NOBLE, ARTHUR, commerçant, officier, né à une date inconnue, tué à Grand-Pré, Nouvelle-Écosse, le 31 janvier 1746/1747 (ancien style).

Selon une tradition familiale, Arthur Noble serait né à Enniskillen (comté de Fermanagh, Irlande du Nord) et serait arrivé en Amérique avec ses frères Francis et James vers 1720. Il s’établit sur la rivière Kennebec (Maine), où il possédait un poste de traite sur l’île d’Arrowsic et une ferme à Pleasant Cove (Winnegance). De plus, il exploita probablement une tannerie et une manufacture de chaussures. Il sut mener à bien ses entreprises puisqu’il laissa un surplus de biens de £8 000 (ancien cours). En 1725, semble-t-il, il épousa Sarah Macklin ( ?) ; ils eurent au moins trois enfants. Noble occupait en 1744 le poste de commandant militaire dans son district, sous le commandement de Samuel Waldo, ainsi que celui d’officier d’intendance pour les garnisons de la région de Falmouth-Kennebec.

En janvier 1745, lorsque le gouvernement du Massachusetts décida d’entreprendre une expédition contre la forteresse française de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), Arthur Noble fut nommé lieutenant-colonel au 2e régiment du Massachusetts de Samuel Waldo ; il fut nommé capitaine de la 2e compagnie, le 5 février 1744/1745.

Il s’embarqua avec l’expédition en avril de la même année et il participa à la prise de Louisbourg. Après une série de vaines tentatives pour prendre la batterie de l’Îlot qui gardait le port de Louisbourg, on prépara une offensive pour le 23 mai au soir, avec approximativement 800 soldats de la Nouvelle-Angleterre sous le double commandement de Noble et du lieutenant-colonel John Gorham. Le soir venu, les hommes s’approchèrent de la batterie à bord de leurs baleinières ; on découvrit alors que ni Noble ni Gorham n’étaient à leur poste de commandement ; l’attaque se termina dans la confusion et le mécontentement. Le lendemain, lors d’une enquête, il fut cependant reconnu que Noble et Gorham n’étaient nullement responsables : Noble fut même félicité par Waldo pour sa bravoure.

De retour chez lui, à l’automne de 1746, Noble reçut l’ordre de se rendre en Nouvelle-Écosse, avec la charge de commandant des soldats de la Nouvelle-Angleterre envoyés comme renforts à la garnison britannique d’Annapolis Royal. Probablement en réponse au gouverneur William Shirley du Massachusetts qui exerçait une forte pression, Paul Mascarene, commandant civil et militaire de la Nouvelle-Écosse, décida d’entreprendre une offensive au cours de l’hiver, pour déloger les troupes françaises des Mines (Grand-Pré), à supposer que ces dernières fussent encore dans les alentours. L’expédition commandée par Noble et comprenant 500 hommes devait attaquer les troupes françaises, pour ensuite établir ses quartiers d’hiver au cœur même de la population acadienne. Un premier détachement partit pour Grand-Pré le 5 décembre 1746, et Noble y arriva le 1er janvier 1746/1747. Les troupes françaises, commandées par Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay*, s’étaient déjà retirées dans la région de Chignectou où ils avaient l’intention de passer l’hiver. Ainsi les troupes de la Nouvelle-Angleterre ne rencontrèrent aucune opposition. Au cours de l’hiver, quelques Acadiens informèrent les Français des mouvements des troupes anglaises.

Des chutes de neige abondantes ainsi que la grande distance séparant Chignectou des Mines endormirent la prévoyance des soldats de la Nouvelle-Angleterre. Aucune attention ne fut portée aux avertissements des Acadiens les prévenant que Ramezay projetait d’attaquer les Mines. Cependant, les Français dirigés par le commandant en second de Ramezay, le capitaine Nicolas-Antoine Coulon de Villiers, avaient précisément décidé d’entreprendre cette expédition risquée. Le 12 janvier, 240 Canadiens et quelque 60 Indiens partirent de Chignectou en direction des Mines.

Vers trois heures du matin, le 31 janvier, alors qu’une tempête de neige faisait rage, les Français attaquèrent les soldats de la Nouvelle-Angleterre, mal préparés et qui ne soupçonnaient vraiment pas une pareille attaque. En dépit des tentatives ultérieures pour masquer l’inefficacité des mesures prises, on doit forcément admettre que Noble et ses officiers furent d’une négligence tragique en ce qui concerne les précautions essentielles à prendre. Les soldats de la Nouvelle-Angleterre furent totalement pris par surprise.

Selon des sources anglaises, environ 70 des 500 soldats furent tués, dont certains encore dans leur lit. Les quartiers de Noble furent les premiers à être attaqués. Le commandant fut blessé à deux reprises avant qu’il ne soit atteint d’une balle au front. L’enseigne Francis Noble mourut en défendant les quartiers de son frère. Les troupes de la Nouvelle-Angleterre, maintenant sous le commandement de Benjamin Goldthwait, capitulèrent après quelques heures de combat. On leur permit de retourner à Annapolis Royal à la condition de ne pas combattre dans la région des Mines et de Chignectou pendant une période de six mois. Arthur Noble ainsi que les hommes qui tombèrent avec lui furent enterrés à Grand-Pré.

Barry M. Moody

AN, Col., C11A, 87, ff.314–361 ; Col., C11D, 8, ff.130–134.— APC, MG 18, F10.— Mass. Hist. Soc., Belknap papers, 61.B.41 ; Waldo papers, Burns to Noble (19 mai 1744) ; Noble to Waldo (28 juin, 6 juill. 1744).— PANS, RG 1, 13, nos 37, 39 ; 13 1/2, nos 19, 23, 24 ; 21, p.90.— Boston Evening-Post, févr. et mars 1747.— Louisbourg journals (De Forest), 77, 87.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X : 78, 89–93.— The Pepperrell papers, Coll. of the Mass. Hist. Soc., 6e sér. X (1899) : 21.— Grand Pré tragedy, 1745–55 ; the Noble memorial (s.l., s.d.) (brochure mal écrite et farcie d’erreurs, qu’on peut trouver aux PANS, donnant Macklin comme étant le nom de la femme de Noble)  [b. m. m.].— McLennan, Louisbourg.— B. M. Moody, Paul Mascarene, William Shirley and the defence of Nova Scotia, 1744–1748 (thèse de m.a., Queen’s University, Kingston, Ont., 1969), pp. 219–224.— New Eng. Hist. and Geneal. Register (New York), XXIV (1870) : 370.— Rawlyk, Yankees at Louisbourg, 126s.— William Goold, Col. Arthur Noble, of Georgetown : his military services at Cape Breton and Nova Scotia, and his death at Minas, Coll. of the Maine Hist. Soc., 1re sér., VIII (1881) : 109–153.

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Barry M. Moody, « NOBLE, ARTHUR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/noble_arthur_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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