OWEN, WILLIAM, officier de marine et fondateur d’un établissement à l’île Passamaquoddy (île de Campobello, Nouveau-Brunswick), né en 1737 à Glam Severn (Powys, pays de Galles), fils de David Owen, décédé en 1778 à Madras, Inde.

S’étant engagé dans la marine royale pendant sa jeunesse, William Owen avait le grade de lieutenant en 1759. Au cours de la guerre de Sept Ans, il fut affecté au soutien de l’East India Company ; en 1760, dans une bataille contre les Français au large de Pondichéry, il reçut une blessure qui, par la suite, lui fit perdre le bras droit.

La guerre terminée, Owen retourna en Angleterre et fut mis à la demi-solde. En 1766, insatisfait de sa « misérable pension », il écrivit à lord William Campbell, avec lequel il avait servi en Inde, pour demander son aide en vue d’obtenir un emploi. Campbell, qui venait d’être nommé gouverneur de la Nouvelle-Écosse, lui offrit de devenir bénévolement secrétaire et aide naval. Owen accompagna Campbell à Halifax en novembre et passa l’été suivant non loin de là, à effectuer des travaux d’arpentage et de cartographie au lac Shubenacadie. Le 30 septembre 1767, Campbell lui accorda la concession de l’île Passamaquoddy ; trois neveux d’Owen furent nommés concessionnaires avec lui, car son grade ne lui donnait pas droit à un terrain de cette étendue. Peu de temps après, Owen s’embarqua pour l’Angleterre sans avoir visité l’île.

En 1768, mû par « le goût de voir du pays », Owen fit un voyage dans le Kent et sur le continent après que la maladie l’eut retenu à Londres durant le printemps. Au début de septembre, il s’installa à Shrewsbury, Angleterre, où il perdit l’usage d’un oeil au cours d’une bagarre d’élections. Ce n’est qu’en août 1769, quand Owen rencontra des amis à Warrington, que des arrangements furent pris en vue de coloniser l’île néo-écossaise. Contrairement à ce qui se passait dans les autres régions de la Nouvelle-Écosse, où l’on donnait aux colons les titres de propriété des terrains qui leur avaient été concédés, Owen conserva ses droits fonciers en qualité de « maître du sol ou principal propriétaire ». Il devait recevoir de ses locataires les trois seizièmes de tous les bénéfices réalisés. Ses 12 associés s’attendaient à ce que les fonds investis dans l’entreprise rapportent des profits raisonnables grâce aux récoltes, à l’élevage du bétail, à l’exploitation de la forêt et des riches pêcheries. Au début de 1770, après plusieurs mois de préparatifs, Owen s’embarqua à Liverpool pour se rendre dans sa propriété en Amérique avec 38 travailleurs au pair des gens de tous les métiers – qui devaient former le noyau du nouvel établissement. Le navire atteignit l’île Passamaquoddy le 4 juin. Presque immédiatement, Owen rebaptisa l’île « Campobello » en l’honneur de Campbell et parce que ce nom italien, signifiant « beau champ », lui semblait convenir à l’île.

On entreprit sans tarder la construction d’abris temporaires et la mise sur pied d’un établissement de colonisation. On dressa les plans d’un village, nommé New Warrington (Wilson’s Beach), et on baptisa le havre du nom de Port Owen. Quelques familles de la Nouvelle-Angleterre, qui s’étaient installées dans une partie de l’île avant l’arrivée d’Owen, participèrent aux travaux de construction avec les travailleurs au pair. En juin 1771, d’importants progrès avaient été accomplis ; plusieurs champs avaient été clôturés et ensemencés, 15 bâtiments, dont une chapelle et un moulin, avaient été érigés et on avait même commencé à établir une réserve pour les cerfs. En tout, les colons étaient au nombre de 73 ; on avait exporté du bois, de la potasse et du bardeau. Peu après son arrivée, Owen avait été nommé juge de paix, et, de toute évidence, il était partisan d’une stricte discipline car, parmi les premières choses qui furent construites à New Warrington, il y eut deux piloris et un poteau pour les condamnés au fouet ; les ennuis ne furent pas nombreux.

En 1771, la guerre semblait imminente entre la Grande-Bretagne et l’Espagne pour la possession des îles Falkland, et, en juin, Owen partit pour l’Angleterre afin de reprendre son service dans la marine. Peu après son départ, 27 des engagés persuadèrent le capitaine Plato Denny, l’un des associés d’Owen, de les ramener en Angleterre. Toutefois, le navire qui les transportait se perdit en mer. Sur les 11 engagés qui restaient, il y en eut sept qui abandonnèrent l’île par la suite pour gagner la terre ferme, de sorte que les immigrants de la Nouvelle-Angleterre demeurèrent presque seuls. Owen ne retourna jamais à Campobello, mais il conserva les intérêts qu’il avait dans la colonie et, en février 1772, conjointement avec ses associés, il fit paraître une annonce demandant 10 ou 12 « fermiers industrieux » pour coloniser l’île. On ne possède guère de renseignements sur la vie qu’il mena après son retour en Angleterre. Il fut tué à Madras en 1778 alors qu’il transportait des dépêches de l’Inde vers l’Angleterre.

Owen eut deux fils, Edward Campbell Rich et William Fitz-William*. En 1835, celui-ci devint l’unique propriétaire de Campobello et s’établit dans l’île. Il se fit connaître par les études qu’il mena sur les Grands Lacs ; la ville d’Owen Sound, en Ontario, a été appelée ainsi en son honneur.

L. K. Ingersoll

William Owen est l’auteur de « The journal of Captain William Owen [...] », édité par W. F. Ganong, N.B. Hist. Soc., Coll., I (1894–1897), no 2 : 193–220 ; II (1899–1905), no 4 : 8–27 ; « Narrative of American voyages and travels of Captain William Owen, R. N., and the seulement of the island of Campobello in the Bay of Fundy, 1766–1771 », édité par V. H. Paltsits, New York Public Library, Bull., 35 (1931) : 71–98, 139–162, 263–300, 659–685, 705–758.

N.B. Hist. Resources Administration (Fredericton), The Owen House (rapport inédit de Louise Banville) ; Architect’s report by Ross Anderson ; Final departmental recommendations by David Webber, 1971.— N.B. Museum (Saint-Jean), W. F. Owen, estate papers, 1839–1907.— PANB, RG 2, RS8, Attorney general, cases and opinions ; RG 7, RS63.— DNB.— G.-B., Adm., Commissioned sea officers, III.— John Marshall, Royal naval biography [...] (4 vol. en 6 et 2 vol. suppl., Londres, 1823–1835), suppl., II.— B. E. Barber, A guide book to FDR’s « beloved island », Campobello Island, New Brunswick, Canada ([Vicksburg, Miss., 1962]).— Campobello Company, Campobello (Boston, Mass., [1882]).— Campobello Island, Board of Trade, Campobello Island, N.B., a vacation paradise ([Campobello Island, 1963]).— W. A. R. Chapin, The story of Campobello (s.l., 1960).— James Dugan. The great mutiny (New York, 1965), chap. V-IX.— M. [A.] Lewis, The navy of Britain : a historical portrait (Londres, 1948).— [C. B.] G. Wells, Campobello : an historical sketch (Boston, 1893).— L. K. Ingersoll, A chair with naval lineage, N.B. Museum, Museum Memo (Saint-Jean), 3 (1971), no 2 : 4–8.— D. K. Parr, The principal proprietary of Campobello, Atlantic Advocale (Fredericton), 53 (1962–1963), no 1 : 63.

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L. K. Ingersoll, « OWEN, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/owen_william_4F.html.

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