PEERS, HENRY NEWSHAM, fonctionnaire à l’emploi de la Hudson’s Bay Company et pionnier de la Colombie-Britannique, né le 17 mars 1821 à Lymington, Hampshire, Angleterre, fils du capitaine H. Peers, décédé le 27 mars 1864 à Saanich, près de Victoria, Île-de-Vancouver.

Henry Newsham Peers fréquenta, à Woolwich, la Royal Military Academy, dont il reçut son congé après 18 mois. Le 5 janvier 1841, il fut engagé comme apprenti commis au département de Montréal de la Hudson’s Bay Company, moyennant un salaire annuel qui devait passer successivement de £20 à 25, 30, 40 et £50. Peers quitta l’Angleterre pour Montréal en mars 1841. En 1841–1842 et en 1842–1843, il fut en poste à Lachine, dans le Bas-Canada, y « donnant grande satisfaction », mais « mourant d’envie de partir [...] pour le Nord ».

Peers fut muté dans le district du fleuve Columbia, toujours à titre d’apprenti commis, en 1843, et fut, jusqu’en mars 1848, rattaché au fort Vancouver (Vancouver, Washington), comme commis aux ordres de Richard Lane* et de Thomas Lowe. À l’automne de 1844, alors qu’un feu de forêt faillit raser le fort Vancouver, Peers eut temporairement la charge du moulin à scier du fort. La carte qu’il dessina pour illustrer la conflagration donne des renseignements de première importance sur les structures du fort et l’aménagement de l’espace. En juin 1846, le traité de l’Oregon fixait au 49e parallèle la frontière entre les États-Unis et les territoires britanniques, des montagnes Rocheuses au Pacifique. La Hudson’s Bay Company désirait vivement maintenir son commerce du fleuve Columbia, mais, à cause du traité, elle décida d’abandonner le fort George (maintenant Astoria, Oregon), à l’embouchure du fleuve. Le 1er août 1846, Peers partit pour le fort George afin d’y remplacer Alexander Lattie et de diriger la construction d’une maison et d’un magasin à la baie de Baker, sur la rive nord du fleuve. Il servit à cet endroit en qualité d’agent de port de la Hudson’s Bay Company.

Ce même automne, Peers fut élu comme représentant du comté de Vancouver à la deuxième session régulière de l’Assemblée instituée par le gouvernement provisoire de l’Oregon. L’apport principal de Peers fut la préparation de la requête de l’Oregon du 19 décembre 1846, dans laquelle on pressait le Congrès des États-Unis de confirmer les titres fonciers, d’adopter des mesures pour l’éducation et de faciliter, par des installations appropriées, la navigation sur le fleuve Columbia. La requête fut déposée devant le sénat un an plus tard. Peers fut réélu en 1847, mais il n’alla pas siéger à la chambre. Dans un effort pour faire valoir ses titres à la possession du fort Vancouver et des terres avoisinantes, après le traité de l’Oregon, la Hudson’s Bay Company assigna 640 acres de terre à différents employés qui avaient la chance d’être considérés comme des colons bona fide par le gouvernement de l’Oregon. Peers avait demandé le lot d’un mille carré sur lequel s’élevait, à l’ouest du fort, le moulin à farine.

Le traité de 1846 força aussi la Hudson’s Bay Company à chercher une route pour ses brigades de New Caledonia (maintenant Colombie-Britannique), qui emprunteraient le Fraser plutôt que le Columbia. En 1846 et en 1847, Alexander Caulfield Anderson* explora des routes allant de Kamloops au Fraser inférieur, mais l’altitude, la neige épaisse qui durait bien avant dans l’été, des traverses fluviales dangereuses et la durée excessive des déplacements amenèrent James Douglas* et Peter Skene Ogden* à écarter ses itinéraires. En conséquence, pendant l’été de 1848, Peers fut détaché de la brigade de New Caledonia, à laquelle on l’avait assigné pour l’année de traite 1848–1849, et reçut l’ordre de retrouver la route vers le Fraser qu’avait suivie Anderson en 1846. Peers trouva une route plus praticable, de Kamloops à l’embouchure de la Coquihalla, où l’altitude et les neiges tardives n’étaient pas si redoutables. Il devenait chaque jour plus urgent de découvrir une nouvelle route, à cause des droits de douane imposés par les Américains sur les marchandises débarquées au fort Vancouver et parce que la route du Columbia avait été coupée depuis le massacre de la mission Whitman (près de Walla Walla, Washington) et la guerre des Cayuses qui en était résultée. En octobre 1848, James Douglas donna à Peers l’ordre d’établir le fort Hope (Hope) sur le Fraser, à l’embouchure de la Coquihalla. Peers devait pour cela ouvrir une nouvelle route en remontant la Coquihalla, puis la vallée du ruisseau Peers et la rivière Sowaqua, jusque dans la vallée de Similkameen. De là, avec l’aide d’un fils (ou d’un gendre) de l’Indien qui avait guidé Anderson en 1846, il devait tracer la route jusqu’à Kamloops, via la rivière Tulameen et le lac Otter, où ils retrouveraient la piste suivie par Anderson en 1846. La nouvelle route de Peers ne nécessitait que cinq campements entre le fort Hope et le lac Otter, et elle était plus rapide que celle d’Anderson en 1847. Pendant l’hiver de 1848–1849, il travailla à la nouvelle route, laquelle offrait, à partir de l’intérieur, une voie entièrement britannique et en bon état. Pour l’année de traite 1849–1850, il était en charge du fort Kamloops, par suite de la maladie de John Tod*. La route de Peers était prête pour les brigades qui allaient dans l’une ou l’autre direction à l’été de 1850, alors que les travaux étaient assez avancés, et en 1851–1852 la route fut définitivement établie et les chevaux chargés pouvaient y passer.

