McLEOD, ALEXANDER, shérif adjoint et marchand, né le 17 janvier 1796 à Carnoustie, dans le Forfarshire (Angus), en Écosse ; il épousa Ellen Morrison dont il eut plusieurs enfants ; décédé le 27 septembre 1871.

Tout jeune, Alexander McLeod fit une courte carrière dans l’armée britannique pendant les guerres napoléoniennes, et il fut libéré du 127e régiment de lanciers avec le grade de sergent. McLeod émigra dans le Haut-Canada au début des années 1820. À deux reprises, il se lança dans le commerce de l’épicerie, d’abord à Kingston puis à York (Toronto), mais sans grand succès. On ne sait pas grand chose des relations de McLeod avec le « Family Compact » ni du réseau des groupements officiels locaux qui appuyaient ce groupe. Il obtint la charge de shérif adjoint pour le district de Niagara et participa à la défense de Toronto lors de l’échauffourée qui eut lieu à la taverne de John Montgomery au début de décembre 1837.

C’est surtout dans la période qui suivit la rébellion que McLeod se distingua. Ses fonctions l’amenaient souvent à se rendre près de Buffalo, dans l’état de New York. Le 24 décembre 1837, il y apprit que le vapeur américain le Caroline était sur le point de ravitailler le rebelle William Lyon Mackenzie* et ses partisans qui avaient trouvé refuge dans l’île Navy, sur la rivière Niagara, à la tête des chutes. McLeod communiqua ce renseignement aux autorités du Haut-Canada et, un peu plus tard, il fit partie de la petite expédition conduite par le commodore Andrew Drew qui vérifia l’exactitude de l’information. Dans la nuit du 29 décembre, Drew organisa un raid et traversa le fleuve pour aller en territoire américain où le Caroline se trouvait amarré au quai Schlosser. Le bateau fut capturé après un bref engagement, au cours duquel un Américain du nom d’Amos Durfee perdit la vie. Le Caroline, sans équipage, fut remorqué au milieu de la rivière et on y mit le feu ; il fut emporté par le courant sur une courte distance puis sombra. En dépit des récits hauts en couleur, auxquels certains ajoutent encore foi et crue l’on peut trouver en particulier dans les manuels scolaires américains, le Caroline en flammes ne dégringola pas les chutes Niagara. Aucune preuve n’existe qu’Alexander McLeod ait participé à ce raid.

Il n’est pas surprenant que l’opinion américaine, surtout dans le nord-est, s’émût de cette atteinte à la souveraineté du pays. La Grande-Bretagne et les États-Unis se trouvaient en désaccord au sujet de la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Maine, aussi la tension qui existait déjà ne fit-elle qu’augmenter. Des discussions prolongées entre les deux pays n’eurent aucun résultat ; c’est alors que nous retrouvons McLeod. En novembre 1840, il fut arrêté à Lewiston, dans l’état de New York. On prétendit (et c’était faux) qu’il s’était vanté publiquement d’avoir participé à l’expédition contre le Caroline. McLeod fut traduit devant un jury d’accusation de l’état de New York pour crime d’incendie et de meurtre et fut tenu à la disposition de la justice jusqu’au procès.

Lord Palmerston, alors ministre des Affaires étrangères en Angleterre, exigea la mise en liberté de McLeod, en insistant sur le fait que l’attaque contre le Caroline avait été dûment autorisée par les autorités canadiennes et que, par là même, le malheureux McLeod ne pouvait en être tenu personnellement responsable. Dans le cas où ce dernier serait reconnu coupable et pendu, sa mort, fulmina Palmerston, serait vengée.

Daniel Webster, nouveau secrétaire d’État américain, était prêt à accepter les explications britanniques, mais il lui était impossible d’intervenir directement. L’état de New York refusa de céder ses droits juridictionnels, mais accepta toutefois de renvoyer l’affaire devant le tribunal d’Utica qui se trouvait à une certaine distance du district surexcité de Niagara. Cependant l’opinion anglaise considéra cette décision comme un exemple de l’illogisme du système fédéraliste et les journaux des deux pays se livrèrent à des commentaires grandiloquents et enflammés.

L’administration de William Henry Harrison ne souhaitait pas la guerre. Lorsque Palmerston quitta son poste, les chances d’un compromis à l’amiable parurent augmenter. De toute façon, le gouverneur de New York, William H. Seward, fit savoir à Webster que si McLeod était trouvé coupable, il serait gracié. Le procès eut lieu en octobre 1841, et fut suivi de près par les journaux. McLeod put produire un alibi satisfaisant et il fut acquitté.

L’année suivante, le Congrès américain remédia à l’insuffisance constitutionnelle et promulgua une loi stipulant que le gouvernement fédéral aurait droit de juridiction dans les affaires où seraient impliqués des étrangers. Le cas de McLeod ainsi réglé, Webster et lord Ashburton résolurent le problème posé par l’affaire du Caroline en utilisant un stratagème diplomatique. En fait, Ashburton ne présenta pas des excuses en bonne et due forme pour la violation territoriale mais exprima le regret que des excuses n’aient pas été faites.

Quant à McLeod il rentra dans l’obscurité relative d’où il était sorti de façon si bizarre. De nouveau il fut marchand, cette fois à Drummondville, Haut-Canada, qui fait maintenant partie de Niagara Falls. Il fit de nombreuses requêtes, se rendit même en Angleterre dans les années 1850 pour faire valoir ses droits ; en 1855, on lui accorda une pension de £200 pour panser sa blessure d’amour-propre. Quelque temps plus tard, en 1866, il reçut en dédommagement le poste de juge de paix du comté de Welland.

J. E. Rea

APC, FO 5, A1, 1837–1840 ; FO 5, B43 ; FO 7, G1, 108–111 ; FO 7, G1, 226–227 ; FO 7, G1, 241 ; FO 7, G1, 244–249 ; FO 7, G1, 253–254 ; FO 7, G1, 454–456 ; FO 8, I, A1, 35, 610.— PAO, McLeod-Morrison papers.— PRO, FO 414.— Arthur papers (Sanderson).— Head, Narrative.Trial of Alexander M’Leod, for the murder of Amos Durfee ; and as an accomplice in the burning of the steamer Caroline, in the Niagara River, during the Canadian rebellion in 1837–8 (New York, 1841).— Craig, Upper Canada.— A. B. Corey, Public opinion and the McLeod case, CHA Report, 1936, 53–64.— Alastair Watt, The case of Alexander McLeod, CHR, XII (1931) : 145–167.

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J. E. Rea, « McLEOD, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcleod_alexander_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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