NEGABAMAT, baptisé Noël, appelé Tekouerimat, un des deux principaux chefs montagnais de Sillery, né vers 1600, décédé le 19 mars 1666.

La vie de Noël Negabamat est l’une des meilleures réussites de la politique des missionnaires français qui voulaient à la fois convertir les Amérindiens au catholicisme et les intégrer au mode de vie européen. Quand le père Paul Le Jeune fonda à Sillery un centre où se fixeraient les tribus nomades (1637), Negabamat, frère du chef montagnais Chomina et chef d’une escouade de Montagnais qui s’étaient installés dans les environs, demanda la permission de s’établir auprès de la résidence des Jésuites. Au printemps de l’année suivante, il s’y installa en permanence à la tête de ses gens avec un autre chef, Negaskoumat. Autour de ce noyau d’une vingtaine d’hommes, tout le village devait se développer. Élégamment vêtu à la française, Negabamat, le premier néophyte d’importance de la colonie, se présenta au baptême à Québec le 8 décembre 1638. Il prit le nom de Noël en l’honneur de M. de Sillery. Son épouse choisit de s’appeler Marie.

A partir de ce moment, les amis et les ennemis de la France furent ceux de Negabamat. En 1645, il participa très activement aux préliminaires de la paix entre les Français, les Hurons et les Algonquins d’une part, et les Iroquois de l’autre. Quand, trois ans plus tard, la guerre recommença, il partit pour Trois-Rivières avec ses hommes pour porter secours à ses alliés. En 1646, il exerça sa puissante influence sur les Abénaquis pour les amener à demander un missionnaire. Le père Gabriel Druillettes fut choisi, et Negabamat l’accompagna comme ambassadeur. En 1650, il rendit le même service et suivit le jésuite à Boston et à Plymouth pour persuader les Socoquis, les Pennacooks et les Loups (Mohicans) de se joindre aux Français. Negabamat dicta un très intéressant récit de ce voyage et l’envoya en France à son vieil ami, le père Paul Le Jeune, qui lui envoya en récompense une magnifique robe tissée d’or.

Entre-temps, à l’hiver de 1647–1648, il partit encore une fois avec le père Druillettes pour visiter les peuplades du bas Saint-Laurent. Il y négocia un traité avec le chef algonquin Étouat et reçut, pour sa part du marché, le droit de chasse dans la région la plus riche en gibier des environs de Tadoussac.

Les Français firent à Negabamat plusieurs grands honneurs. Il porta le dais à la procession de la Fête-Dieu à Québec. En 1665, comme « le plus ancien des Chrétiens », il eut aussi un poste distingué aux grandes cérémonies qui marquèrent l’arrivée à Québec de M. de Prouville de Tracy.

Les Relations des Jésuites ne parlent de Negabamat qu’avec éloges. On y lit qu’il était beau, bien fait, puissant orateur, intelligent, chrétien exemplaire. Mère Marie de l’Incarnation [V. Guyart] le dit un vrai saint, et ses propres gens se demandèrent s’il ne voulait pas se faire jésuite. De toute façon, il exerça toujours une grand influence sur les siens et fut un ami constant de la chose française. « Je vieilly, mais la foy ne vieillit point en moy », déclarait-il en 1652, ajoutant, apparemment sans nostalgie : « Je suis quasi tout François ».

J. Monet

Marie Guyart de l’Incarnation, Écrits (Jamet), III : 376.— JR (Thwaites), XXXVIII : 64 ; LII : 222 ; passim.— Léon Pouliot, Étude sur les Relations des Jésuites, 69, 173–176.

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J. Monet, « NEGABAMAT, baptisé Noël (Tekouerimat) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/negabamat_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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