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PASTEDECHOUAN (Patetchoanen, Ahinsistan, Atetkouanon), baptisé Pierre-Antoine, Montagnais, une des premières victimes du conflit culturel franco-indien ; circa 1620–1636.
La vie de Pastedechouan offre un exemple tragique de ce qui en résulta pour certains d’entre eux, lorsqu’ils se trouvèrent partagés entre deux cultures. En 1620, les Récollets l’emmenèrent, encore enfant, en France, où ils le baptisèrent sous le nom de Pierre-Antoine. Le prince de Guéménée, qui lui servit de parrain, surveilla ses études pendant les cinq années suivantes, au cours desquelles Pastedechouan acquit une bonne connaissance du latin et du français.
On le persuada de rentrer au Canada en 1626 avec le récollet Joseph de La Roche Daillon, qui y arriva en août de cette année-là. Pastedechouan vécut pendant un certain temps chez les Récollets de Québec, sans frayer avec les Indiens, probablement parce qu’il avait presque oublié sa langue maternelle. On lui conseilla en conséquence de retourner dans son pays près de Tadoussac afin d’y vivre avec ses trois frères ; Carigouan (célèbre sorcier qui exerçait une grande influence sur lui), Mestigoït et Sasousmat, pour qu’il recommence à parler couramment sa langue maternelle.
Les Anglais l’y découvrirent en 1629 alors que, sous le commandement des frères Kirke, ils venaient envahir le Canada. Pastedechouan prétendit d’abord qu’il ne pouvait comprendre les Anglais, qui le questionnaient en français et en latin, mais un déserteur français démasqua cette prétendue ignorance. Les Anglais retinrent Pastedechouan à titre d’interprète, lui fournirent des marchandises pour la traite avec les Indiens de Trois-Rivières et lui permirent de s’en aller seul. Il ne revint pas.
Pendant l’occupation anglaise de Québec, Pastedechouan se détourna du christianisme pour reprendre ses coutumes et son mode de vie indigènes. En 1632, au retour des Français en Nouvelle-France, Pastedechouan rendit visite à Émery de Caën, qui l’employa en qualité d’interprète, pour le congédier au bout d’un certain temps parce qu’il ne lui inspirait pas confiance. Le 13 novembre 1632, Pastedechouan, devenu incapable de vivre de la chasse, alla demeurer chez les Jésuites de Québec, où il devait enseigner au père Paul Le Jeune la langue montagnaise. Après Pâques 1633, il refusa cependant de poursuivre ses leçons et il rejoignit ses frères. Le Jeune, fort désireux de posséder cette langue afin de se mettre à son travail de missionnaire, se joignit à eux pour une expédition de chasse. Pastedechouan, à qui l’alcool faisait perdre la raison et qui était complètement dominé par Carigouan (lequel haïssait le religieux) ne fut d’aucune aide au père Le Jeune pendant cet hiver où ils faillirent périr de faim dans les forêts. Toutefois, il accompagna son frère Mestigoït, lorsque celui-ci, dans son canot, ramena Le Jeune sain et sauf à Québec en profitant de la débâcle du Saint-Laurent au printemps.
Pastedechouan épousa une fille de Manitougatche, qui l’abandonna, sur quoi il prit femme dans une autre nation. On lui attribue quatre ou cinq femmes en tout. Avant sa mort, il était devenu un objet de risée pour les femmes. Il mourut de faim en 1636, seul dans les bois.
Du Creux, History (Conacher), I : 140s., 156.— JR (Thwaites), V : 107–111 ; VI : 87 ; VII : 69, 173 ; IX : 69–71.— Le Clercq, First establishment of the faith (Shea), I : 235–237, 273s., 295s.— Sagard, Histoire du Canada (Tross), III : 785–787.
Thomas Grassmann, « PASTEDECHOUAN (Patetchoanen, Ahinsistan, Atetkouanon), baptisé Pierre-Antoine », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pastedechouan_1F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas Grassmann |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |