OWEN, DAVID, propriétaire foncier, juge de paix, juge et homme politique, baptisé le 16 septembre 1754 dans la paroisse de Berriew, pays de Galles, fils d’Owen Owen et d’Anne Davies ; décédé le 10 décembre 1829 dans l’île Campobello, Nouveau-Brunswick.
Issu d’une vieille famille galloise qui se distinguerait dans le monde du droit et la marine royale, David Owen choisit de faire carrière dans l’Église. Après avoir fréquenté la grammar school gratuite de Warrington (Cheshire, Angleterre), que son oncle Edward Owen dirigeait tout en étant rector de la paroisse, il entra au Trinity College de Cambridge le 23 octobre 1772. Il obtint sa licence ès arts en 1777 après s’être classé premier à l’examen de mathématiques, devint fellow du collège deux ans plus tard et obtint sa maîtrise en 1780. Ordonné diacre de l’Église d’Angleterre en 1778, il servit à titre d’aumônier dans la marine royale l’année suivante. En juin 1787, il fut ordonné prêtre.
Owen n’avait que 13 ans quand, avec son frère Arthur Davies, qui fut plus tard créé chevalier, et son frère William, futur conseiller du roi, il était devenu concessionnaire de l’île Passamaquoddy Outer (île Campobello, Nouveau-Brunswick), propriété de plus de 10 000 acres. Son oncle, le capitaine William Owen*, aurait dû recevoir toute l’île en récompense pour ses services exemplaires dans la marine royale mais, comme les concessions accordées aux militaires de son grade étaient limitées arbitrairement à 3 000 acres, il avait dû faire ajouter le. nom de ses trois neveux sur l’acte de cession. En 1770, avec 38 colons, le capitaine Owen arriva dans sa concession, qu’il rebaptisa immédiatement Campobello, et entreprit d’y établir une colonie permanente. Cependant, il repartit un an plus tard, reprit du service actif et mourut à Madras (Inde) en 1778. Par la suite, la petite colonie fut prise en charge par des régisseurs jusqu’à ce que, en 1787, David Owen vienne y représenter les intérêts de sa famille. Outre les trois frères, deux cousins étaient alors propriétaires : il s’agissait des fils du capitaine Owen, Edward Campbell Rich et William Fitz William*, qui allaient tous deux devenir amiraux dans la marine royale.
Owen, qui ne se maria jamais, assura bientôt une saine gestion des affaires de l’île. Pendant 42 ans, il vécut le plus possible comme un squire campagnard dans ce domaine, gagnant le respect et, parfois, l’affection de ses locataires. Au début, il eut des difficultés avec les colons de Wilsons Beach, trois familles de la Nouvelle-Angleterre qui s’étaient installées dans l’île quelque temps avant 1770. D’après Owen, ces colons étaient des « locataires » mais, en 1790, les tribunaux reconnurent qu’ils avaient acquis des droits par occupation et créèrent ainsi dans l’île la seule propriété en franche tenure qui n’appartenait pas aux concessionnaires gallois. Nommé juge de paix et juge, Owen siégea à la Cour des sessions générales et à la Cour inférieure des plaids communs à St Andrews, chef-lieu du comté de Charlotte, et situé sur le continent à quelques milles de l’île. En 1795, il fut élu député à la chambre d’Assemblée. Homme instruit, il tenait un journal personnel et rédigea plusieurs manuscrits. Un petit nombre seulement de ses écrits furent publiés, mais il fit paraître des articles portant surtout sur l’histoire de la Grande-Bretagne et la théologie dans l’Eastport Sentinel, journal d’Eastport, dans le Maine, en face de l’île Campobello, de l’autre côté de la baie de Passamaquoddy.
En juillet 1814, peu avant la fin de la guerre de 1812, les Britanniques prirent possession de l’île Moose, où se trouve Eastport, et la conservèrent quatre ans. Le principal officier de marine et responsable de l’île jusqu’en 1815 était sir Thomas Masterman Hardy, devenu célèbre à Trafalgar ; il avait été un ami d’Owen avant que celui-ci ne s’installe dans l’île Campobello, et les deux hommes se rencontraient fréquemment dans la propriété d’Owen. La Grande-Bretagne et les États-Unis se disputaient la possession de l’île Moose, de celle de Campobello et des îles adjacentes, et leur litige ne fut pas réglé avant qu’une commission frontalière, créée à la signature du traité de Gand (1814), ne termine ses travaux, à la fin de 1817. À l’encontre des prétentions des États-Unis, l’île Campobello, concédée en 1767 et occupée par des sujets de la couronne depuis 1770, demeura possession britannique, comme l’île Grand Manan [V. Moses Gerrish].
