GREEN, WILLIAM, instituteur et rédacteur d’almanach qui fit carrière au Nouveau-Brunswick ; il épousa probablement Sarah Cronk et eut au moins six enfants ; circa 17831833.

William Green arriva à Parrtown (Saint-Jean) en 1783 avec les loyalistes de l’état de New York. Vers la fin de 1788, il offrit ses services dans la Royal Gazette and the New-Brunswick Advertiser pour enseigner la navigation, y compris une nouvelle méthode pour trouver la latitude et la longitude en mer, moyennant la somme de deux guinées ; il donnerait ses cours dans la maison de Robert Wood. Le 20 avril 1789, il annonça aussi l’ouverture d’une « école anglaise » où les jeunes gens qui désiraient s’instruire pouvaient apprendre la lecture pour 7s 6d par trimestre, ou la lecture avec leçons de « grammaire anglaise et [de] prononciation correcte » pour 10s. Le programme d’études offert par Green était très varié : il comprenait l’écriture, l’arithmétique, la comptabilité, l’arpentage, la navigation et la lecture de cartes. Toutes ces matières étaient enseignées selon une méthode approuvée par les « principales écoles » de Grande-Bretagne et d’Irlande. Dans une note à l’intention des parents, Green précisait que ceux qui « le choisirait pour éduquer leurs enfants pouvaient être assurés qu’une très grande attention serait portée aux aptitudes naturelles et aux qualités morales ».

En octobre 1791, Green se trouvait à l’île Campobello en tant que maître d’école engagé par la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts. Il n’eut que 12 élèves au cours de la première année en raison de la rigueur de l’hiver et de l’éparpillement de la population. Tant dans cette tâche que dans la demande qu’il fit à la société afin de devenir catéchiste, Green put compter sur l’appui de David Owen, résident de l’île, qui le recommanda et lui fournit une maison et une ferme ainsi que £10 comme supplément de salaire. L’entente intervenue entre Green et la société au sujet de son salaire n’était pas très précise et elle rebondit en 1792 quand l’évêque de la Nouvelle-Écosse, Charles Inglis*, lui transmit la décision de Londres de ne lui verser que £10 par semestre au lieu des £15 qu’avait reçues son prédécesseur. Dans une lettre datée du 27 mars 1792, Green en appela de cette décision, faisant valoir à la société que son aide était indispensable dans ce milieu de pêcheurs pauvres et de terres arides où la population ne pouvait aider financièrement le maître d’école. Toutefois, Owen jugea qu’il se devait de proposer aux habitants de Campobello « certaines façons de ramasser chaque année une petite somme d’argent, en sus du salaire versé par la société et de la maison et de la ferme [de Green] ». Les insulaires refusèrent sa proposition car, comme Owen l’expliquait dans sa lettre à la société le 16 juin 1792, ils « étaient mécontents de Green et ne feraient rien pour lui ni ne lui promettraient rien ». Owen ajoutait : « ainsi, il n’enseigne plus et ne l’a pas fait depuis Pâques, mais affirme qu’il demandera à être payé et qu’il ne partira pas avant d’avoir reçu le salaire que la société lui verse tous les six mois, puis qu’il retournera aux États-Unis ». Owen notait avec amertume que Green « s’était montré très imprudent, faisant preuve de tout sauf de bon sens », qu’il avait abusé de son amabilité et ne méritait « aucun appui de qui que ce soit et ne pouvait prétendre à quelque rémunération de la société ». Celle-ci décida de le congédier et de ne pas accepter les traites qu’il pourrait présenter. Dès octobre 1792, le révérend Samuel Andrews*, de St Andrews, faisait savoir à la société, ainsi que l’avait fait Inglis, que « M. Green, le maître d’école de la société à Campobello, a[vait] quitté le pays et que déjà, quelques mois avant son départ, il ne donnait plus aucun enseignement ».

Avant d’aller à l’île Campobello, Green avait fait publier à Halifax, par John Howe, The British American almanack [...]. En plus de la préface, datée du 28 avril 1790, cet ouvrage comprenait des tables, des calendriers, des devinettes, des vers de mirliton, des axiomes, des problèmes d’arithmétique et des conseils aux cultivateurs. Les épigrammes et les rimes reflétaient l’esprit de son auteur ; l’almanach reproduisait aussi, tout particulièrement à l’intention des habitants des Maritimes, des calculs concernant la navigation et l’astronomie. À la fin du volume, Green faisait une annonce pour son école à Saint-Jean dans laquelle il avait inclus une épigramme sur les mères indulgentes et les écoliers naïfs :

L’éducation est le bien le plus précieux
Mais peu de gens, très peu, s’en montrent soucieux.
Dès que maman permet à son chérubin
De quitter ses genoux, et confie à l’école son bambin
Oh ! ne le touchez pas, il agit toujours bien cet enfant
C’est un être fragile, mais intelligent.
Aussi, il apprend à l’école tout le mal possible
Fait ce qu’il veut, et devient un parfait imbécile.

