MILLS, WILLIAM LENNOX, ministre de l’Église d’Angleterre, éducateur et évêque, né le 27 janvier 1846 à Woodstock, Haut-Canada, fils de William Mills et d’une prénommée Elise ; le 12 octobre 1886, il épousa en secondes noces, à Montréal, Katharine Sophia Bagg, et ils eurent un fils ; décédé le 4 mai 1917 à Kingston, Ontario.
Fils d’un directeur de la Woodstock Grammar School, William Lennox Mills fit ses études dans cet établissement et au Huron College de London, dans les environs. Il fut fait diacre par l’évêque Isaac Hellmuth* à la cathédrale St Paul de London le 5 juin 1872 et ordonné le 4 juin de l’année suivante. Après avoir œuvré un moment à Norwich et à Seaforth, il passa au diocèse de Montréal. Rector à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) de 1875 à 1882 et à l’église Trinity de Montréal de 1882 à 1896, il fut également chanoine de la cathédrale Christ Church à Montréal à compter de 1883. Récipiendaire d’une licence en théologie du Trinity College de Toronto en 1884, il enseigna par la suite la théologie dogmatique au Montreal Diocesan Theological College. Il devint en 1896 archidiacre de l’église St Andrew, dans le diocèse de Montréal. Pendant cette période, il fut aussi conseiller en théologie de l’évêque William Bennett Bond*.
En 1900, le diocèse de l’Ontario décida d’élire un coadjuteur à John Travers Lewis*, évêque de ce diocèse depuis 1861. Le synode se réunit en juin mais ne parvint pas à s’entendre ; les électeurs ecclésiastiques votèrent en faveur de l’anglo-catholique John Charles Roper et les laïques, pour Clarendon Lamb Worrell*. Au septième tour de scrutin, George Thorneloe, évêque d’Algoma et tenant de la Haute Église, fut élu, mais il refusa le poste ; au huitième tour, le doyen Lennox Waldron Williams, de Montréal, se classa premier, mais il refusa lui aussi. Un deuxième synode réuni en septembre aboutit dans une impasse après sept tours de scrutin. Puis, les délégués conférèrent et Mills fut mis en nomination. Le clergé lui accorda immédiatement ses suffrages, mais il ne fut élu qu’au dixième tour. Il fut sacré évêque de Kingston et évêque coadjuteur de l’Ontario par Lewis en la cathédrale St George de Kingston le 1er novembre. Après la mort de Lewis, survenue le 6 mai 1901, il succéda à celui-ci.
Mills était un candidat de compromis, et les membres du clergé l’avaient à l’œil. En octobre, l’archidiacre Thomas Bedford-Jones, partisan déclaré de la Haute Église, écrivit à son ami Albert Spencer, secrétaire du synode de l’Ontario, à propos de la visite de Mills à Brockville. Bedford-Jones déclara que la visite avait été « très satisfaisante, sauf peut-être en ceci qu[e Mills] a[vait] refusé de prendre part à une célébration quelconque » de l’Eucharistie. Cependant, il avait communié, revêtu d’une étole blanche et tourné vers l’est. En septembre, dans une lettre à Bedford-Jones, Mills s’était dit surpris d’avoir été élu, mais avait précisé ne pas être aussi piètre homme d’Église que l’archidiacre le craignait. Ses amis le disaient tenant de la Haute Église, mais lui-même se considérait comme un « adepte du rituel [anglican] ».
Dans le diocèse de Toronto, voisin de celui de Kingston, le conflit entre tenants de la Haute et de la Basse Église s’était apaisé. L’évêque Arthur Sweatman* parvenait à se faire écouter de ses diocésains ; Mills se révéla tout aussi conciliant que lui. Contrairement à Lewis, souvent absent de son diocèse, il était déterminé à y résider, et il y faisait une tournée annuelle. Moins d’un an après sa consécration, la vieille garde avait disparu, car Spencer et Bedford-Jones étaient décédés. Tout au long de son épiscopat, Mills s’occupa des missions intérieures et étrangères. Bien que l’activité missionnaire ait été de plus en plus centralisée sous l’autorité du synode général de l’Église d’Angleterre au Canada, Mills encourageait les collectes de fonds dans les paroisses et nomma, pour les promouvoir, un responsable diocésain. Il s’employait à donner de solides assises financières au fonds des veuves et des orphelins et à la caisse de retraite des membres du clergé. Malheureusement, le diocèse ne connut pas la stabilité financière pendant l’épiscopat de Mills, qui coïncida avec une chute démographique dans l’est de l’Ontario et avec le cycle d’inflation et de récession précédant la Première Guerre mondiale.
