ANDERSON, ALEXANDER CAULFIELD, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company et fonctionnaire, né le 10 mars 1814 près de Calcutta, Inde, fils de Robert Anderson et d’Eliza Charlotte Simpson, décédé le 8 mai 1884 à Saanich, près de Victoria.

Officier britannique à la retraite, le père d’Alexander Caulfield Anderson exploitait au Bengale une plantation d’indigotiers, avec un associé, Alexander Caulfield. Son entreprise lui ayant réussi, il retourna en Angleterre en 1817 et s’établit dans le comté d’Essex, où ses fils reçurent une bonne instruction. En mars 1831, Alexander Caulfield Anderson entra au service de la Hudson’s Bay Company ; son premier contrat était d’une durée de cinq ans et son salaire allait passer graduellement de £20 à £50 par année. Il s’embarqua pour le Canada en avril, en compagnie d’un frère aîné, James*, qui s’était aussi engagé envers la compagnie.

Anderson passa sa première année au service de la compagnie à Lachine, dans le Bas-Canada. En 1832, on l’envoya au fort Vancouver (Vancouver, Washington) où il arriva en novembre. L’année suivante, il commanda en second l’équipe qui construisit le fort McLoughlin (Belle Bella, Colombie-Britannique) et, en 1834, il accompagnait Peter Skene Ogden* quand la tentative de la compagnie de créer un poste sur la rivière Stikine se heurta à l’opposition des Russes. En 1835, Ogden prit la direction de New Caledonia, le département de la Hudson’s Bay Company qui ceinturait ce qui constitue aujourd’hui le centre nord de la Colombie-Britannique. De toute évidence, Anderson l’avait favorablement impressionné, car on le muta lui aussi à ce district, où il allait rester cinq ans. Sa première mission, qui consistait à traverser les Rocheuses jusqu’à Jasper House (Alberta), à aller au-devant d’un groupe de nouvelles recrues et à rapporter 40 paquets de peaux d’orignal nécessaires à la fabrication de chaussures, faillit tourner en tragédie. Surpris par un hiver hâtif, le groupe dut retourner à Jasper House, d’où le manque de provisions le força à se replier jusqu’à Edmonton House (Edmonton). Des membres de la compagnie critiquèrent sévèrement Anderson pour la façon dont il avait conduit l’expédition, mais une enquête l’exonéra de tout blâme.

En 1836, Anderson assuma la direction du poste situé au lac Fraser, y demeurant jusqu’en 1839. Puis il passa un an au fort George (Prince George, Colombie-Britannique), après quoi il retourna au fort Vancouver. En 1840–1841, il prit temporairement la direction du fort Nisqually (Washington) ; il s’y trouvait quand la mission aux ordres du lieutenant Charles Wilkes, de la marine des États-Unis, en voyage d’exploration, visita le poste en mai 1841 au cours de ses relevés du Puget Sound et de la vallée du fleuve Columbia. En 1842, Anderson commanda le convoi annuel jusqu’à York Factory (Manitoba) ; à son retour, on le nomma au fort Alexandria (Alexandrie), sur le fleuve Fraser, qui resta son point d’attache jusqu’en 1848.

Si l’on se souvient maintenant d’Anderson, c’est surtout à cause des trois explorations qu’il a conduites en 1846–1847. Il était devenu évident depuis quelque temps, avant même la délimitation des frontières de l’Oregon en 1846, que le 49e parallèle constituerait vraisemblablement la ligne de démarcation, auquel cas une partie des voies de communication de la Hudson’s Bay Company entre les postes de l’intérieur et le fort Vancouver, via le Columbia, tomberaient dans le territoire des États-Unis. Découvrir une route vers l’océan, entièrement en territoire britannique, devenait essentiel, et le fort Langley (Fort Langley), sur le Fraser, s’imposait comme solution de remplacement au fort Vancouver. Un an avant la signature du traité, Anderson écrivit à sir George Simpson*, gouverneur de la Hudson’s Bay Company, lui demandant la permission de chercher une route praticable, du poste de Kamloops, sur la rive ouest de la rivière Thompson, au fort Langley. Simpson demanda à Ogden de prendre les dispositions nécessaires. Ogden appuya la proposition dans une lettre adressée aux supérieurs locaux d’Anderson. Il ajoutait : vu « l’activité habituelle » d’Anderson et son « expérience à New Caledonia, je le considère tout à fait compétent pour mener [cette entreprise] à bien ».

