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec, 1847–1947 (Montréal, [1947]), passim.— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, I : 242s.— Roger Dufresne, L’école de médecine et de chirurgie de Montréal, 18431891, L’Union médicale du Canada (Montréal), nov. 1946, 1 314–1 326.— L.-D. Mignault, Histoire de l’école de médecine et de chirurgie de Montréal, L’Union médicale du Canada (Montréal), oct. 1926, 597–674.

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Louis-Philippe Audet, « PELTIER, HECTOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/peltier_hector_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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