NESBITT, WILLIAM, avocat et fonctionnaire ; il épousa en secondes noces, le 24 août 1756, à Halifax, Rebecca Phelan, elle-même veuve ; décédé à Halifax, le 23 mars 1784, à l’âge de 77 ans.

On ne connaît rien des débuts de William Nesbitt. En 1749, n’amenant point de famille avec lui, il fit voile à destination de la Nouvelle-Écosse avec l’expédition de Cornwallis, à titre de greffier du gouverneur. À Halifax, Nesbitt travailla pendant quelque temps comme greffier de la Cour générale et fut confirmé dans sa charge de notaire en avril 1752. Au mois d’août de la même année, il fut démis de ses fonctions de greffier du gouverneur, à l’arrivée de Peregrine Thomas Hopson* ; il n’avait évidemment joui de ce poste que grâce à la protection de Cornwallis. En dépit du fait qu’il semble n’avoir reçu qu’une bien faible formation en droit, Nesbitt finit par se faire une clientèle importante et, en 1753, il succéda à Otis Little* comme avocat général à la Cour de vice-amirauté et comme procureur général. Cette dernière nomination était, selon les apparences, temporaire ; Hopson demanda que l’on nommât en Angleterre un candidat impartial et compétent, mais le Board of Trade refusa, en affirmant que le salaire offert était insuffisant pour allécher un candidat de qualité.

Élu à la première chambre d’Assemblée en 1758, Nesbitt en fut nommé le second président l’année suivante. En 1760, il reçut une commission de juge de paix et, en 1763, il fut nommé juge de la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments. La même année, désigné pour un siège au Conseil de la Nouvelle-Écosse, il déclina cet honneur en alléguant des raisons personnelles.

Son salaire de procureur général constitua la principale difficulté de Nesbitt pendant cette période. Bien que le gouverneur Charles Lawrence* l’eût porté de £50 (montant auquel il avait été fixé en 1755) à £100 par année en 1758, Nesbitt se plaignait du manque d’honoraires supplémentaires attachés à ce poste, comme c’était le cas dans les autres colonies. Bien plus, et malgré les mémoires répétés de Nesbitt, le Board of Trade refusa de mettre son salaire sur la liste civile, sans compter qu’une allocation supplémentaire accordée par Lawrence, sur une base de per diem, fut discontinuée en 1764. Ces difficultés, sans doute, amenèrent Nesbitt à profiter du système de « patronage » ayant cours dans les colonies, ce qui le mit directement en conflit avec le gouverneur Francis Legge. En février 1774, celui-ci ordonna à Nesbitt de payer, à des exécuteurs testamentaires, plus de £200, somme que Nesbitt aurait retenue alors qu’il était juge. Trois mois plus tard, Legge, tentant d’éliminer la corruption au sein du gouvernement colonial, demanda la démission de Nesbitt ; il invoquait, outre la retenue de fonds appartenant à une succession, son peu de zèle à percevoir les montants dus à la couronne, son âge avancé et son incompétence générale dans le domaine du droit. Même si on refusa la demande de Legge, les fonctions de Nesbitt n’en furent pas moins assumées, pendant quelque temps, par son ancien protégé, le solliciteur général James Monk*, fils.

En 1775, la vérification des comptes de la province effectuée par Monk, John Day et quelques autres, révéla des inexactitudes dans la comptabilité de Nesbitt. Monk le poursuivit en justice pour manquement à ses engagements, alléguant qu’il avait retenu le montant d’une amende versée en 1768. Charles Morris avait fait remarquer que Nesbitt « tenait toujours sa maison grande ouverte à l’armée et à la marine » et qu’il craignait que le procureur général ne « soulev[ât] grâce à ces relations un grand parti et une forte cabale contre l’actuel gouverneur », mais rien ne laisse penser que Nesbitt ait agi de la sorte. Il s’allia à d’autres sur qui pesaient de semblables accusations de détournements de fonds, comme Jonathan Binney* et John Newton, et, profitant de l’absence des députés ruraux, il usa de l’influence que lui conférait son poste de président de l’Assemblée pour mener les débats de la session d’été de manière à se disculper, ainsi qu’un grand nombre d’autres accusés. En 1776, on l’accusa de faire continuellement de l’opposition à Legge, de son fauteuil de président ; il signa, de plus, une pétition au Board of Trade critiquant le gouverneur. C’est surtout à cause de cette campagne assidue contre Legge qu’on se souvient de Nesbitt.

En 1779, Nesbitt résigna ses fonctions de procureur général, en faveur de James Brenton*, après avoir demandé et obtenu le versement de son salaire sa vie durant. Il se retira de l’Assemblée en novembre 1783 en affirmant : « l’obligation immuable que j’avais en tout temps envers mon Souverain et envers la prospérité et le succès de la province [...] m’incita à déployer les plus grands efforts pour leur bien ». En récompense de ses longs services, Nesbitt reçut une pension annuelle de £100. À sa mort, ses biens personnels étaient évalués à £168 seulement, si l’on fait exception d’une imposante bibliothèque ; l’argent qu’il avait placé dans des terres ne lui avait guère rapporté. Ses créanciers s’acharnèrent sur la succession et, quand la famille présenta une requête à l’Assemblée pour obtenir le premier versement de la pension de Nesbitt, de façon à les satisfaire, sa demande fut refusée.

Lois Kernaghan

Halifax County Court of Probate (Halifax), N 17 (inventaire des biens de William Nesbitt).— PANS, RG 1, 44, no 34.— PRO, CO 217/50, ff.41–48.— Directory of N.S. MLAs, 265.— Brebner, Neutral Yankees.— John Doull, The first five attorney-generals of Nova Scotia, N.S. Hist. Soc., Coll., XXVI (1945) : 33–48.

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Lois Kernaghan, « NESBITT, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nesbitt_william_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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