Ogden avait suggéré une route menant en direction ouest, du fort Kamloops au Fraser, dans les environs de Cayoosh Flat (Lillooet), et qui de là éviterait les canyons du Fraser en empruntant la direction sud par les lacs Seton, Anderson, Lillooet et Harrison, et par la rivière Harrison qui se déverse dans le Fraser à environ 30 milles en amont du fort Langley. Parti du fort Kamloops le 15 mai 1846, Anderson fit le voyage en neuf jours par la route d’Ogden, qu’il jugea cependant tout à fait impropre aux fins de la compagnie. Pendant le voyage de retour, commencé le 28 mai et qui dura 13 jours, il décida de quitter le Fraser en aval des canyons et de chercher un chemin à travers la chaîne des Cascades, située entre le fleuve et les vallées de l’intérieur. À l’instar de plusieurs explorateurs avant lui, il suivit les cours d’eau – la rivière Coquihalla, le ruisseau Nicolum, la rivière Sumallo et le ruisseau Snass – et, ayant franchi les haute terres, il descendit par la rivière Tulameen jusqu’au lac Otter. Là, il eut la chance de rencontrer Blackeye, un Indien qui connaissait bien le pays et qui le guida en direction nord jusqu’au fort Kamloops en empruntant le ruisseau Otter et le lac Nicola. Anderson jugea cette route praticable, quoique, par endroits, la neige pût en limiter l’usage à quelques mois de l’année.

Ogden et James Douglas*, les hauts fonctionnaires responsables des opérations de la Hudson’s Bay Company à l’ouest des Rocheuses, souhaitaient la découverte d’une meilleure route et donnèrent à Anderson instructions de pousser ses explorations en 1847. En mai, il partit une fois de plus du fort Kamloops, quitta sa route précédente au lac Nicola et, par la rivière Coldwater et le ruisseau Uztlius, atteignit le Fraser à 13 milles environ en amont du fort Yale (Yale). On construisit une piste muletière pour contourner le canyon inférieur et, en 1848, les convois de la Hudson’s Bay Company utilisèrent cette route, qui se révéla trop difficile, toutefois, et dut être abandonnée. La compagnie se rabattit alors sur une version quelque peu révisée de la route suivie par Anderson en mai 1846, via la Coquihalla et la Tulameen, et s’en servit comme piste pour ses convois, de 1849 à 1860.

En 1848, on donna à Anderson la direction du fort Colvile (Colville, Washington) et du district environnant. Il y servit jusqu’en 1851, après quoi il fut en poste au fort Vancouver, comme second de John Ballenden*, qui y commandait. Il prit sa retraite le 1er juin 1854, à l’âge peu avancé de 40 ans. Nommé chef de poste en 1846, il aurait été promu agent principal de la traite, fût-il resté au service de la compagnie ; mais sa promotion était conditionnelle à son acceptation d’un poste dans le district de New Caledonia, et il jugea qu’il devait choisir pour lieu de résidence un endroit où il y aurait une école pour ses enfants. Le 21 août 1837, il avait épousé Eliza Birnie, fille d’un commis de la Hudson’s Bay Company, James Birnie ; ils allaient avoir 13 enfants. Birnie s’était retiré à Cathlamet (Washington), sur le Columbia inférieur, et les Anderson s’établirent tout près.

En 1858, désireux de voir de ses yeux la ruée vers l’or, Anderson visita Victoria ; James Douglas, alors gouverneur des colonies de l’Île-de-Vancouver et de la Colombie-Britannique, le pressa de déménager à Victoria et d’y accepter un emploi. Anderson se laissa convaincre et fut nommé maître de poste de Victoria ; il servit aussi, quelque temps, à titre de percepteur des douanes de la Colombie-Britannique. Il s’intéressa également aux affaires, étant en particulier copropriétaire de la Victoria Steam Navigation Company. En 1876, il fut nommé inspecteur des pêcheries du Canada, avec juridiction sur les eaux tant côtières qu’intérieures de la Colombie-Britannique. La même année, le gouvernement fédéral lui demanda de siéger, comme son représentant, au sein d’une commission conjointe fédérale-provinciale concernant les territoires indiens en Colombie-Britannique. Cette nomination se révéla décevante pour Anderson, du fait que le gouvernement provincial, hostile à ce projet, mit en échec les efforts de la commission pour délimiter des réserves indiennes. Cette fonction prit fin en 1878. Quatre ans plus tard, au cours d’un voyage relatif aux pêcheries, il dut, par suite d’un accident, passer une nuit sur un ensablement. Il souffrit beaucoup du froid et ne recouvra jamais complètement la santé.

