McLENNAN, WILLIAM, notaire, traducteur et écrivain, né le 8 mai 1856 à Montréal, quatrième enfant de Hugh McLennan* et d’Isabelle Stewart ; le 7 juin 1883, il épousa Marion Paterson, de Québec, et ils eurent deux filles et un fils ; décédé le 28 juillet 1904 à Fiesole, Italie.

Fils d’un riche marchand montréalais de céréales, William McLennan opta pour le droit. Il devint notaire le 7 octobre 1881, après avoir fréquenté la High School of Montreal et avoir obtenu, en 1880, une licence en droit civil du McGill College. En 1882, il s’associa à Albert Clarence Lyman, mais l’année suivante, William de Montmollin Marler et Ernest Henry Stuart l’invitèrent à se joindre à un cabinet qui porterait le nom de Stuart, Marler, and McLennan. Par la suite, il appartint à quatre autres études de notaires, avec Marler, Henry Fry, John Fair et John Alexander Cameron, jusqu’à ce qu’en 1900, une maladie apparemment liée à l’asthme dont il souffrait depuis l’enfance le force à prendre une retraite prématurée. Il s’installa alors en Europe avec sa famille. Jusqu’à sa mort, il passa ses hivers dans le midi de la France et en Italie, et il visita beaucoup l’Espagne, la France et l’Allemagne. Il fut inhumé au cimetière anglais de Florence.

Notaire respecté, McLennan prit une part active, dans les années 1880 et 1890, à la vie sociale et culturelle de Montréal. Membre du conseil de direction du Fraser Institute [V. sir John Joseph Caldwell Abbott*], il fut aussi l’un des administrateurs de la Tiffin Library et membre actif de l’Association des beaux-arts de Montréal, du Shakespeare Club et du Pen and Pencil Club. Qualifiant sa carrière notariale de « tout à fait sans histoire », il disait modestement que ses « tentatives littéraires » n’étaient que sa « principale distraction ». Néanmoins, toute sa vie, il s’intéressa à la traduction et écrivit des poèmes, des ouvrages de fiction et des essais.

La première publication importante de McLennan parut à Montréal en 1886. Il s’agissait de Songs of old Canada, recueil de 14 chansons folkloriques du Canada français avec, en regard, la version anglaise qu’il en avait faite. La préface du recueil révèle que c’est la crainte de voir bon nombre de ces chansons tomber dans l’oubli qui l’avait incité à les publier. Ses commentaires ainsi que le soin avec lequel il a indiqué ses sources reflètent son penchant d’érudit pour les choses du passé. Songs of old Canada, qui était le deuxième livre à présenter des chansons folkloriques canadiennes-françaises à un auditoire anglophone (le premier étant National ballads of Canada de George Thomas Lanigan, paru à Montréal en 1865), soutient la comparaison avec n’importe lequel des recueils du même genre publiés au xxe siècle et ce, tant à cause du talent poétique dont il témoigne que du choix judicieux des morceaux « qui, a-t-il semblé au traducteur, offraient la meilleure possibilité d’un traitement réussi dans une autre langue ». C’est avec raison qu’un critique contemporain déclara, dans le Montreal Daily Star, que McLennan avait « la précision d’un érudit et la belle sensibilité d’un poète ».

Bon nombre des traductions de Songs of old Canada avaient d’abord paru dans la Gazette de Montréal en 1885, et au cours des 20 années suivantes, ce fut dans des journaux et des magazines canadiens et américains que le public put lire pour la première fois des douzaines de poèmes, histoires, tableaux et versions abrégées des deux romans de McLennan. Au Canada, le Dominion Illustrated Monthly et l’Arcadia de Montréal en publièrent, ainsi que le Week, le Canadian Magazine et le Globe de Toronto. Du côté américain, le Harper’s New Monthly Magazine et le Harper’s Weekly de New York permirent à ces écrits de toucher un public plus vaste. La publication, à compter de 1891, dans le Harper’s New Monthly Magazine, d’une série de sept histoires dont le narrateur était « mon compère Melchior », posa McLennan en maître de la transposition en anglais du parler canadien-français. Selon l’écrivain américain William Dean Howells, « rien ne [pouvait] être plus délicat que la perfection avec laquelle ses particularités [étaient] saisies et mises au jour ». On ne s’étonnera donc guère que, lorsque McLennan rassembla 19 de ses histoires sous le titre de In old France and new, en 1899, il ait dédié le volume à Howells en le remerciant de l’avoir encouragé.

McLennan fut élu membre de la Société royale du Canada en 1899, en même temps que William Henry Drummond et Duncan Campbell Scott*. Avec Drummond, il contribua à la vogue de la littérature en parler régional, et tout comme Scott, il arrangeait ses histoires et ses tableaux de la vie canadienne-française en des séquences qui répondaient au goût de l’époque pour les ouvrages de fiction à « couleur locale ». Ainsi, le recueil In old France and new s’ouvre sur six histoires qui se passent dans la France post-révolutionnaire et se termine par les sept que raconte Melchior. La portion centrale, « Canadian stories old and new », comprend six contes, dont celui que l’on connaît peut-être le plus, « The indiscretion of Grosse Boule ».

