OUACHALA (Ouachalard, Ouashala, Ouashalas, Ouechala), chef de la tribu des Renards et principal représentant de la faction pacifiste de cette tribu ; circa 1716–1727.

En 1716, Rigaud de Vaudreuil envoya le lieutenant La Porte de Louvigny aux lacs supérieurs avec mission d’imposer la paix aux Renards. Cette tribu ne pardonnait pas aux Français de fournir des armes à leurs ennemis illinois et sauteux, car elle les considérait comme responsables du massacre des habitants d’un village de la tribu des Renards par les Outaouais, près du fort Pontchartrain (Détroit), en 1712. Avec un détachement de plus de 400 Français, Louvigny attaqua les villages des Renards et força Ouachala à capituler au nom de la tribu. Les Renards consentirent à faire la paix avec toutes les tribus alliées des Français et à persuader « par force ou par amitié » les Kicapous et les Mascoutens d’en faire autant. Les Français posèrent comme première condition le retour de tous les prisonniers, ce qui fut exécuté immédiatement ; ils exigèrent ensuite que les Renards capturent des esclaves en « pais éloignez » pour remplacer les pertes subies au cours du combat. La dernière condition, un arrangement selon lequel « ils chasseront pour payer les frais de l’armement fait pour cette guerre », laisse supposer qu’on tentait d’attirer les Renards dans la sphère du commerce français. Louvigny ramena avec lui six otages comme garantie.

Or, Pemoussa et un autre des otages moururent de la petite vérole à Montréal ; la nouvelle étant parvenue jusqu’aux chefs de la tribu des Renards, la crainte de la maladie les empêcha de venir ratifier le traité de paix. En 1717, Louvigny retourna à Michillimakinac pour les rassurer ; l’otage qui l’accompagnait reprocha à Ouachala de ne pas être venu à Montréal. Le chef reconnut qu’il avait mal agi et consentit à s’y rendre l’année suivante ; en outre Ouenemek promit d’employer son influence pour amener les Renards à remplir les conditions stipulées par les Français. Ce fut seulement en 1719, toutefois, après le retour de 12 autres prisonniers en 1718, qu’Ouachala se laissa persuader de faire le voyage à Montréal dans le but de raffermir la paix.

La paix conclue en 1716 se révéla peu solide, en partie, semble-t-il, parce que les Illinois et les Sauteux, alliés des Français, harcelaient les Renards. Ouachala se plaignait qu’il avait du mal à retenir ses jeunes braves qui, apparemment, le méprisaient « parce qu’il leur a paru trop affectionné aux françois ». En 1722 il mena une attaque contre les Illinois qui avaient tué son neveu Minchilay. En 1723, il ne put empêcher ses hommes d’attaquer des maraudeurs de la tribu des Sauteux à la rivière Saint-Joseph et les accompagna pour veiller à ce que « les françois n’y fussent pas insultez ».

Il répugnait à Vaudreuil de se laisser entraîner dans une guerre indienne. Il prétendait d’ailleurs que « les Renards ont eu moins de tord que les Illinois ». Son successeur, Le Moyne de Longueuil, voulait mettre un terme à la guerre entre les Illinois et les Renards par une alliance et détacher ces derniers de la tribu des Sioux ; c’est dans ce but que, le 7 juin 1726, Le Marchand de Lignery rassembla les chefs des Renards, des Sauks et des Winnebagos à la baie des Puants (Green Bay) pour qu’ils réaffirment l’état de paix. Ouachala proposa qu’un « chef françois » fût envoyé dans l’Ouest pour contenir ses hommes. Convaincus qu’Ouachala agissait de bonne foi, les Français envisagèrent une réunion des représentants des tribus de l’Ouest à Montréal pour sceller un pacte officiel. Toutefois, un an ne s’était pas écoulé que le nouveau gouverneur, Charles de Beauharnois* de La Boische, écrivait : « Il n’y a plus a compter sur la parolle que les Renards avoient donnée à Mr. de Lignery de demeurer en paix, surtout depuis la mort de leurs chefs laquelle a donné lieu aux parties de guerre qu’ils ont faites et qu’ils font encor tous les jours ». Les Français prirent donc les dispositions nécessaires pour réduire les Renards à la soumission parce que dans l’Ouest le commerce avec les Illinois était plus important pour eux que le commerce avec les Renards. Comme la paix fut rétablie seulement après que les Français eurent assujetti les Renards et déporté leur chef guerrier Kiala en 1734, il semble probable qu’Ouachala était un des chefs dont la mort avait été rapportée en 1727.

Les Français désignaient Ouachala sous le titre de « grand chef » ou « principal chef » des Renards. Il était apparemment un des chefs civils de la tribu. En temps de guerre, l’autorité passait aux chefs guerriers. Dans de telles occasions les chefs civils représentaient souvent, comme ce fut le cas pour Ouachala, les éléments pacifistes de la tribu qui se trouvaient évidemment en désaccord avec les éléments plus belliqueux. Les Français exploitèrent ce partage de l’autorité, suivant ainsi la politique que les Européens avaient adoptée dans leurs rapports avec les Indiens et qu’ils n’abandonnèrent pas avant la fin du xixe siècle.

David Lee et Terry Smythe

AN, Col., C11A, 36, ff.71–76 ; 38, f.103 ; 39, f.143 ; 42, f.164 ; 44, f.441 ; 45, f.136 ; 48, f.419 ; 49, ff.120, 564.

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David Lee et Terry Smythe, « OUACHALA (Ouachalard, Ouashala, Ouashalas, Ouechala) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ouachala_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024