En plus de rapports et d’articles variés, Anderson écrivit un Hand-book and map to the gold region of Frazer’s and Thompson’s rivers [...] ; et, peu après l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération en 1871, il gagna un prix décerné par le gouvernement provincial pour un essai intitulé The dominion at the west ; a brief description of the province of British Columbia [...]. En 1878, Hubert Howe Bancroft visita Victoria, cherchant de la documentation pour son History of British Columbia [...], et Anderson écrivit à son intention un long et important manuscrit, en partie autobiographique, intitulé « History of the northwest coast ». Bancroft le considérait comme le « plus érudit » de tous les fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company qu’il avait questionnés, et, plus tard, il écrivit ainsi ses impressions sur lui : « De sa personne, au temps où je l’ai vu, il était alors âgé de soixante-trois ans, M. Anderson était mince, sec et nerveux, énergique de corps et d’esprit, avec un regard aigu et pénétrant, et des paupières continuellement agitées d’un clignement convulsif causé il y a des années par l’éclat des champs de neige et devenu habituel [...] Il usait d’un langage élégant et précis, et n’était pas du tout aussi verbeux que dans ses écrits. »

Les toponymes lac Anderson, rivière Anderson (petit affluent du Fraser) et île d’Anderson, dans le Puget Sound, près de Nisqually, rappellent son souvenir.

W. Kaye Lamb

Alexander Caulfield Anderson a écrit A brief account of the province of British Columbia, its climate and resources ; an appendix to the British Columbia directory, 1882–83 (Victoria, 1883) ; The dominion at the west ; a brief description of the province of British Columbia, its climate and resources [...] (Victoria, 1872) ; Hand-book and map to the gold region of Frazer’s and Thompson’s rivers ; with table of distances, to which is appended Chinook jargon – language used, etc., etc. (San Francisco, [1858]) ; et Notes on north-western America (Montréal, 1876).

Bancroft Library, Univ. of California (Berkeley), A. C. Anderson, « History of the northwest coast » (copie dactylographiée aux PABC qui possèdent aussi l’original des journaux de ses expéditions d’exploration, une partie de sa correspondance et d’autres papiers).— Univ. of British Columbia Library (Vancouver), Special Coll. Division, A. C. Anderson, « Writings of A. C. Anderson and other historical material », E. A. Anderson, compil. (copie de l’original comprenant des données extraites de la bible familiale des Anderson).— [John McLoughlin], The letters of John McLoughlin from Fort Vancouver to the governor and committee, [1825–1846], E. E. Rich, édit., introd. par W. K. Lamb (3 vol., Londres, 1941–1944), II : 384–386.— J. T. Walbran, British Columbia coast names, 1592–1906 [...] (Ottawa, 1909 ; réimpr., Vancouver, 1971), 20s.— H. H. Bancroft, History of British Columbia, 1792–1887 (San Francisco, 1887), 157–170 ; Literary industries (San Francisco, 1890), 538.— E. P. Creech, « Similkameen trails, 1846–61 », BCHQ, 5 (1941) : 256–262.— Robin Fisher, « An exercise in futility : the joint commission on Indian land in British Columbia, 1875–1880 », SHC Communications hist., 1975 : 75–94.— J. C. Goodfellow, « Fur and gold in Similkameen », BCHQ, 2 (1938) : 72–76.— H. R. Hatfield, « On the brigade trail », Beaver, outfit 305 (été 1974) : 38–43.— F. W. Howay, « The raison d’être of forts Yale and Hope », SRC Mémoires, 3e sér., 16 (1922), sect. ii : 49–64.

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W. Kaye Lamb, « ANDERSON, ALEXANDER CAULFIELD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/anderson_alexander_caulfield_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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