D’après un témoignage rapporté par l’historien William Francis Ganong*, Owen était, à la fin de sa vie, « un homme très corpulent, quoique pas très grand, aux cheveux blancs et au visage bien rasé ». Par ailleurs, à la bibliothèque publique de Welshpool, dans l’île Campobello, un portrait le montre tel qu’il avait dû être une quarantaine d’années plus tôt, jeune homme vêtu d’un costume d’universitaire. Il avait abandonné sa carrière d’ecclésiastique pour s’occuper des affaires de l’île. D’après les demandes qu’il adressa au gouvernement et certains témoignages, il croyait apparemment détenir, en vertu de sa concession royale, des droits uniques et personnels qui dépassaient les droits de propriété ordinaires. À l’écart du continent, il ne désapprouvait nullement le libre-échange avec les États-Unis, qui ne se trouvaient qu’à un jet de pierre, et encouragea souvent ce genre d’opération. L’historien William Stewart MacNutt* l’a décrit comme un être irascible et raisonneur, ce qui contraste assez avec ce que l’on aurait pu attendre d’un universitaire et homme d’Église.
C’est avec mécontentement qu’Owen avait vu St Andrews devenir le chef-lieu du comté de Charlotte, peu après que le Nouveau-Brunswick eut été séparé de la Nouvelle-Écosse, et, fatigué de s’y rendre pour ses fonctions officielles et des affaires commerciales, il tenta en 1822 de faire créer un comté distinct. Dans un mémoire adressé au roi, il demanda que les paroisses de Grand Manan, de West Isles (qui comprend l’île Deer et plusieurs autres îles plus petites) et de Campobello soient séparées du comté de Charlotte et que Welshpool devienne le chef-lieu du nouveau comté. Malgré sa formulation claire et ses arguments logiques, la demande ne se réalisa pas, ce qui ajouta sans doute à la mauvaise humeur de ce propriétaire foncier vieillissant.
Le 8 septembre 1829, David Owen rédigea et signa son testament ; le 12 novembre, il y ajouta un codicille et, moins d’un mois plus tard, il mourut. Conformément à ses dernières volontés, son corps fut emmené au pays de Galles où, en 1830, il fut placé dans la voûte familiale.
Grand Manan Museum (Grand Harbour, N.-B.), Petition of David Owen, owner and proprietor of the town or parish of Campobello in the county of Charlotte, 20 juill. 1822 (copie dactylographiée).— Musée du N.-B., F86, item 61 ; « New Brunswick scrapbook », no 1 : 52 (W. F. Ganong, « Early settlers of Quoddy Bay & vicinity »).— National Library of Wales (Aberystwyth), Berriew parish, reg. of baptisms, marriages, and burials, 16 sept. 1754.— NMM, RUSI/NM/137 a & b (List of chaplains in the Royal Navy, 1626–1916, par A. G. Kealy).— William Owen, « The journal of Captain William Owen, R.N., during his residence on Campobello in 1770–71 [...] », W. F. Ganong, édit., N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 2 : 193–220.— New Brunswick Courier, 26 déc. 1829.— Alumni Cantabrigienses [...], John et J. A. Venn, compil. (2 part. en 10 vol., Cambridge, Angl., 1922–1954), part. ii, 4 : 610.— John et J. B. Burke, A genealogical and heraldic dictionary of the landed gentry of Great Britain & Ireland (3 vol., Londres, 1849).— Olive Mitchell Magowan, « The Owens of Glensevern [part i] », Saint Croix Courier (St Stephen, N.-B.), 5 oct. 1977 : 22.— [C. B.] G. Wells, « David Owen of Campobello, New Brunswick », Acadiensis (Saint-Jean, N.-B.), 1 (1901) : 21–27.
L. K. Ingersoll, « OWEN, DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/owen_david_6F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
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