En juin 1850, le gouverneur, sir George Simpson*, informait James Murray Yale*, le beau-père de Peers, que celui-ci allait être en poste aux mines de charbon, « où il [aurait] tout le loisir de rendre à la compagnie des services marquants et appréciables », mais Peers passa l’année de traite 1850–1851 au fort Langley, en qualité de commis, et son mariage à Eliza Yale « selon la coutume du pays » y fut célébré le 13 juillet 1851. (Quatre filles et un fils leur survécurent.) Les Peers quittèrent le fort Langley en septembre 1851 pour Cowlitz Farm, dans ce qui allait devenir le Washington Territory en 1853. Peers en assuma la direction jusqu’en 1857, alors qu’il partit en congé. À Cowlitz, il « mit à la porte tous les coquins » qui avaient causé quantité de problèmes au précédent directeur et réussit à accroître le rendement commercial. Peers fut nommé chef de poste le 30 mars 1853 et, pendant les guerres indiennes de 1855 et 1856, à la requête du gouverneur Isaac I. Stevens, du Washington Territory, il participa au recrutement d’une compagnie de 39 hommes à cheval qui devait servir pendant trois mois en qualité de ler régiment des Cowlitz Rangers, et dont il était le capitaine. Il ne reçut aucune compensation de la part du gouvernement des États-Unis pour ces services.

En septembre 1858, après son congé, Peers et James H. Ray (que le gouverneur James Douglas décrivit comme « un citoyen américain [...] d’un très mauvais caractère ») tentèrent de réclamer deux milles carrés de terre le long du Fraser, au fort Langley, qui, à ce qu’il paraissait, allait devenir la capitale de la colonie continentale de la Colombie-Britannique qu’on était à créer. Ils proposèrent de peupler cette terre avec des sujets britanniques, mais Douglas considéra leur revendication comme une « tentative de squatters »,qui devait « être réprimée d’une main ferme, comme étant une violation flagrante des droits de la couronne ». Plus tard dans le même mois, Douglas émit une proclamation, rappelant qu’aucune terre n’avait été vendue et que, les titres en restant la propriété de la couronne, tous les squatters seraient expulsés, et que quiconque tenterait de vendre une terre serait poursuivi. Peers, qui avait essayé de vendre sa ferme de l’Île-de-Vancouver pendant l’été de 1858, partit alors pour l’Angleterre.

Il prit sa retraite de la Hudson’s Bay Company le 1er juin 1859, et, en novembre, il était de retour à sa ferme de Colquitz, juste au nord de Victoria. Il en avait acheté les 205 acres de la Hudson’s Bay Company en janvier 1852. Pendant l’hiver de 1859–1860, Peers avait un moulin à moudre et à scier construit de toute évidence avec des fonds fournis par Yale, qui acheta vers ce temps la propriété adjacente. Il consacra les quatre dernières années de sa vie aux travaux de la ferme, à Colquitz (y introduisant la caille de Californie avec l’intention de peupler l’île d’oiseaux de chasse), et à l’administration de ses diverses propriétés, tant urbaines que rurales.

William R. Sampson

Bancroft Library, University of California (Berkeley), A. C. Anderson, History of the northwest coast (1878) (copie dactylographiée aux PABC).— PABC, B.C. law courts (Victoria), Probate records, papers n° 539, H. N. Peers ; Fort Vancouver, Correspondence outward to 1849 ; Thomas Lowe journal, 1843–1850 ; Henry Newsham Peers journal, 1848 ; Yale family papers, Correspondence, James Murray Yale.— Daily British Colonist and Victoria Chronicle, 3, 22, 27 déc. 1859, 3 janv., 21 févr. 1860, 29 mars 1864, 8, 9 juin 1886.— Dorothy Blakey Smith, The first capital of British Columbia : Langley or New Westminster ? BCHQ, XXI (1957–1958) : 15–50.— E. P. Creech, Similkameen trails, 1846–61, BCHQ, V (1941) : 255–267.

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William R. Sampson, « PEERS, HENRY NEWSHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/peers_henry_newsham_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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