NAVIÈRES, JOSEPH, prêtre, curé, né et baptisé dans la paroisse Saint-Michel-des-Lions de Limoges, France, le 12 juin 1709, fils de Jean Navières, marchand, et de Madeleine Sicot, décédé à Saint-Paul d’Eyjeaux, dans le Limousin, France, le 25 décembre 1756.

Joseph Navières fut ordonné prêtre le 14 décembre 1733 et, à la fin de juin 1734, il quitta la France pour le Canada, s’embarquant sur le navire qui transportait Mgr Dosquet*. Débarqué à Saint-Joachim le 13 août, Navières arriva par voie de terre à Québec le lendemain et fut nommé curé de Sainte-Anne-de-Beaupré, où il se rendit le 25 août. Il s’empressa d’écrire à son ami, M. Veyssière, vicaire de l’église collégiale de Saint-Martial de Limoges, aujourd’hui disparue, une lettre dans laquelle il raconte d’une façon pittoresque et parfois avec humour le trajet depuis l’île de Terre-Neuve jusqu’à Québec. Il décrit ensuite la ville basse, « demeure de tous les marchands » et la ville haute, « habitée par ce que nous appelons vulgairement bourgeois ». Toutes les maisons sont bâties de pierre « et a la réserve de trois ou quatre couvertes d’ardoise, les autres ont une couverture de bois coupé en façon d’ardoise, ce qui ne laisse pas d’être agréable à voir ». La ville est bien située et « elle n’est pas moins forte que les villes de guerre qui sont en France ». Elle est fort peuplée et « les gens y sont gracieux, civils, honnêtes, bienfaisans, le tout à la mode de Paris, qu’ils se flattent de suivre ».

Dès la fin d’août, Navières se rendait dans sa cure de Sainte-Anne ; il précise à son ami Veyssière qu’elle est « située à sept petites lieues de Québec sur le bord du fleuve Saint-Laurent, dans une grande plaine longue d’une dizaine de lieues, qui est fertile et agréable ». Son église, écrit-il, est « une des plus belles et des mieux ornées du Canada [...] Les églises paroissialles de campagne en France ne sont pas comparables à celle du pays que j’habite ». Il vante la variété des ornements liturgiques « tous propres et beaux ; les vases sacrez, riches et d’argent doré ; l’église vaste, ornée de tableaux donnez par des vœux [...] Le maître autel est d’une architecture rare, et le retable l’emporte pour la richesse et la magnificence sur tout ce que j’ai vu ». Il constate que « les reliques y sont très courues et en grande vénération ; la principale, quoique la plus petite, est une portion de la main de sainte Anne bien avérée ». Les pèlerins y abondent, « ce qui n’est pas un petit embarras pour moi ». Joseph Navières souligne qu’il a « abondamment toutes les choses nécessaires pour faire bonne chère » ; il ne lui manque qu’un bon cuisinier et il regrette de ne pas connaître « cette science qui est nécessaire à un curé, surtout en Canada, où les bons cuisiniers sont aussi rares que le vin ».

L’année suivante, dans une lettre adressée à M. Romanet de Briderie et datée du 28 septembre 1735, il signale, entre autres, qu’il n’y a « presque point de pauvres dans le pays ; les moins accommodés des biens de la fortune ne manquent pas de bon pain de froment ». En octobre 1737 cependant, il confie à sa sœur que ses revenus sont maigres, malgré l’abondance des pèlerins, et qu’il trouve bien lourdes à supporter la solitude dans laquelle il est confiné pendant de longs mois de l’année et l’absence de livres, « en ce pays où il n’y a ni imprimerie ni librairie ».

Joseph Navières quitta sa cure le 3 septembre 1740 et retourna en France. À son arrivée, il annonça au chanoine Pierre Hazeur* de L’Orme, alors délégué en France par le chapitre de la cathédrale de Québec, la mort de Mgr de Lauberivière [Pourroy*]. Son retour ne s’était pas effectué sans difficulté. En effet, il dut séjourner dans le port de Flessingue (Pays-Bas), car le navire sur lequel il voyageait fut capturé. Cependant, il put reprendre aussitôt sa route car la France n’était pas en état de guerre.

Peu après son retour, Joseph Navières fut nommé curé de Saint-Sylvestre de Grandmont, dans la Marche, puis, le 15 mai 1755, archiprêtre de Saint-Paul d’Eyjeaux. C’est là qu’il mourut le jour de Noël de 1756, à l’âge de 48 ans.

Raymond Gariépy

AD, Haute-Vienne (Limoges), G 689, 14 déc. 1733.— Bibliothèque municipale de Limoges (France), État civil, Saint-Michel-des-Lions, 12 juin 1709.— Un voyage à la Nouvelle-France (Canada) sous Louis XV (1734) ; relation inédite, Ludovic Drapeyron, édit., Revue de géographie (Paris), X (1882), n° 1 : 81–105.— Un voyage à la Nouvelle-France en 1734, Benjamin Sulte, édit., Revue canadienne, 2e sér., VI (1886) : 15–25.— Sainte-Anne de Beaupré, Annales de la Bonne Sainte Anne de Beaupré (Québec), XXXIV (1906) : 102–106, 133–137.— Henri Têtu, Le chapitre de la cathédrale de Québec et ses délégués en France, BRH, XIV (1908) : 103s. ; XVI (1910) : 294s.

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Raymond Gariépy, « NAVIÈRES, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/navieres_joseph_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024