MOORE, DENNIS, manufacturier, capitaliste et philanthrope, né le 20 août 1817 à Grimsby, Haut-Canada ; le 1er juin 1842, il épousa Susan Tyson, puis, le 1er août 1854, Mary Hunt, et ils eurent un fils et quatre filles ; décédé le 20 novembre 1887 à Hamilton, Ontario.

Dennis Moore fut élevé à Grimsby qu’il quitta en 1831 pour Hamilton où il entra en apprentissage chez Edward Jackson*, propriétaire d’un atelier de ferblanterie depuis 1830. En 1833, Jackson prit Moore et plusieurs autres apprentis comme associés. À partir de ce moment-là et jusqu’à la mort de Jackson en 1872, l’entreprise fut l’objet d’associations compliquées et changeantes, bien que durant une bonne partie du temps elle fût exploitée sous la raison sociale D. Moore and Company.

Au début, l’entreprise produisait des articles en fer-blanc ; toutefois, probablement au cours des années 1840, une fonderie fut ajoutée, et la firme diversifia sa production en fabriquant des poêles et des pièces en fonte pour des machines. Les détails financiers des transactions de la compagnie s’avèrent difficiles à retracer : en 1862, elle employait 40 hommes et utilisa pour $50 000 de matières brutes ; en 1865, elle fabriqua des produits d’une valeur de $125 000 ; en 1869, la valeur de la production atteignit $150 000 et 50 hommes y travaillaient. Les renseignements sont rares mais il est clair que Moore amassa une assez jolie fortune grâce à l’entreprise. En 1848, il possédait des biens immobiliers à Hamilton valant entre $10 000 et $15 000, et la D. Moore and Company exploitait neuf magasins rentables. Il spéculait aussi sur des biens immobiliers dans l’Ouest canadien. En 1882, avec Edward Gurney, manufacturier de poêles de Toronto et de Hamilton, et John Edward Rose et Alexander Sutherland de Toronto, il s’associa aux fondateurs de la Saskatchewan Land and Homestead Company, une des nombreuses firmes constituées juridiquement cette année-là dans le but de coloniser des terres au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest. Les capitaux que Moore investit dans différents établissements industriels et financiers menèrent à son élection, au cours des décennies 1870 et 1880, au conseil d’administration de plusieurs compagnies, la plupart établies à Hamilton, entre autres la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie, la Bank of Hamilton et la Hamilton Bridge and Tool Company.

Moore se distingua également dans le domaine public et politique. En février 1851, par exemple, il avait été au nombre des 24 personnalités de Hamilton, incluant sir Allan Napier MacNab*, Edward Jackson, Robert William Harris*, associé dans la plus importante firme d’importation en gros de la province du Canada, Robert Reid Smiley*, propriétaire de la plus grande imprimerie de la province, et James Osborne, principal épicier de la ville, qui adressèrent une requête au gouvernement fédéral le priant d’envoyer des troupes pour briser une grève des employés du Great Western Railway. Moore, qui ne pouvait accepter de protestation violente de la part d’une classe à laquelle il avait appartenu, était d’avis que le gouvernement devait « intimider les insubordonnés, assurer la protection des pacifiques et des travailleurs, et, en cas de nécessité, aider le pouvoir civil à appliquer les lois ». Lors des élections fédérales de 1882, Moore se présenta comme candidat libéral dans la circonscription de Hamilton, où deux sièges étaient à pourvoir. Ses adversaires du parti conservateur le qualifièrent de défenseur des intérêts manufacturiers, en dépit des nombreux efforts qu’il fit pour obtenir le vote ouvrier qui était décisif. Il partageait avec Edward Blake* l’opinion qu’il fallait protéger les produits fabriqués par des droits d’entrée tout en maintenant faibles ou inexistants les tarifs douaniers sur les matières brutes. Il s’exposait ainsi aux accusations des conservateurs qui soutenaient qu’une telle politique était clairement dans son intérêt en tant que manufacturier. Ces accusations contribuèrent probablement à la défaite de Moore et de son collègue libéral dans Hamilton.

Méthodiste actif et sincère, Moore fut un bienfaiteur de diverses églises de Hamilton et d’œuvres philanthropiques méthodistes. Membre du conseil d’administration de l’église MacNab Street Third Wesleyan Methodist en 1851, membre du conseil d’administration de l’église First Wesleyan Methodist en 1856, il participa, en 1866, à la fondation de l’église Centenary et il y remplit jusqu’à sa mort les fonctions de membre du conseil d’administration et de leader de « classe » (groupe de fidèles qui approfondissaient leurs connaissances religieuses sous la direction d’un maître). Également en 1866, un annuaire le mentionne comme membre du conseil d’administration de la succursale de l’Upper Canada Bible Society à Hamilton. En 1861, il avait été au nombre des notables de Hamilton, dont Edward Jackson et Calvin McQuesten, qui avaient demandé la reconnaissance juridique du Wesleyan Female College, et il en devint vice-président en 1872. Pendant plusieurs années, il donna annuellement $1 600 au Victoria College à Cobourg pour le maintien d’une chaire de sciences. Il faisait aussi partie du conseil d’administration du collège et, à sa mort, il légua $25 000 comme fondation destinée à une chaire de chimie et de physique. Il légua aussi une somme de $6 000 à la Société des missions de l’Église méthodiste et des sommes moindres à plusieurs sociétés de bienfaisance de Hamilton.

La carrière de Dennis Moore présente plusieurs des éléments du mythe du self-made man du milieu de l’époque victorienne. Grâce à son ardeur au travail et à une vie vertueuse, il parvint, malgré d’humbles origines, à devenir un homme d’affaires prospère qui laissa à sa mort une fortune évaluée à quelque $200 000. Le révérend Hugh Johnston, un ami qui avait aussi été l’un de ses pasteurs, le décrivit ainsi dans une oraison funèbre : bien que « ne possédant pas de qualités éclatantes, [cet] homme doué de bon sens, direct et sobre de paroles a fait de sa vie une belle réussite ».

David G. Burley

Christian Guardian, 30 nov. 1887.— Globe, 27 mai 1882.— Hamilton Spectator, 5, 12, 15 févr. 1851, 26 juin 1882, 21, 24 nov. 1887.— Monetary Times, 4 févr. 1876.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I.— Wallace, Macmillan dict.— Nathanael Burwash, The history of Victoria College (Toronto, 1927), 237 ; Memorials of the life of Edward & Lydia Ann Jackson (Toronto, 1876), 7-11.— The Centenary Church, the United Church of Canada, 24 Main Street West, Hamilton, Ontario, 1868–1968 ([Hamilton, Ontario, 1968]), 5s.— Hamilton, the Birmingham of Canada (Hamilton, 1892).— M. B. Katz, The people of Hamilton, Canada West : family and class in a mid-nineteenth century city (Cambridge, Mass., et Londres, 1975), 177, 179, 195.— V. Ross et Trigge, Hist. of Canadian Bank of Commerce, III : 155.— C. B. Sissons, A history of Victoria University (Toronto, 1952), 195.

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David G. Burley, « MOORE, DENNIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/moore_dennis_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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