Mills n’était pas favorable à la tenue de fréquentes réunions des synodes, que ce soit à l’échelle diocésaine, provinciale ou nationale. Il assista cependant au tricentenaire de l’Église anglicane des États-Unis, célébré en 1907 à Richmond, en Virginie, et au Congrès pananglican à Londres l’année suivante. Contrairement à Lewis, il ne se rendait pas régulièrement en Angleterre pour collecter des fonds. Il tenta en 1902 de réorganiser le chapitre de la cathédrale St George afin que chaque archidiacre et chaque chanoine résident à la cathédrale une semaine par année, mais cette pratique ne dura pas. Il ne pouvait enseigner dans un collège anglican de son diocèse, car le projet de fondation d’un séminaire à Belleville, lancé par Lewis, avait échoué. Toutefois, deux écoles anglicanes prospéraient : St Alban pour les garçons, établie en 1901 à Brockville, et St Agnes pour les filles, fondée en 1903 à Belleville. L’évêque approuvait l’enseignement religieux dans le réseau des écoles publiques, mais il estimait que cet enseignement devait être adapté à chaque confession : « [Notre] pays, disait-il, se compose de gens de races et de religions diverses. » Il appuyait la prétention spéciale du Trinity College de Toronto au titre d’université anglicane de la province.
Une autre question suscitait des débats dans les milieux religieux du Canada : le projet d’union envisagé par les méthodistes, les presbytériens et les congrégationalistes. Mills s’opposait à toute participation des anglicans : « Une union visible, telle que la majorité des gens l’imaginent, ne se produira jamais ici-bas », affirmait-il. La critique historique de la Bible ne le troublait pas. Favorable à la première révision canadienne du Book of Common Prayer, entreprise en 1913, il rassura le synode en disant qu’elle n’engendrerait pas de changements doctrinaux, seulement « des enrichissements et des adaptations ». Bien qu’il ait été vice-président de la Lord’s Day Alliance, ses adresses au synode contiennent peu de prises de position en faveur de l’observance stricte du jour du Seigneur. Il n’était pas abstème, mais s’opposait à la consommation du tabac. En outre, dans un éloquent passage de son adresse de 1905, il déclara ne pas approuver la peine capitale, même « au nom de la défense et de la protection de la société ». « Tant que la peine capitale demeure, dit-il, la loi devrait obliger ses propres représentants à exécuter la sentence ou à démissionner. »
William Lennox Mills était un homme imposant et de grande taille ; il a laissé le souvenir d’un prédicateur puissant. Les Mohawks lui donnaient le titre de Sho-rih-ho-wa-neh, c’est-à-dire « l’homme aux grands mots ; le porteur d’un message important ». Dès son arrivée à Kingston, Mills avait eu des crises de « rhumatisme inflammatoire » (probablement de l’arthrite rhumatismale). À compter de 1913, son état général se détériora. Il eut une crise d’apoplexie après le synode de janvier de cette année-là ; en avril, un synode spécial élut Edward John Bidwell, doyen de la cathédrale St George, au poste de coadjuteur Mills manqua le synode suivant, mais en 1915 il se rendit en Angleterre, où son fils servait dans l’armée. Le synode de juin 1916 fut le dernier auquel il assista. Au moins à compter de décembre, il dut garder le lit ; il s’éteignit en mai suivant. Sa veuve créa la Lennox Mills Bursary pour les étudiants de théologie ayant l’intention d’« entrer dans les ordres ». Cette dotation a existé jusque dans les années 1950.
ANQ-M, CE1-63, 12 oct. 1886.— Arch. privées, A. V. L. Mills (Stittsville, Ontario), Corr. de famille.— EAC, Diocese of Huron Arch. (London, Ontario), Clergy reg. ; Diocese of Ontario Arch. (Kingston), Episcopal records, W. L. Mills papers ; Executive committee, minutes, 1900–17 ; W. L. Mills bursary fund ledger ; Secretary of synod, A. S. Spencer, secretary-treasurer’s records and letter-books.— By grace co-workers : building the Anglican diocese of Toronto, 1780–1989, A. L. Hayes, édit. (Toronto, 1989).— Église d’Angleterre au Canada, Diocese of Ontario, Journal of the synod (Kingston), 1900–1917.— Spencer Ervin, The political and ecclesiastical history of the Anglican Church of Canada (Ambler, Pa, 1967).— O. R. Rowley et al., The Anglican episcopate of Canada and Newfoundland (2 vol., Milwaukee, Wis., et Toronto, 1928–1961).— D. M. Schurman, A bishop and his people : John Travers Lewis and the Anglican diocese of Ontario, 1862–1902 (Kingston, 1991).
Shirley C. Spragge, « MILLS, WILLIAM LENNOX », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mills_william_lennox_14F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
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