Green avait des difficultés à s’entendre avec les imprimeurs Christopher Sower* et John Ryan*, de Saint-Jean, et cette situation l’aurait amené à faire éditer à ses frais son almanach par Howe. D’autre part en 1791, pendant qu’il enseignait à l’île Campobello, il aurait préparé un second almanach que Sower et Ryan acceptèrent de publier conjointement sous le titre The British American almanack [...]. Cet ouvrage n’avait ni le ton spirituel ni le style épigrammatique du précédent, mais les renseignements pratiques concernant les services publics, les coûts ainsi que l’organisation sociale du Nouveau-Brunswick y étaient plus abondants que dans la publication de 1791.

Green aurait séjourné en Nouvelle-Écosse et ce serait apparemment lui qui s’installa à l’île Grand Manan, au Nouveau-Brunswick, en 1803. Il réussit à obtenir 200 acres de terre en décembre 1806 dans l’île située près de Castalia. En juillet suivant, il aida l’arpenteur adjoint Donald MacDonald à faire les levés de certains secteurs de Grand Manan et, vers 1811, il partit vivre à l’île Wood, au large de Grand Manan, pour surveiller les intérêts de William Ross, propriétaire de cette île. Le recensement effectué à Grand Manan en 1821 atteste que Green y avait élu domicile avec sa femme et quatre enfants, et que deux autres enfants y avaient leur propre résidence. Après la mort de Ross, Green obtint les droits que ce dernier détenait sur l’île Wood. Il mourut en mars 1836 ou avant, et c’est probablement là qu’il fut enterré.

La signature de William Green sur une pétition datée de 1833 concernant les pêcheries ainsi que l’importation qu’il fit, dit-on, du lièvre américain à Grand Manan témoignent du rôle que ce personnage joua dans le développement de l’île. Mais c’est surtout par ses almanachs et ses tables de navigation pour le Nouveau-Brunswick qu’il s’impose à notre mémoire.

Gwendolyn Davies

William Green est l’auteur de : The British American almanack, and astronomical ephemeris of the motions of the sun, moon, planets and stars, for the year of our Lord God 1791 [...] (Halifax, 1791) ; et The British American almanack, of the motions of the luminaries, for the year of our Lord Christ 1792 [...] ([Saint-Jean, N.-B., 1792]).

APC, MG 17, B1, C/CAN/NS, I/12–1/12a, particulièrement I/12, folder 140 ; I6/14, folder 168, no 286 (mfm) ; copies aux PANS) ; MG 23, D1, sér. 1, 2, Saint John file, item 470, « Education for young gentlemen ».— APNB, RG 4, RS24, S30-M11 (copie au Musée du N.-B.) ; RG 10, RS108, William Green, 1806.— Charlotte Land Registry Office (St Andrews, N.-B.), Record books, 8, no 347 ; 11, no 301 ; Q : 24–25 ; S : 840.— Musée du N.-B., Green family, cb doc — USPG, Journal of SPG, 25 :35, 390 ; 26 :40–42.— SPG, [Annual report] (Londres), 1792 : 33.— Royal Gazette and the New Brunswick Advertiser, 23 déc. 1788, 13 janv., 7 avril 1789.— Saint John Gazette, and the Weekly Advertiser (Saint-Jean), 16 janv., 27 mars, 3 avril 1789.— Tremaine, Biblio. of Canadian imprints.— J. G. Lorimer, History of islands & islets in the Bay of Fundy, Charlotte County, New Brunswick [...] (St Stephen, N.-B., 1876), 24, 30.— J. R. Harper, « Christopher Sower, king’s printer and loyalist », N.B. Hist. Soc., Coll., no 14 (1955) : 84–85 ; « Old New Brunswick almanacks », Maritime Advocate and Busy East (Sackville, N.-B.), 44 (1953–1954), no 8 : 5–10.— Keith Ingersoll, « Deserted Fundy island left to sheep, gulls », Saint Croix Courier (St Stephen), 23 févr. 1961 : 9, 12.

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Gwendolyn Davies, « GREEN, WILLIAM (circa 1783-1833) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/green_william_1783_1833_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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