L’intérêt que McLennan manifestait pour l’histoire s’exprime aussi bien dans ses essais que dans ses romans. Pour l’inauguration du nouvel immeuble du Bureau de commerce de Montréal, en 1893, il rédigea, après de méticuleuses recherches, un essai de 50 pages intitulé « Montreal and some of the makers thereof ». Ses textes sur l’explorateur Daniel Greysolon* Dulhut, le notaire montréalais Bénigne Basset* Des Lauriers et l’histoire de la gravure témoignent de la curiosité d’un intellectuel et de la minutie d’un notaire. Les romans Spanish John et The span o’ life, parus respectivement en 1898 et 1899, tentent de soumettre l’histoire aux conventions de la fiction romanesque. Spanish John reprend les mémoires du colonel John McDonell of Scothouse, que le Canadian Magazine and Literary Repository de Montréal avait publiés en 1825. McDonell, le père de Miles* et de John*, y racontait sa déception de voir les efforts qu’il avait déployés au service de la cause des jacobites, après la bataille de Culloden, être réduits à néant. Les critiques louèrent les connaissances historiques de McLennan mais notèrent l’absence d’intrigue amoureuse, défaut qu’il corrigea dans The span o’ life, écrit en collaboration avec Jean Newton McIlwraith*. Si l’expulsion des Stuart constituait un sujet courant dans les romans historiques de la fin du xixe siècle, il en était de même pour la chute de la Nouvelle-France en raison de l’influence de l’historien Francis Parkman*. Basé sur les mémoires de l’officier James Johnstone*, The span o’ life offre une intrigue complexe et amène le lecteur en Écosse, à Londres, en France, à Louisbourg et à Québec.

La publication en feuilleton d’une version abrégée de Spanish John dans le Harper’s New Monthly Magazine déclencha une courte bataille littéraire. Thomas Guthrie Marquis* accusa William McLennan de plagiat, ce à quoi celui-ci répondit en expliquant en détail les circonstances dans lesquelles il avait écrit son roman. Le fait que des contemporains tels Edward William Thomson* et Drummond se soient empressés de le défendre montre qu’ils avaient foi en son intégrité de chercheur et qu’ils appréciaient ce que John Stewart*, le frère de McLennan, évoquait comme « sa civilité, son hospitalité et son désir constant de faire toute sa part en vue de l’affermissement des activités qui compens[aient] la raillerie de Samuel Butler – « Dieu du ciel, Montréal ! ». Ce fut donc sans réserve que, en 1913, dans un survol de la littérature canadienne, Marquis parla de McLennan comme de « l’auteur de trois ouvrages de fiction remarquables, d’un excellent volume de traductions [...] ainsi que d’histoires et d’essais originaux de haute tenue ».

Leslie Monkman

William McLennan est l’auteur de : An outline of the history of engraving ([Montréal, 1881]) ; « Anciens montréalais, I : Bénigne Basset, notaire royal, 1639–1699 », le Canada français (Québec), 1re sér., 3 (1890) : 469–477 ; « A gentleman of the Royal Guard, Daniel de Gresollon, Sieur Du L’Hut », Harper’s New Monthly Magazine (New York), 87 (1893) : 609–626 ; « Montreal and some of the makers thereof », Bureau de commerce de Montréal, A souvenir of the opening of the new building, one thousand eight hundred and ninety three (Montréal, 1893), 7–57 ; Spanish John, being a memoir, now first published in complete form, of the early life and adventures of Colonel John McDonell, known as « Spanish John », when a lieutenant in the company of St James of the Regiment Irlandia, in the service of the king of Spain operating in Italy (New York, 1898) ; In old France and new (Toronto, 1900) ; « Canada », The literature of American history : a bibliographical guide [...], J. N. Larned, édit. (Boston, 1902), 395–440 ; « The death of Dulhut », SRC Mémoires, 2e sér., 9 (1903), sect. ii : 39–47 ; et en collaboration avec J. N. McIlwraith, The span o’ life, a tale of Louisbourg and Quebec (New York, 1899). Il est aussi le traducteur de : Songs of old Canada (Montréal, 1886).

McGill Univ. Libraries (Montréal), Dept. of Rare Books and Special Coll., ms coll., MS 238, MS 240.— Gazette (Montréal), 30 juin 1904.— Bookman (New York), 7 (1898) : 138–139.— A. D. Brodie, « Canadian short-story writers », Canadian Magazine, 4 (nov. 1894–avril 1895) : 334344.— « Canadian celebrities, no V – Mr. William McLennan », Canadian Magazine, 13 (mai–oct. 1899) : 251253.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1989).— W. D. Howells, W. D. Howells as critic, E. H. Cady, édit. (Londres et Boston, 1973).— Lit. hist. of Canada (Klinck et al. ; 1976–1990).— J. S. McLennan, Hugh McLennan, 1825–1889 (Montréal, 1936).— T. G. Marquis, « English-Canadian literature », Canada and its prov. (Shortt et Doughty), 12 : 493–589 ; « Spanish John vs. Mr. William McLennan », Bookman, 7 : 40–43.— J.-E. Roy, « M. William McLennan », la Rev. du notariat (Lévis, Québec), 7 (1904–1905) : 25–32.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).

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Leslie Monkman, « McLENNAN, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclennan_william_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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