MÉTHOT, MICHEL-ÉDOUARD, prêtre catholique, professeur, administrateur scolaire et prélat domestique, né le 28 juillet 1826 à Sainte-Croix, Bas-Canada, fils de Joseph Méthot, cultivateur, et de Marie-Xavier Desrochers ; décédé le 6 février 1892 à l’Hôpital Général de Québec et inhumé trois jours plus tard dans la crypte de la chapelle du séminaire de Québec.
Michel-Édouard Méthot fréquenta l’école paroissiale avec succès, puis entra en 1839 au petit séminaire de Québec en sixième et fut promu en quatrième l’année suivante. En première, il eut la bonne fortune d’étudier avec Pierre-Henri Bouchy, jeune ecclésiastique français invité au séminaire par le préfet des études, John Holmes*, et dont il resta le disciple et l’ami. Méthot se lia également d’amitié avec un autre prêtre français, Charles-Étienne Brasseur* de Bourbourg, qui passa quelques mois au séminaire en 1845–1846. Durant les vacances d’été, Méthot vivait d’agréables semaines chez son oncle Elzéar Méthot à Sainte-Anne-de-la-Pérade (La Pérade), où il eut l’occasion de rencontrer des membres de la famille de Louis-François Laflèche.
Après avoir terminé de brillantés études classiques, Méthot entra au grand séminaire à l’automne de 1846. Selon la coutume, le petit séminaire lui confia la classe de quatrième pendant deux ans et celle de troisième pendant sa dernière année de théologie. Comme il devait en plus surveiller à la salle d’étude et de récréation ainsi qu’au dortoir, il avouait à son oncle Benjamin Desrochers, alors curé de Sainte-Anne-de-Beaupré, qu’il lui restait bien peu de temps pour ses études de théologie : il ne pouvait suivre qu’une heure de cours par jour. L’archevêque de Québec, Mgr Joseph Signay*, ne semblait pas apprécier Méthot plus qu’il ne faut et tarda à lui conférer la tonsure sous prétexte qu’il avait la vue faible. Si bien qu’à l’été de 1847 le secrétaire de Mgr Ignace Bourget* lui aurait fait savoir combien on serait heureux de l’accueillir dans le diocèse de Montréal. Mais Méthot alla faire soigner sa vue à Montréal et se fit en plus assurer une pension par un oncle, ce qui arrangea les choses auprès de Mgr Signay.
Ordonné prêtre le 30 septembre 1849, Méthot demeura professeur au séminaire de Québec où il fut agrégé le 16 novembre 1852. Il enseigna en rhétorique jusqu’en 1865 et fut un excellent professeur de lettres, sans doute l’un des meilleurs que compta le séminaire dans la seconde moitié du xixe siècle. En 1856, on lui confia le poste de préfet des études et il devint membre du conseil de l’établissement.
Plein de talent, Méthot était aussi un homme de jugement qui sut s’arrêter au moment opportun pour étudier et réfléchir. Ainsi, en 1860, il demanda une année de congé pour voyager en Europe. Il se promena en France et en Italie où il visita les musées, églises et autres monuments ; dans des collèges et des lycées, il s’informa des pratiques pédagogiques. Son tour de France le conduisit bien entendu chez son ami Bouchy.
De retour à Québec, Méthot reprit sa double tâche de préfet et de professeur de rhétorique. En 1865, il demanda de nouveau une année de congé pour aller parfaire à ses frais des études de théologie à Louvain, en Belgique. Il voulait aussi observer le fonctionnement d’une université catholique, car il savait qu’on l’appelerait l’année suivante à la direction de l’université Laval. À Louvain, selon son journal de voyage, il se montra attentif aux professeurs, aux cours qu’il reçut, à l’ensemble de la vie universitaire et aux aspects politiques qu’elle présentait en Belgique. À la fin de son séjour, il éprouva le désir de se joindre à un ordre religieux et se demanda si cela ne vaudrait pas mieux que d’être supérieur du séminaire. Mais il rentra à Québec en juin 1866 et, quelques jours plus tard, on le nomma supérieur du séminaire de Québec et recteur de l’université Laval.
