PATERSON, JOHN, homme d’affaires et homme politique, né le 19 avril 1805 à Blantyre Works (Blantyre, Écosse), fils de Peter Paterson et de Jean Frazer ; le 28 juillet 1831, il épousa à Dundas, Haut-Canada, Grace Lesslie, sœur de James Lesslie*, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé en 1856, probablement à Dundas.

En 1819, la famille de John Paterson s’établit à York (Toronto) où, deux ans plus tard, son père ouvrit un commerce d’articles de quincaillerie. John et l’un de ses frères, Peter*, travaillèrent apparemment dans l’entreprise de leur père dès 1823, mais ils ne furent admis comme associés qu’en 1833. John avait reçu un lot situé au bord de l’eau, à Coote’s Paradise (Dundas) en 1823 et, moins de six ans plus tard, il y avait ouvert un magasin, probablement une succursale de l’entreprise familiale. Un des premiers industriels du hameau, il commença à construire une brasserie en 1830 ; l’année suivante, il vendit son magasin à Thomas Stinson. Paterson exploita également une fabrique de colle et fonda en 1845 la Dundas Woolen Factory, en société avec Walter Gorham, dont il acheta les actions en décembre 1846. L’année suivante, Paterson embaucha un homme d’expérience, William Slingsby, pour diriger la fabrique qui fut rebaptisée Elgin Woolen Mills.

En tant que membre de la Gore District Agricultural Association, Paterson encouragea assidûment le développement d’une vigoureuse économie pionnière à la tête du lac Ontario. En même temps, il essaya de promouvoir ses propres intérêts en faisant paraître des annonces dans les journaux exhortant les clients éventuels à acheter « des produits manufacturés au pays », parce que les producteurs canadiens pouvaient comprendre davantage les besoins du marché canadien. Bien qu’on ait fait l’éloge des lainages fabriqués par Paterson et par d’autres Canadiens à l’Exposition universelle de Londres, en 1851, le marché canadien n’était pas très développé. Malgré la faiblesse de la demande et les carences dans la distribution (l’entreprise dépendait des travaux à forfait, échangeait ses produits finis contre de la laine et vendait ses produits au détail directement de la manufacture), la compagnie Elgin Woolen Mills doubla ses besoins de laine brute durant la première année de production.

Paterson avait également des intérêts dans une autre entreprise commerciale importante : la Desjardins Canal Company, dont il avait été l’un des premiers promoteurs en 1826. Le canal devait relier Dundas à la baie de Burlington (port de Hamilton) et améliorer ainsi la situation de Dundas sur le plan commercial. En 1827, la mort de l’organisateur en chef de l’entreprise, Peter Desjardins*, vint interrompre pour un temps la construction du canal. Lorsque les travaux reprirent en 1830, leur progression était trop lente aux yeux des promoteurs de Dundas. En 1833, Paterson fut le premier à signer une pétition réclamant une enquête provinciale sur les affaires de la compagnie et sur la conduite de son président, Allan Napier MacNab*. Le litige portait sur un prêt de £5 000 consenti par le gouvernement en 1832 pour l’achèvement du canal. Comme MacNab avait hypothéqué une partie importante de ses propres biens pour garantir le prêt, il s’était plutôt servi de cet argent pour réduire les dettes de la compagnie. Bien que cette façon d’agir n’ait pas été illégale et que l’enquête ait disculpé MacNab, Paterson le remplaça en 1834 au poste de président et mena à bonne fin la construction du canal, terminé en 1837.

Paterson et la compagnie continuèrent d’éprouver des difficultés financières. Les capitaux recueillis au début pour construire le canal étaient peu nombreux et, plutôt que de les augmenter, Paterson et les membres du conseil d’administration de la compagnie préférèrent emprunter davantage d’argent du gouvernement dans le vain espoir que celui-ci prenne en charge le projet, comme il l’avait fait en 1843 dans le cas du canal Welland [V. William Hamilton Merritt*]. En 1846, la compagnie avait déjà emprunté £42 000, et, après quelques années, la présidence de Paterson prit fin comme elle avait commencé, dans la controverse. Il avait été élu président du premier conseil municipal de Dundas en 1847 et, en tant que directeur de la société en charge du canal, il avait autorisé un prêt de £1 500 à son administration municipale pour la construction d’un hôtel de ville et d’un marché. Au cours de cette transaction, £500 avaient disparu. En février 1849, les actionnaires de la compagnie entreprirent des poursuites en justice contre les membres du conseil d’administration et Paterson, qu’ils accusèrent de s’être approprié des fonds sans les avoir consultés comme il le fallait. Les titres de propriété qu’il fut obligé de céder à la compagnie en fidéicommis lui furent par la suite remis, mais, bien que le dénouement de l’affaire demeure obscur, il ne fut pas réélu président de la Desjardins Canal Company ni du conseil municipal. Il fut remplacé à ce dernier poste par James Bell Ewart en 1849. Les titres enregistrés de propriété de Paterson laissent à penser qu’au moment de sa mort ses affaires étaient en désordre. En 1855, il avait confié des propriétés à ses frères David et Peter, manœuvre utilisée à l’occasion en affaires pour empêcher les créanciers mécontents d’imposer la liquidation.

Durant les années où il fut un homme d’affaires en vue, John Paterson participa activement à la vie sociale et politique de Dundas. En 1829, il fut membre d’un comité chargé de mettre sur pied la Dundas Union Sabbath School, fruit de la collaboration d’un certain nombre de groupes de fidèles protestants de la région, et, en 1831, il exerça les fonctions de secrétaire de l’Église libre de Dundas. Avant son élection au conseil municipal, Paterson joua pendant plusieurs années un rôle prépondérant dans le développement urbain de Dundas. Avec d’autres, il avait cherché vainement à faire reconnaître la localité comme une municipalité en 1836, mais, grâce à leurs efforts renouvelés en 1845, Dundas fut érigé en ville deux ans plus tard. Paterson continua de s’intéresser également à la politique provinciale au niveau régional. En 1836, durant la crise constitutionnelle tumultueuse au sein du gouvernement du Haut-Canada, il avait présidé une assemblée publique à Dundas, laquelle avait adopté une résolution proclamant la loyauté des citoyens de la région à la Grande-Bretagne et au lien avec l’Empire [V. sir Francis Bond Head*]. Il devint par la suite un partisan de Robert Baldwin et, à la fin des années 1840, il aida à mettre sur pied la Wentworth County Reform Association.

David G. Burley

AO, RG 1, C-I-3, 43, warrant 2660.— APC, RG 1, L3, 404a : P13/37 ; RG 5, A1 : 96972–96974.— GRO (Édimbourg), Blantyre, reg. of births and baptisms, 19 avril 1805.— Wentworth Regional Assessment Office (Hamilton, Ontario), Dundas town assessment and collectors’ rolls, 1854–1857 (mfm aux AO, GS 1437).— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1841, app. RR.— Debates of the Legislative Assembly of United Canada (Abbott Gibbs et al.), 4 : 902, 1051 ; 5 : 344, 1218–1219, 1450.— H.-C., House of Assembly, Journal, 1833–1834, app., « Report of committee on Desjardins Canal affairs », 110 ; « Memorial of the inhabitants of Dundas », 215.— Colonial Advocate, 11 août 1831.Dundas Warder (Dundas, Ontario), 5 juin, 13 nov. 1846, 2 juill. 1847, 7 avril 1848, 2, 9 févr., 21 août 1849.— Dundas Weekly Post, 19 janv., 5 avril 1836.— Western Mercury (Hamilton), 27 janv. 1831.— Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations, Official descriptive and illustrated catalogue (3 vol., Londres, 1851), 3 : 957–958, 966.— The history of the town of Dundas, T. R. Woodhouse, compil. (3 vol., [Dundas], 1965–1968).— C. M. Johnston, Head of the Lake (1967), 123, 127, 131.— Ontarian Genealogist and Family Historian (Toronto), 1 (1898–1901) : 8.

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David G. Burley, « PATERSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/paterson_john_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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