Après Louis-Jacques Casault*, le scientifique, et Elzéar-Alexandre Taschereau, le théologien, le troisième recteur de Laval était un humaniste. Pendant ses deux mandats de trois ans (1866–1869, 1880–1883) et l’année d’intérim qu’il accepta malgré lui en 1886–1887, tout comme durant ses deux années de vice-rectorat à Montréal (1878–1880), Méthot remplit ses fonctions avec autant d’efficacité que de modestie, sans faire de coup d’éclat, mais en travaillant avec un dévouement inlassable, en préparant des rapports précis et en sachant loyalement défendre ses collègues, fussent-ils francs-maçons [V. Jean-Étienne Landry*]. De plus, à partir de 1872, il enseigna la théologie et l’Écriture sainte au grand séminaire, dont il assuma aussi la direction de 1870 à 1873.
En 1886, le pape Léon XIII nomma Méthot prélat domestique, titre purement honorifique mais auquel il fut très sensible. L’année suivante, la maladie l’obligea à démissionner comme membre du conseil et supérieur du séminaire. Il consacra dès lors beaucoup de temps à la prédication et à la confession dans les couvents et les collèges, il présida à des prises d’habit et visita ses amis curés à Sainte-Croix ou à Montmagny. Il donna son dernier cours au grand séminaire le 13 juin 1890.
Le portrait que le séminaire de Québec conserve de Michel-Édouard Méthot correspond à la description qu’en a faite l’historien Joseph-Edmond Roy*. Il avait une tête originale que les élèves ne manquaient pas de caricaturer à la classe de dessin, mais dont les yeux noirs faisaient oublier la laideur du visage et permettaient de soupçonner la haute et belle intelligence. Ses confrères et ses élèves aimaient sa conversation toujours agréable et pleine d’esprit. Ce n’était pas un grand orateur, mais ses conférences étaient, selon Roy, « soignées, stylées [...] recherchées ». D’une grande modestie et de caractère timide, il avait bon cœur et main généreuse.
AAQ, 12 A, 0 : fo51 ; 516 CD, I, 19 oct. 1860.— AC, Québec, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 9 févr. 1892.— ANQ-Q, CE1-40, 29 juill. 1826.— ASQ, Fichier des anciens ; Journal du séminaire, I : 284, 286, 318 ; mss, 16 ; 26 ; 299 ; 433 ; 436 ; 611–615 ; 626–627 ; 631 ; 676 ; mss-m, 28 ; 146 ; 487 ; 648 ; Polygraphie, XXVI : 46, 123–124 ; Séminaire, 16 ; 21 ; 39, no 80 ; 54, nos 25, 31a, 36, 45–45a, 52–53 ; 71, nos 125–126 ; 73, nos 21, 21b ; SME, 16 nov. 1852, 8 juill., 27 sept. 1854 ; Univ., cartons 39, no 105 ; 82, no 8 ; 105, nos 8, 12, 23, 60, 73 ; 107, no 95 ; 108, no 30 ; 180, no 52 ; 214, nos 59, 63, 78–79.— Le Séminaire de Québec : documents et biographies, Honorius Provost, édit. (Québec, 1964).— Jean Hamelin et al., Brochures québécoises, 1764–1972 (Québec, 1981).— Yvan Lamonde, Je me souviens ; la littérature personnelle au Québec (1860–1980) (Québec, 1983).— Lavallée, Québec contre Montréal, 53, 94–95, 110–111.— Camille Roy, l’Université Laval et les Fêtes du cinquantenaire (Québec, 1903).— J.-E. Roy, Souvenirs d’une classe au séminaire de Québec, 1867–1877 (Lévis, Québec, 1905).— David Gosselin, « Papiers de famille », BRH, 28 (1922) : 108–110.— T.-E. Hamel, « Mgr M.-É. Méthot », Univ. Laval, Annuaire, 1892–1893 : 41–43.— « Les Méthot », BRH, 39 (1933) : 80–81.
Claude Galarneau, « MÉTHOT, MICHEL-ÉDOUARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/methot_michel_edouard_12F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |